Par Gillian Woodford
Cette année marque les 10 ans du Complexe des sciences de la vie (CSV), un pôle de recherche biomédicale interdisciplinaire qui regroupe quatre pavillons abritant des installations et des appareils d’imagerie de pointe. Pour souligner ce jalon important, un symposium spécial a eu lieu le 5 décembre 2018, en plus de communications et d’une exposition d’affiches scientifiques. L’article ci-dessous s’inscrit dans une série de portraits des grands thèmes de recherche du CSV.
Comme le relate le professeur de physiologie Alvin Shrier, responsable du thème Systèmes d’information cellulaire au Complexe des sciences de la vie (CSV),
l’ouverture du CSV en 2008 a beaucoup facilité le recrutement des meilleurs biologistes moléculaires et cellulaires du monde entier.
L’équipement de pointe accessible et le milieu très collaboratif du Complexe – laboratoires à aire ouverte, espaces de travail communs – sont deux des clés de
son attrait auprès des jeunes chercheurs prometteurs. Ce succès en matière de recrutement est le fruit d’une collaboration étroite entre le directeur du Département de pharmacologie et de thérapeutique, le professeur Gerhard Multhaup, et l’ancien directeur du Département de physiologie, le professeur John Orlowski, tous deux membres du thème de recherche Systèmes d’information cellulaire. Parmi les nouvelles
recrues figurent Lisa Münter, la professeure adjointe de pharmacologie et de thérapeutique , les professeurs adjoints de physiologie Reza Sharif-Naeini et Arjun Krishnaswamy, et le professeur agrégé de physiologie Gil Bub. « Ces embauches n’auraient pas été possibles sans le Complexe », indique le Pr Shrier. « Le modèle a rassemblé les gens. »
« La science est une discipline collaborative », ajoute le Pr Orlowski. « Peu importe où se trouve notre labo, nous
collaborons avec des gens de partout dans le monde. Mais rien ne facilite plus les interactions que de travailler à
proximité de ses collaborateurs. »
Au CSV depuis les débuts de l’aventure, les Prs Shrier et Orlowski reconnaissent l’impact énorme qu’ont eu les nouvelles installations sur leurs propres recherches. Les travaux du Pr Shrier sur la mort subite cardiaque ont été transformés par un partenariat avec le professeur de physiologie Gergely Lukacs, chercheur spécialiste de la fibrose kystique. « Nous avons pu appliquer des méthodes qu’il avait utilisées dans ses recherches sur la fibrose kystique et offrir une expertise que je n’aurais pas eue
autrement », explique-t-il. Le Pr Lukacs est également membre du Centre de recherche translationnelle sur la fibrose
kystique (CFTRc), dirigé par le professeur John Hanrahan, un autre membre du thème Systèmes d’information cellulaire. Le CSV a joué un rôle important dans la création du CFTRc. « On peut aussi penser aux études neuronales du Pr Orlowski avec la professeure de pharmacologie et de thérapeutique Anne McKinney, une collaboration qui a vu le jour parce que nous sommes
voisins. » Le Pr Orlowski abonde dans le même sens : « Déménager dans ce bâtiment a ouvert un tout nouveau champ de recherche pour
mon laboratoire, et a élargi l’étendue de mes collaborations. »
Le groupe Systèmes d’information cellulaire a réalisé depuis 10 ans plusieurs percées majeures en recherche dans le domaine de la biologie cellulaire. L’équipe du laboratoire du Pr Orlowski a découvert une nouvelle forme de déficience intellectuelle non syndromique caractérisée par une dysfonction
cognitive allant de modérée à grave. Des recherches réalisées au laboratoire du professeur de pharmacologie et de thérapeutique Derek Bowie ont approfondi notre compréhension du comportement humain et des maladies cérébrales en mettant en lumière le rôle déterminant d’une famille de protéines auxiliaires (helper) qui modifient les récepteurs AMPA, des récepteurs de neurotransmetteurs. De récents travaux menés au laboratoire du Pr Lukacs indiquent qu’une combinaison de molécules peut améliorer la fonction épithéliale dans la fibrose kystique, ce qui pourrait conduire à de nouvelles solutions thérapeutiques pour 50 % des personnes atteintes de la maladie.
Rien de tout cela n’aurait été possible sans le partage de ressources matérielles comme les appareils ultramodernes d’imagerie et de microscopie de la
Plateforme de bioimagerie avancée (ABIF) du CSV. Les activités de gestion, d’entretien et de formation liées à ces instruments, supervisées par la professeure agrégée de physiologie et directrice de l’ABIF, Claire Brown, placent réellement le CSV dans une classe à part, souligne le Pr Shrier. « Je ne pourrai jamais trop insister sur l’importance du professionnalisme : la Pre Brown et son équipe assurent un leadership dans ce domaine, non seulement pour nous mais pour tout le Complexe des sciences de la vie. Personne ici n’est autorisé à utiliser les instruments sans formation préalable. Sans cette expertise, c’est comme avoir une Ferrari, sans que personne sache la conduire. » Avec l’organisation de plus de 80 ateliers et cours, dont le Montreal Light Microscopy Course, l’ABIF a formé des milliers de chercheurs depuis l’ouverture du CSV. Le laboratoire Brown a mis au point de nouvelles techniques d’imagerie de cellules vivantes et les a appliquées pour comprendre pourquoi les cellules cancéreuses réagissent aux facteurs de croissance et bougent beaucoup plus vite que les cellules normales.
Le CSV est également pionnier en matière de développement d’instruments de laboratoire personnalisés. Par exemple, dans son laboratoire de neurosciences, le Pr Krishnaswamy programme ses propres environnements virtuels et systèmes de microscopie, puis les produit en impression 3D. « Et ces outils sont partagés avec tout le monde. En fait, le Pr Krishnaswamy compte donner des ateliers intensifs la fin de semaine pour montrer aux gens comment les utiliser », mentionne le Pr Shrier.
C’est donnant-donnant, note Pierre Rochon, doctorant au sein du laboratoire du Pr Krishnaswamy, qui utilise ces outils pour étudier le système visuel de la souris dans le but de comprendre le tracé des circuits à la base du cerveau en développement. À son arrivée dans l’équipe du Pr Krishnaswamy, il y a environ un an, l’infrastructure était encore en installation. « En attendant que notre salle de chirurgie soit prête, nous avons travaillé avec le professeur Reza Sharif-Naeini, dont la salle était déjà établie », explique M. Rochon. « Nous avons pu demander conseil autour de nous au moment de développer nos protocoles et d’installer l’infrastructure, ce qui nous a permis d’arriver où nous sommes en ce moment. Le fait que tout le monde travaille à proximité dans le même bâtiment a donc beaucoup aidé. »
Pour découvrir le thème Systèmes d’information cellulaire et quelques-unes des percées réalisées ces 10 dernières années, cliquez ici.
Le 12 décembre 2018