Richard Budgell, récemment nommé professeur agrégé en promotion de la santé des Inuits et du Nord au Département de médecine de famille, a plus de 30 ans d’expérience en tant que fonctionnaire au sein du gouvernement du Canada. « Ma principale motivation tout au long de ma carrière a été de travailler à élargir le rôle et la compréhension des populations autochtones, et de lutter contre la discrimination systémique », déclare Richard. Il a obtenu son baccalauréat en histoire et en linguistique à l’Université Memorial de Terre-Neuve et sa maîtrise en études canadiennes, concentration en études autochtones, à l’Université Carleton. Dans le cadre de son nouveau poste au sein du Département, Richard sera chargé de l’enseignement du matériel pédagogique autochtone, mènera des recherches et participera au recrutement des étudiants autochtones.
Richard a travaillé dans le domaine de la santé au sein du gouvernement canadien pendant près de 15 ans. « Ce qui m’a attiré vers la promotion de la santé, la santé familiale et la santé publique, c’est leur place centrale dans les questions d’égalité des résultats de santé, de justice et d’équité pour les populations et les communautés autochtones », dit-il. La première expérience de Richard en matière de promotion de la santé a duré près de dix ans à la Direction générale de la santé de la population et de la santé publique de Santé Canada, qui est devenue l’Agence de la santé publique du Canada. De 1994 à 2003, il a dirigé l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de développement de la petite enfance appelé Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques, un programme d’intervention précoce pour les enfants d’âge préscolaire des Premières Nations, métis et inuits et leurs familles. Le programme a été l’un des premiers à être doté d’un comité consultatif national composé de représentants des communautés autochtones.
En plus d’avoir passé la moitié de sa carrière dans le domaine de la santé, Richard, qui est d’ascendance inuite du Labrador et européenne, a travaillé dans de nombreux domaines tels que l’autonomie gouvernementale des Autochtones et les négociations sur les revendications territoriales, la gestion des urgences dans les communautés des Premières Nations et à la Commission royale sur les peuples autochtones. Lorsque Richard a rejoint le bureau montréalais de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits en 2014, il était l’un des deux employés autochtones sur un effectif d’environ 150 personnes. « Lorsque j’ai quitté le bureau cette année, il y avait plus de 20 employés autochtones. Ce n’est pas encore suffisant, mais c’est une énorme amélioration. Une partie de cette amélioration est due au recrutement ciblé d’étudiants autochtones. On accorde maintenant plus d’attention aux voix autochtones à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement, mais il faut encore faire beaucoup de progrès », déclare Richard. « Ce qui est clair, c’est que l’ensemble du système de santé, à Montréal et ailleurs, doit veiller à la sécurité culturelle des patients autochtones qui viennent de toute la province, ainsi que de ceux d’entre nous qui vivent ici en ville », note-il.
En tant que professeur agrégé en promotion de la santé des Inuits et du Nord, l’une des priorités de Richard est de développer un module sur la santé des Inuits qui pourrait être utilisé dans d’autres cours de médecine de famille. « Ayant récemment pris ma retraite de ma carrière au sein du gouvernement, je suis intéressé à mettre à profit cette expérience pour faire progresser la sensibilisation et la participation des peuples autochtones dans les grandes institutions, et à appliquer certaines de ces leçons à McGill », déclare Richard. « Je pense que l’approche de la médecine de famille est très cohérente avec les vues holistiques traditionnelles des Autochtones en matière de santé et de traitement des personnes en tant que membres des familles et des communautés. »
La promotion de la santé reste un élément essentiel de l’autodétermination des Autochtones. « Dans la plupart des régions du Canada — y compris au Québec — les peuples, communautés et institutions autochtones ne sont toujours pas considérés comme des participants à part entière et légitimes dans la gestion de leur propre santé et de leur bien-être. Cette situation est profondément ancrée dans certaines pratiques médicales occidentales, ainsi que dans la pratique du colonialisme, qui visait à déposséder les populations autochtones de leur autonomie et de leur pouvoir d’agir », explique Richard. Il nous rappelle que pour être de meilleurs alliés des peuples autochtones, nous devons « traiter les gens équitablement, les écouter plus efficacement et, comme le dit la chanson d’Aretha Franklin, R-E-S-P-E-C-T ».
Le 29 juillet 2020