Le tout premier essai clinique au Neuro sur la maladie de Charcot-Marie-Tooth teste une combinaison de médicaments existants dans l’espoir d’en ralentir la progression
L’Unité de recherche clinique du Neuro (Institut-Hôpital neurologique de Montréal) vise à rendre traitables toutes les maladies rares, en élargissant la gamme de traitements expérimentaux offerts aux individus qui n’ont souvent pas d’autres options pour gérer leur maladie. L’ajout de nouvelles maladies à la liste d’essais courants est important pour atteindre cet objectif. C’est pourquoi l’URC est heureuse d’annoncer que le tout premier essai clinique au Neuro pour la maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT) est en cours. Et surprenamment, l’essai étudiera comment une combinaison de trois médicaments couramment utilisés pourrait potentiellement ralentir la progression de cette maladie rare.
Bien qu’elle soit plus répandue au Canada que la fibrose kystique ou la myasthénie grave, la CMT demeure moins connue. Selon la Fondation de neuropathie héréditaire du Canada, la CMT touche une personne sur 2 500.
Il s’agit d’une neuropathie périphérique héréditaire, ce qui signifie qu’elle affecte les nerfs qui partent du cerveau et de la moelle épinière et s’étendent jusqu’aux pieds et aux mains. Ces nerfs ont du mal à envoyer des signaux vers et depuis le cerveau, ce qui entraîne un engourdissement, une faiblesse et une perte de motricité fine à mesure que les muscles se détériorent. Les personnes peuvent avoir besoin d’orthèses et d’appareils orthopédiques, de physiothérapie et d’ergothérapie ainsi que d’une intervention chirurgicale pour maintenir leur qualité de vie. Il n’existe actuellement aucun traitement ni remède contre la CMT.
Un double problème
« Il existe plusieurs types de Charcot-Marie-Tooth (CMT). C’est un terme générique qui signifie que vous avez une neuropathie héréditaire qui affecte à la fois les fibres nerveuses motrices et sensorielles », explique le Dr Rami Massie, neurologue et l’un des chercheurs principaux des essais neuromusculaires à l’URC.
La CMT est caractérisée en fonction de son effet sur les axones, les longs brins qui relient les cellules nerveuses. Dans le type le plus courant, CMT1, la maladie affecte la gaine de myéline protectrice qui entoure l’axone. Dans un deuxième type, CMT2, l’axone lui-même est affecté. Plus de 100 gènes ont été liés à la CMT, ce qui rend d’autant plus difficile la recherche d’un traitement efficace pour tous les patients atteints de CMT.
« Bien qu’il n’y ait qu’un seul type de mutation impliqué dans CMT1A, ce qui est surprenant, c’est qu’il existe différents phénotypes – c’est-à-dire que la maladie peut se présenter très avec différent niveaux de sévérité et progressant à des rythmes différents. Certaines personnes ne remarqueront pas de symptômes avant d’avoir atteint la quarantaine, tandis que d’autres présentent des symptômes qui commencent dans l’enfance. il peut y avoir un énorme écart », explique le Dr Massie.
L’essai PREMIER qui se déroule à l’URC est à la recherche des personnes vivant avec une CMT1A légère à modérée, qui ont une mutation du gène PMP22. Ce gène fournit les instructions pour fabriquer une protéine appelée protéine de myéline périphérique 22 (PMP22).
« Le problème avec cette neuropathie héréditaire particulière est qu’il y a une duplication de l’ADN. Ces individus ont trop d’ADN, ce qui conduit à trop de formation d’ARN. Et nous pensons que cet ARN est essentiellement toxique. Ainsi, le but des médicaments testés est de réduire la quantité de cet ARN toxique », explique le Dr Massie.
Le commanditaire de l’étude, Pharnext, a utilisé de la « Pleotherapy, » sa plateforme technologique exclusive, pour aider à identifier systématiquement de nouvelles combinaisons de médicaments qui pourraient être réutilisées pour traiter d’autres maladies. L’idée est que ces combinaisons pourraient mieux cibler simultanément plusieurs voies pathologiques tout en étant formulées avec des doses plus optimales de leurs composants.
Tester des traitements existants
« Le traitement expérimental testé, appelé PXT3003, est une combinaison de trois médicaments couramment utilisés. Le baclofène qui est utilisé pour traiter certains types de spasticité, y compris dans la sclérose en plaques ; la naltrexone, qui est un antagoniste des opioïdes, administrée après un surdose ; et le D-sorbitol, une forme de sucre qui, dans le cas du diabète, est associé à la neuropathie, ce qui est assez intéressant », explique le Dr Massie.
L’essai évaluera l’efficacité de ce traitement combiné à l’aide de différentes échelles, dont l’ONLS (Overall Neuropathy Limitation Scale), une mesure autodéclarée des activités quotidiennes liées aux membres supérieurs et inférieurs ou le CMTNS-V2, une échelle qui combine plusieurs marqueurs, y compris les symptômes sur les mesures des résultats rapportés par les patients, en plus des résultats d’examens physiques, d’électromyographie et des études de conduction nerveuse.
« Il s’agit du premier essai clinique sur la neuropathie héréditaire à l’URC. Le traitement expérimental a eu des résultats très encourageants dans des études de phase II antérieures et a montré une amélioration chez certains patients et un ralentissement de la progression chez d’autres. Il y a un énorme besoin de traitements dans ce domaine, alors c’est excitant », conclut le Dr Massie.
Pour les personnes atteintes de CMT1A légère à modérée qui souhaitent plus d’informations pour participer à l’essai PREMIER, contactez info-cru.neuro@mcgill.ca ou visitez cru.mcgill.ca. L’inscription à l’essai se termine le 29 avril 2022.