Centre de médecine familiale Herzl, Hôpital général juif
Chaque année, le Département de médecine de famille de l’Université McGill accueille le plus grand nombre de résidents de tous les programmes de la Faculté de médecine. Offrant une structure qui comprend à la fois des composantes cliniques et académiques, le programme encourage les résidents à prendre conscience des défis actuels dans leur pratique et à poursuivre leurs recherches sur des sujets choisis.
La Dre Tamara Ibrahim termine actuellement sa deuxième année de résidence en médecine de famille au Centre de médecine familiale Herzl de l’Hôpital général juif (HGJ). Ses recherches sur l’inefficacité du docusate sodique (communément appelé par son nom de marque, Colace), un médicament souvent prescrit pour ramollir les selles, illustrent l’importance de l’application des connaissances et des activités d’érudition chez les résidents.
À l’automne 2017, Tamara devait choisir un projet de recherche visant à améliorer la qualité des soins dans son unité. L’idée de mettre en évidence la fréquence à laquelle on prescrivait le docusate sodique aux patients présentant des symptômes ou un risque de constipation, malgré sa réputation d’inefficacité bien connue, s’est imposée immédiatement pour la résidente.
« Nous avons consulté les systèmes de dossiers médicaux pour les ordonnances de Colace, afin de nous donner une meilleure idée de qui les prescrivait », explique-t-elle. « Mon approche était simple. » Elle a utilisé de multiples études pour mettre en lumière pourquoi de plus en plus de médecins cessent de prescrire du Colace, comme en témoigne le retrait du médicament des formulaires provinciaux de la Nouvelle-Écosse en 2014 et de l’Alberta en 2017.
Après avoir présenté son projet à ses pairs et collègues du Centre de médecine familiale Herzl, Tamara a été invitée à présenter son exposé à un public beaucoup plus large lors de la Journée de recherche des résidents Tannenbaum en juin 2018. Des étudiants et résidents d’autres sites d’enseignement et des membres du corps professoral du Département de médecine de famille se sont dits d’accord avec les conclusions de Tamara.
Ce n’est que quelques mois plus tard, lors d’un stage à l’unité des soins palliatifs, que les choses ont vraiment commencé à changer. La Dre Elizabeth Macnamara, directrice de la médecine diagnostique de l’HGJ et superviseure et mentore de Tamara, l’a encouragée à porter cette question à l’attention de la Dre Eva Cohen, chef de la pharmacie. En quelques semaines, son travail a mené au retrait du médicament du formulaire de l’HGJ ainsi que de tous les établissements du CIUSSS du Centre-Ouest de-l’Île-de-Montréal. Le médicament a également été retiré de plusieurs protocoles d’admission et de sortie.
« Il est bien connu que c’est un médicament inutile, donc il n’y a pas eu beaucoup de résistance à l’idée de l’enlever complètement », note Tamara. « Je comprends que plus de la moitié de mes pairs en clinique ont arrêté de prescrire ce médicament simplement parce que je leur en ai parlé. »
Maintenant en voie de terminer sa résidence, Tamara espère continuer à participer aux changements de protocole pour les soins de longue durée en milieu hospitalier. Elle remercie ses collègues et ses mentors pour leur soutien et leurs conseils.
Le 7 mars 2019