Melanie Lavoie-Tremblay

La Semaine nationale des soins infirmiers, qui a lieu au Canada à compter du 8 mai, se termine le 12 mai par la Journée internationale de l’infirmière, instituée en l’honneur de l’anniversaire de Florence Nightingale. La profession a connu des avancées fulgurantes depuis l’époque de cette célèbre infirmière, qui a exercé au 19e siècle. Aujourd’hui, selon l’organisation internationale Partners in Health, les infirmières assurent 90 % des services de santé prodigués aux 7 milliards d’êtres humains sur la planète. Les technologies en santé ont beaucoup évolué et les gens vivent en général plus longtemps, ce qui fait augmenter la fréquence des affections et des maladies chroniques nécessitant des soins complexes.

Malgré les bonds de géant réalisés dans le traitement et la prévention des maladies, la profession infirmière est aujourd’hui plus stressante que jamais. Les infirmières soignent les individus et les familles, mais exercent aussi à l’échelle de communautés entières, en milieu de travail, en milieu scolaire, dans les établissements de soins en hébergement et dans de nombreux autres contextes. Chacun de ces milieux présente des problématiques de santé complexes et décourageantes, tant pour une infirmière en début de carrière que pour une infirmière d’expérience. Dans mes premières années de pratique infirmière, j’ai été troublée par les conditions de travail au sein du réseau de la santé au Québec.

À l’heure actuelle, la profession infirmière fait face à de grands défis budgétaires, à des conditions de travail éprouvantes et à la réduction des postes d’infirmières gestionnaires. Qui plus est, au sein du personnel infirmier déjà en poste, les facteurs de stress comme l’insuffisance des effectifs et la diminution des ressources causent un sentiment de frustration, de l’épuisement et une détresse tant psychologique que physique. Dans l’une de mes études, menée auprès d’infirmières en début de carrière au Québec, 43 % se disaient en détresse psychologique, 62 % avaient l’intention de quitter leur emploi et 13 % songeaient même à changer de profession.

En tant que professeure agrégée à l’École de sciences infirmières Ingram de l’Université McGill, le milieu professionnel qui attend nos étudiantes et étudiants me préoccupe au plus haut point.

Mais il y a des solutions.

La gestion des effectifs en santé est fondamentale. En mettant l’accent sur le leadership des infirmières gestionnaires, nous pourrions grandement améliorer les soins aux patients et accroître le maintien en poste des nouvelles infirmières. Le leadership efficace, ou transformationnel, encourage les employés à travailler ensemble vers un but commun, dans un milieu qui les soutient. Ce style de gestion favorise le bien-être et la rétention du personnel. Les gestionnaires ont besoin de formation et de soutien au sein de leur organisation pour perfectionner leurs aptitudes en ce sens.

De la même façon, les organisations de santé doivent rehausser les exigences en matière de santé et de sécurité au travail à l’échelle provinciale, notamment sur les plans suivants :

  • les initiatives de santé et sécurité au travail axée sur la prévention des blessures et des maladies
  • les activités de promotion de la santé et du mieux-être
  • la mise en place de pratiques de leadership et d’une culture organisationnelle qui soutiennent les employés
  • les programmes d’aide aux employés vivant des problèmes personnels
  • les programmes de gestion qui favorisent l’intervention précoce et le retour au travail

Il faut encourager le leadership transformationnel, mais aussi sensibiliser les infirmières gestionnaires aux pratiques abusives de leadership qui peuvent nuire aux conditions de travail des infirmières.

En cette ère de pratique fondée sur des données probantes, les programmes de perfectionnement du leadership contribuent à former de meilleurs gestionnaires, mais aussi à améliorer les résultats des organisations. Si nous parvenons à créer des milieux de travail plus collaboratifs et constructifs, tant pour les infirmières que les gestionnaires, nous allègerons le fardeau financier du système en donnant aux professionnelles de la santé en première ligne les moyens d’offrir les meilleurs soins possibles à leurs patients.

Mélanie Lavoie-Tremblay, professeure agrégée et directrice de la recherche à l’École de sciences infirmières Ingram, et Thalia Aube, étudiante en sciences infirmières de pratique avancée, en route pour compléter son diplôme d’études supérieures à l’École de sciences infirmières Ingram.
La Pre Lavoie-Tremblay présentera Les pratiques de leadership des infirmières gestionnaires au congrès de l’Acfas, le 10 mai. Pour plus d’information, cliquez ICI.

Le 5 mai 2017