Une nouvelle recherche pourrait accélérer le diagnostic et favoriser la prise en charge clinique pendant la saison de la grippe
Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs de l’Université McGill, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR CUSM) et du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine, à Montréal, ont scruté à la loupe les tests de diagnostic rapide de la grippe afin d’en évaluer la fiabilité. La méta-analyse de 159 études a abouti aux trois conclusions suivantes : les tests de diagnostic rapide de la grippe peuvent être utilisés pour confirmer le diagnostic de la grippe, mais non pour écarter un tel diagnostic; la fiabilité de ces tests est plus élevée chez les enfants que chez les adultes; et ces tests détectent plus facilement le virus de l’influenza A – le plus fréquent – que le virus de l’influenza B.
L’étude, réalisée par Dre Caroline Chartrand, pédiatre et chercheuse au CHU Sainte-Justine, a été publiée cette semaine dans la revue Annals of Internal Medicine.
Le dépistage précoce de la grippe joue un rôle clé dans l’optimisation des soins aux patients et la prévention des infections. Bien que la culture virale et la technique de transcription inverse suivie de réaction en chaîne de la polymérase (RT-PCR) soient les tests les plus fiables pour détecter la grippe, ces derniers peuvent être coûteux, et l’obtention des résultats peut prendre de un à dix jours. Les tests de diagnostic rapide de la grippe visent à résoudre une partie de ces problèmes. En effet, ils sont simples à utiliser et donnent des résultats en 15 à 30 minutes. Dans plusieurs cas, ils peuvent être administrés directement dans une clinique ou une urgence, sans avoir à être acheminés à un laboratoire.
Comme il existe plus de 25 tests de diagnostic rapide de la grippe sur le marché, les médecins et les fournisseurs de soins de santé ont besoin d’être guidés pour voir plus clair dans l’abondante documentation à ce sujet. « C’est pour cela que nous avions besoin d’une méta-analyse, explique Dr Madhukar Pai, auteur principal de l’étude, professeur agrégé au Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill et chercheur à l’IR CUSM. De nombreux articles ont été publiés sur le sujet, en particulier depuis la pandémie de H1N1, mais personne ne les avait encore synthétisés en un seul document cohésif. Nous espérons que ce travail éclairera les futures lignes directrices sur l’utilisation de ces tests. »
Que signifient les résultats de l’étude en ce qui concerne les soins aux patients? « Notre étude suggère un bénéfice potentiel à la mise en place de ces tests dans des cliniques ou des urgences durant la saison de la grippe, explique Dre Chartrand, qui était étudiante à la maîtrise à l’Université McGill au moment où elle menait cette recherche. Des études seront nécessaires pour le confirmer en pratique, mais l’utilisation courante de ces tests pourrait contribuer à améliorer les soins aux patients, particulièrement chez les enfants. Par exemple, si un médecin sait qu’un patient souffre de la grippe, il pourrait juger qu’il n’est pas utile de lui faire passer d’autres tests, et pourrait lui prescrire un médicament antiviral plus précocement. Par ailleurs, on pourrait orienter différemment une personne atteinte de la grippe, en vue d’accélérer son retour à la maison, ce qui – bonne nouvelle – contribuerait à désengorger les salles et les cliniques d’urgence pendant la saison de la grippe. Cependant, il est important de préciser que les tests de diagnostic rapide de la grippe peuvent donner des résultats faussement négatifs et, par conséquent, ne peuvent écarter ce diagnostic. »
Selon l’Agence de la santé publique du Canada, entre 2 000 et 8 000 Canadiens sont susceptibles de mourir de la grippe et de ses complications chaque année, selon la sévérité du virus. Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis avance à ce titre entre 3 000 et 49 000 décès.
« Le traitement de la grippe est plus efficace lorsqu’il est amorcé tôt dans l’évolution de la maladie. La capacité d’administrer précocement un traitement spécifique contre la grippe aux personnes présentant des risques élevés de complications, par exemple aux femmes enceintes ou aux personnes atteintes de maladies cardiaques, et dont le résultat du test de diagnostic rapide est positif, est l’un des principaux intérêts de ces tests », déclare Dr Timothy Brewer, directeur des programmes de santé mondiale à l’Université McGill et l’un des auteurs de l’étude.
L’étude a été financée en partie par les Instituts de recherche en santé du Canada. Dre Mariska Leeflang, du Centre universitaire de médecine de l’Université d’Amsterdam, et Dre Jessica Minion, de l’Université de l’Alberta, ont collaboré à l’étude.
Lire l’article (en anglais) : Annals of Internal Medicine
28 février 2012