Le lundi 11 septembre, le Programme autochtone des professions de la santé (APS) de la Faculté de médecine de l’Université McGill, nouvellement créé, a organisé un souper d’accueil à la Maison Thompson pour lancer la nouvelle année universitaire avec les étudiants autochtones des disciplines liées aux soins de santé.

« Il arrive très souvent que les étudiants autochtones se sentent seuls quand ils se retrouvent dans un cadre universitaire », explique le Dr Kent Saylor, directeur du programme APS à McGill. « La soirée d’accueil des étudiants est un excellent moyen de leur exposer notre programme, de les mettre en contact et de leur faire voir qu’ils sont importants pour nous. Il est facile de se perdre dans un grand établissement comme McGill. Nous voulons montrer aux étudiants qu’ils sont importants et que nous sommes prêts à tout faire pour les aider à réussir lors de leur passage à McGill. »

Les étudiants étaient ravis de l’occasion qui leur était offerte d’en apprendre plus sur le nouveau programme APS. « J’étais heureuse que le personnel et les professeurs parlent de leur implication dans le nouveau programme APS », rapporte Ève Mailhot-Daye, étudiante en troisième année de médecine, originaire de Kanesatake/Oka. « On n’aurait pu choisir un meilleur moment pour mettre en place un tel programme à McGill, car cela montre l’importance des Autochtones pour le centre universitaire. »

En plus de permettre d’en apprendre plus sur le nouveau programme, l’événement était aussi propice au réseautage. « C’était une formidable occasion d’apprendre à connaître les membres du corps professoral et les étudiants autochtones des écoles de formation professionnelle en santé de McGill », note Jennifer Robinson, une étudiante anishinaabe de première année en médecine, membre de la Première Nation de Timiskaming au Québec. « Ce type d’événement cadre parfaitement avec la vision autochtone selon laquelle le sentiment d’appartenance et de devoir est essentiel à notre bien-être. La culture est un élément fondamental de notre vision du monde, et notre soirée d’accueil était aussi une occasion de tirer les enseignements d’un aîné mohawk, Charlie Patton. En tant qu’étudiante des Premières Nations, je connais bien les défis auxquels les étudiants autochtones doivent faire face, mais je crois fermement au soutien que les étudiants peuvent s’offrir mutuellement, tout comme au soutien qui nous est offert par les professeurs autochtones et non autochtones. »

« Ces activités sont importantes pour réseauter, mais aussi pour tisser des liens qui perdureront toute la vie », ajoute Erin Patton, originaire de Kahnawake et étudiante de deuxième année au baccalauréat en sciences infirmières à l’École des sciences infirmières Ingram de McGill. « En rencontrant mes nouveaux collègues, je me suis sentie plus motivée grâce à eux. C’est aussi important de rencontrer d’autres étudiants autochtones, parce qu’on peut échanger sur certains problèmes et défis, et les surmonter ensemble. »

 

Le choix de McGill

« J’ai choisi McGill, parce que c’était une occasion de rentrer à la maison et d’étudier dans une université exceptionnelle qui, à mon avis, me préparera le mieux à ma carrière en médecine », raconte Abby Frazer, étudiante mohawk de première année en médecine, originaire d’Hudson, qui a passé les quatre dernières années à Harvard pour ses études de premier cycle.

Le volet Rôle du médecin (Physicianship) du programme MDCM a fait une grande différence pour Jennifer. « Ce volet propose un encadrement et des conseils qui me permettront de parfaire mes connaissances en sciences et me montreront comment le double rôle de médecin, qui comprend ceux de soignante et de professionnelle, est lié à mon identité de femme anishinaabe, explique-t-elle. Dans la langue anishinaabe, le mot bien-être se traduit par une bonne santé dans votre environnement. Cela va au-delà de l’absence de maladie, et implique une interrelation avec la famille, la communauté et l’environnement. Le rapport Lalonde de 1974 et le Cadre du continuum du mieux-être mental de 2015 ont tous deux identifié ces autres facteurs comme étant d’importants déterminants sociaux de la santé. Le programme de médecine de McGill partage ce point de vue et nous encourage à nous pencher sur les déterminants sociaux de la santé dans notre pratique. »

Pour Erin, l’École des sciences infirmières Ingram offre beaucoup d’expériences pratiques, ce qu’elle apprécie. « J’ai aussi eu la chance de faire partie de NUS — l’association étudiante en sciences infirmières de premier cycle — pendant mes deux premières années d’études, en tant qu’administratrice exécutive et représentante des étudiants autochtones. Ce rôle était important pour que les questions de santé autochtone fassent partie des discussions. S’il y a une plus grande présence d’étudiants autochtones, les discussions sur la culture, les questions de santé, les besoins et les autres enjeux autochtones seront plus affirmées », dit-elle avant d’ajouter : « La vie étudiante est formidable à McGill, et tout le monde peut s’impliquer d’une façon ou d’une autre. »

 

Inspirer les autres à suivre la même voie

Bien qu’ils soient encore étudiants, les participants au souper d’accueil du programme APS réalisent l’importance d’inspirer la prochaine génération à suivre leurs traces. « Il est extrêmement important que les jeunes autochtones s’intéressent aux carrières en santé, dit Ève. Les professionnels de la santé sont en grande demande dans nos communautés, et en tant que membres des populations inuites, métisses et des Premières Nations, nous avons de très nombreuses ouvertures pour retourner à la maison et y pratiquer. Il y a aussi des conséquences positives, comme prodiguer des soins et promouvoir les saines habitudes de vie dans nos communautés, et devenir des modèles pour la prochaine génération. »

« En augmentant les inscriptions des étudiants autochtones et en faisant en sorte de les soutenir pour qu’ils se sentent bienvenus et réussissent comme professionnels de la santé, nous ne faisons pas que contrebalancer l’héritage du système des pensionnats, nous avons aussi une formidable occasion d’augmenter le nombre de gens qui ont un intérêt à mettre des stratégies en place et à travailler pour améliorer la santé des populations autochtones, ajoute Jennifer. En augmentant le nombre d’Autochtones dans les domaines de la santé, on vient consolider les liens entre professionnels de la santé autochtones et non autochtones pour travailler ensemble à améliorer le système de santé pour tous. »

Nicole Lessard, étudiante en première année de maîtrise avec concentration en santé mondiale à l’École des sciences infirmières Ingram, originaire du Manitoba et vivant au Québec depuis sept ans, acquiesce. « Je crois qu’il est impératif de faciliter et de favoriser l’entrée des étudiants autochtones en santé, car ils peuvent jouer un rôle important dans leurs communautés en exerçant une profession extrêmement gratifiante. J’encourage tous les étudiants potentiels en sciences de la santé à réaliser pleinement leurs ambitions, à ne pas hésiter à chercher du soutien et à établir des liens avec les autres.

 

Le 22 septembre 2017