Adapté par Claudie D. Bolduc de McGill/Écrit par Héloïse Rodriguez-Qizilbash
C’est pour entendre parler de médecine en zone de guerre, comme l’Afghanistan, en zones géographiques extrêmes comme le cercle arctique ou les hautes altitudes des montagnes du Népal, ou dans une région ravagée par une catastrophe naturelle, comme en Haïti en 2010, que 150 étudiants des quatre facultés de médecine se sont réunis lors du 7e Colloque médical étudiant du Québec (CMEQ), un symposium de deux jours tenu à l’hôtel Delta à Sherbrooke les 8 et 9 mai derniers.
L’événement a nécessité plus d’un an et demi de préparation de la part du regroupement étudiant de l’Association médicale du Québec (AMQ). « On voulait un sujet unique et original, qui attirerait le plus d’étudiants possible et dont on ne parle pas assez souvent », explique le président sortant du regroupement, Colin Laverty.
Le vendredi soir, les étudiants étaient conviés à un cocktail pour une soirée de réseautage, et le samedi ils ont pris part à des ateliers, des panels, une séance d’action politique et plusieurs présentations spéciales.
Avant d’amorcer la journée de samedi, la nouvelle présidente du ReAMQ et étudiante en médecine à l’Université McGill Claudie D. Bolduc a demandé aux étudiants d’observer une minute de silence à la suite de la tragédie ayant touché plus tôt dans la semaine un collègue de l’Université Laval. « Regardez autour de vous. Les 150 étudiants réunis ici vous ressemblent probablement plus que pas et ils comprennent mieux que quiconque de votre famille votre parcours actuel », a indiqué Claudie Bolduc, rappelant à tous qu’ils font partie de la même communauté étudiante en médecine.
C’est l’ex-ministre de la Santé Réjean Hébert qui a donné le ton de la journée du samedi, en expliquant aux étudiants comment prendre leur place dans la société en tant que leader positif. « Un bon médecin, ce n’est pas le stéréotype du médecin qui est omniscient et qui prend des décisions sans consulter son patient. C’est quelqu’un qui fait du patient un partenaire. »
Cette position a été défendue toute la journée par les conférenciers qui se sont succédé et qui proposaient leur définition de leadership. Selon le Dr Éric Contant, « être un bon leader, c’est être anticonformiste et faire preuve de créativité dans ce qu’on veut faire ». Le médecin Vincent Demers a quant à lui invité les étudiants à réfléchir à la dimension sociale de leur rôle de médecin, affirmant qu’un « leader aide les autres membres de l’équipe à travailler leur propre leadership ».
Les conférenciers, tous des experts dans leur domaine, sont des professionnels pour qui la médecine n’est pas seulement un travail de jour, mais une véritable vocation. De la passion, il en faut pour exercer la médecine en Afghanistan dans un bunker constamment menacé par des tirs de roquette, pour traiter 16 patients en même temps avec de l’équipement rudimentaire alors qu’une bombe explose, ou pour évacuer des patients par hélicoptère à des centaines de kilomètres de la civilisation.
C’est cette passion qu’ils espéraient transmettre aux étudiants en médecine au fil des ateliers en échographie au chevet (dirigé par Dr Peter Steinmetz de l’Université McGill), en médecine tactique, en médecine d’expédition et en gestion de trauma aigu, pour n’en nommer que quelques-uns. Marta Cybulsky, étudiante mcgilloise, est ravie de l’expérience. « Les ateliers étaient remarquables et les animateurs, très dynamiques, se sont assurés de mobiliser les étudiants. »
Le CMEQ avait aussi un aspect politique. Les étudiants ont pu participer à une séance d’action politique, une séance fictive des motions stratégiques du conseil général de l’Association médicale canadienne. Les étudiants ont ainsi pu se prononcer sur l’élargissement du pouvoir diagnostic au Québec ainsi que sur la vaccination obligatoire pour les enfants en bas âge, deux sujets d’actualité qui soulèvent de grandes polémiques. Nedjla Bouhelis, étudiante à l’Université Laval, a beaucoup apprécié cette activité. « Ça nous permet de nous associer à la prise de décision, ce qu’on ne peut pas faire d’habitude. »
Une relève impliquée
Mais la Dre Yun Jen, présidente de l’AMQ, a confiance. « La nouvelle génération est enthousiaste et ingénieuse, et c’est excellent. Ces qualités lui permettront d’apporter des changements. » Les étudiants en médecine du Québec feront face à de nombreux défis, notamment le vieillissement de la population et l’intégration toujours croissante des nouvelles technologies dans la pratique médicale.
Si le taux élevé de participation au CMEQ sert d’indicateur de l’investissement personnel des futurs médecins, non seulement dans leurs études, mais aussi dans une formation plus globale, on peut penser que la médecine est entre de bonnes mains.