Jennifer Turnbull, Gillian Morantz et Robin Cardamore sont à Haïti dans le cadre de l’Initiative d’études en aide humanitaire pour les résidents de McGill. Par l’entremise de lettres, elles racontent leur expérience dans ce pays dévasté, lettres que vous pouvez consulter ici.

Ci-dessous, Gillian Morantz décrit ses premières impressions au sujet du peuple haïtien et explique comment ses collègues et elle mettent leurs connaissances médicales en pratique.


Jour 1 à Haïti
Bonjour à tous,

Jen et moi sommes arrivées aujourd’hui et avons monté notre campement. Nous travaillerons avec des équipes médicales provenant des quatre coins du monde dans un hôpital à ciel ouvert et dans un camp de personnes déplacées à l’interne (PDI) de la ville haïtienne de Fonds-Parisien, tout près de la frontière avec la République dominicaine. On y reçoit des patients qui viennent d’y être opérés et d’autres, provenant du navire américain Comfort. L’hôpital à ciel ouvert se trouve sur le terrain de l’organisme et orphelinat chrétien Love a Child, et les soins médicaux sont coordonnés par l’initiative humanitaire de Harvard.

Il semble que je serai vraiment très utile parce que l’endroit déborde d’enfants dont plusieurs sont seuls et blessés. Je vais travailler avec l’équipe de protection de l’enfance qui est responsable de déterminer ce que deviendront les mineurs non accompagnés. Je vais aussi travailler dans plusieurs cliniques ici, au camp des PDI et à Port-au-Prince (PAP).

Les questions de sécurité semblent réglées, ici, sauf en ce qui concerne les maringouins. Et il m’apparaît y avoir suffisamment de nourriture et d’eau. Fiou!

Prenez soins de vous,

Gillian

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Jour 7 en Haïti
Bonjour à vous tous,

Je ne peux pas croire qu’on en soit seulement au Jour 7. Il me semble être ici depuis beaucoup plus longtemps, mais ce n’est pas nécessairement négatif. C’est incroyable comment on peut se sentir rapidement chez soi quelque part, même si l’endroit ne ressemble à rien de ce que j’ai connu auparavant.

<em><strong>Gillian Morantz avec un patient dans le camp de personnes déplacées à l’interne (PDI). Photo: Gillian Morantz. </em></strong>
Gillian Morantz avec un patient dans le camp de personnes déplacées à l’interne (PDI). Photo: Gillian Morantz.

Nous faisons de longues journées ici, plus de douze heures de travail. Et même si je ne suis pas étrangère au travail ardu, je n’ai pas l’habitude des 30 degrés et d’un soleil impardonnable, ce qui fait que je suis couverte de coups de soleil.

On m’a confié la tâche de la protection des enfants, ce qui signifie que je suis responsable de la trentaine de mineurs non accompagnés à l’hôpital à ciel ouvert. Cela nécessite d’investiguer sur leur situation puis d’essayer de faciliter la réunification familiale, lorsque c’est possible. J’entends beaucoup d’histoires à vous arracher le cœur. Mais nous avons aussi vu des réunions familiales incroyables.

Quand je ne m’occupe pas de mes « enfants », je fais du travail clinique dans les unités, c’est-à-dire des tentes, au triage et à la clinique de malnutrition. Nous avons eu quelques cas de pédiatrie plutôt graves, en particulier des cas de septicémie et de pneumonie néonatales, de déshydratation avancée et de cachexie. Parce que nous ne disposons d’aucun laboratoire mais d’une pharmacie relativement bien garnie, nous les traitons pratiquement pour toute éventualité.

Je suis allée deux fois à Port-au-Prince et j’ai vu de mes yeux une partie de la dévastation. Je trouve encore qu’il est presque impossible d’imaginer ce que ces gens ont traversé. Malgré tout, ils ont commencé à se reconstruire une vie et leur résilience m’inspire.

J’espère que vous vous portez tous bien et je m’excuse de ne pas pouvoir écrire à chacun d’entre vous. L’accès à Internet est difficile, lorsqu’il y en a.

Prenez soin de vous,

Gillian



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