
BubbleSense transforme les soins néonatals en utilisant le son pour surveiller la santé respiratoire et améliorer les résultats pour les bébés prématurés atteint du syndrome de détresse respiratoire.
Demandez aux parents d’un nouveau-né, et ils vous diront souvent que le son le plus apaisant qu’un enfant puisse produire est celui qu’il émet lorsqu’il dort. Quelque chose dans le fait que le bébé respire, emplit le cœur d’une joie tranquille. Mais il n’en va pas de même pour beaucoup de bébés prématurés, dont les poumons ne sont pas encore développés. La respiration de ces enfants peut être difficile, semée de complications et ne peut souvent se faire qu’avec une assistance mécanique.
Environ un bébé sur dix dans le monde naît prématurément, la prématurité étant la principale cause de mortalité infantile. Environ la moitié des nouveau-nés développent un syndrome de détresse respiratoire (SDR).
Le SDR survient chez les nourrissons prématurés dont les poumons ne produisent pas encore suffisamment de surfactant, la substance glissante qui permet aux poumons de rester ouverts et à respirer sans difficulté. En l’absence de surfactant, les minuscules sacs d’air appelés alvéoles s’affaissent comme un ballon mouillé, rendant la respiration difficile.
Le traitement du SDR comprend le remplacement du surfactant et des méthodes pour aider les bébés à respirer normalement, soit par l’intermédiaire d’un tube respiratoire, d’un ventilateur ou d’une pression positive continue (PPC). La PPC est un appareil médical couramment utilisé qui permet de maintenir les voies respiratoires ouvertes pendant que les poumons continuent de se développer et à mûrir.

Le dispositif fonctionne en reliant des canules nasales au nez du bébé, pour fournir de l’oxygène aux poumons. L’une des extrémités du tube est immergée dans l’eau pour contrôler la pression reçue par le bébé. Tout au long de ce processus, des bulles se forment dans le réservoir d’eau, produisant des vibrations bénéfiques au développement pulmonaires.
Cependant, si le bebe bouge, les canules peuvent se déloger, entrainant des fuites d’air ou un mauvais ajustement. De plus, il n’existe aucun moyen de surveiller le traitement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, contrairement à de nombreux autres dispositifs médicaux. Actuellement, le personnel soignant se fie au son des bulles pour évaluer les performances du système, mais il n’existe pas de processus standard pour contrôler le traitement. L’absence de surveillance précise peut entrainer une thérapie inefficace, où la pression délivrée n’est pas optimale et les fuites passent inaperçues.
Présentation de BubbleSense
BubbleSense, récent lauréat du prix Discover du Fonds d’innovation de McGill (FIM) à $25,000, vise à quantifier la surveillance acoustique des nourrissons. L’objectif est d’aller au-delà des simples contrôles auditifs en transformant les sons des bulles en données mesurables pour fournir un retour d’information en temps réel sur la pression du système, les fuites, et potentiellement sur la fonction pulmonaire du bébé et sa réponse à la thérapie. Ce dispositif serait le premier du genre à utiliser le son pour surveiller la fonction pulmonaire.
En recueillant et en analysant les données acoustiques, l’équipe développe des modèles pour décoder la relation entre les motifs de bulles, la configuration du système et la santé pulmonaire. Leur objectif final est de convertir ces informations en outils numériques qui transforment les sons en mesures exploitables, capables de fournir des diagnostics en temps réel, des alertes et des conseils de traitement personnalisés. Cette nouvelle approche fournit permet une surveillance continue, non invasive, du Bubble CPAP offrant des améliorations potentielles dans les soins respiratoires néonataux, en permettant des ajustements plus précis et plus opportuns de la thérapie.
Cette année, l’équipe prévoit de recueillir des données à partir de poumons simulés et de bébés prématurés, afin de mieux comprendre les ajustements nécessaires et de vérifier si les sons peuvent effectivement servir à évaluer la fonction pulmonaire.
Je suis avant tout un clinicien, explique le Dr Wissam Shalish, responsable de BubbleSense, chercheur et professeur adjoint au Département de pédiatrie. « Je n’aurais jamais imaginé pouvoir mener cette recherche au-delà du laboratoire.
Le Dr Shalish se dit reconnaissant de l’opportunité qui lui est donnée de relier ses recherches au monde de l’entreprise, où elles peuvent être mises à l’échelle et avoir un impact concret sur les bébés et les parents. C’est très stimulant d’être en contact avec des experts, c’est un tout nouveau monde, confie-t-il.

Aux côtés du Dr Shalish, deux étudiantes diplômées, Amanda Gross et Emily Campbell, contribuent à concrétiser sa vision. Celle-ci comprend un système automatisé qui surveillerait et communiquerait la compliance pulmonaire en collectant et en analysant des données sur l’acoustique, la pression et les fuites au sein du système.
Le Dr Shalish croit fermement à la collaboration interdisciplinaire. En tant que chercheur, il comprend l’importance d’une diversité de points de vue. Il est important d’impliquer tout le monde dans ce processus, explique-t-il. Les médecins, les infirmières, les parents – tout le monde peut apporter une contribution précieuse à ce que ce dispositif pourrait devenir.
Le Dr Shalish et son équipe dévouée espèrent continuer leur parcours avec le FIM, mais beaucoup dépendra des résultats obtenus cette année concernant l’observance pulmonaire. Si les essais sont concluants, ils espèrent déposer l’an prochain une candidature au programme Développement « Nous voulons aller jusqu’au bout », s’exclame Shalish. “Ce projet a déjà pris de l’ampleur, et c’est grâce au FIM que nous avons eu la chance de grandir.”