Grâce à l’expertise du Centre universitaire de santé McGill, du CIUSSS du Centre-Sud et à un financement du Gouvernement du Québec, une première patiente bénéficie de l’ostéointégration, une intervention chirurgicale, réalisée au CUSM, qui améliore grandement la fonctionnalité et la qualité de vie des personnes amputées.
Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est fier de pouvoir offrir à certains patients amputés d’un membre inférieur l’ostéointégration, une avancée médicale qui permet d’améliorer grandement leur qualité de vie. Pour une période de trois ans, environ 150 patients pourront en bénéficier, grâce à un nouveau projet novateur du Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS), qui accorde un financement de 1,5 M$ par année.
Après la sélection du patient effectuée par l’équipe du CUSM et de l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal (IRGLM) du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL), cette intervention chirurgicale, inspirée de la technique de l’implant dentaire consiste à insérer dans l’os du moignon une tige de métal afin de pouvoir y fixer une prothèse externe.
« C’est une source de grande fierté. Le CUSM est le seul centre en Amérique du Nord qui réalise ces interventions chirurgicales dans le cadre d’un programme public où les frais sont couverts par l’assurance-maladie, se réjouit le Dr Robert Turcotte, chirurgien orthopédique au CUSM, qui a effectué l’intervention à l’Hôpital Général de Montréal le 26 septembre 2019. Nous travaillons en collaboration avec la physiatre Dre Natalie Habra et l’équipe de l’Institut de réadaptation Gingras-Linsday-de-Montréal du CCSMTL dans le but d’offrir une meilleure fonction et un meilleur niveau d’activité pour ces personnes à mobilité restreinte et qui présentent des problèmes récurrents avec leur prothèse et leur emboîture. »
Si cette opération peut aujourd’hui être offerte au Québec, c’est grâce au maillage de l’expertise des deux établissements de santé et à la grande collaboration de l’équipe interdisciplinaire mise en place pour l’occasion, mais aussi grâce à l’intérêt pour les pratiques de pointe et au soutien financier du MSSS.
« En plus d’assurer l’évaluation du potentiel, l’IRGLM accueille les patients afin de leur permettre de bien s’approprier leur nouvelle prothèse, précise Dre Natalie Habra, spécialiste en médecine physique et de réadaptation au CCSMTL. L’expertise de cette clinique de réadaptation est unique au Canada et son succès repose sur la mise en commun, sous un même toit, de plusieurs experts : prothésiste, psychologue, physiatrie et physiothérapeute. Les patients peuvent compter sur une opinion professionnelle de qualité, appuyée de données probantes, en sol québécois. »
Les inconvénients des prothèses avec emboîture sont nombreux et peuvent nuire au quotidien des personnes amputées.
« De la douleur, des infections de la peau, de l’enflure, une transpiration abondante en été, poursuit le Dr Turcotte. Si l’amputation est au-dessus du genou, souvent l’emboîture va monter jusqu’à l’aine donc impossible de pédaler, de s’accroupir. L’ostéointégration permet une meilleure mobilité et facilite le quotidien des patients. Certains patients peuvent retourner au travail à temps plein, ce qui n’était pas possible pour eux avant. »
Michèle Forget, la première patiente à avoir pu bénéficier de la couverture publique pour cette intervention chirurgicale confirme les bienfaits de ce type d’intervention. « Je suis sortie de la salle d’opération très enthousiaste, car je savais que ma vie venait de changer du tout ou tout. Je suis moins limitée dans mes mouvements, je me déplace plus facilement, je peux porter la prothèse pendant plusieurs heures sans inconfort, participer à des activités sportives plus variées. Je suis très reconnaissante envers le MSSS, le CUSM et l’IRGLM. »
Après l’évaluation réalisée à la clinique de l’IRGLM, l’intervention chirurgicale d’ostéointégration peut principalement être offerte aux patients amputés post-traumatiques, aux accidentés de la route ou du travail ou encore à ceux qui ont eu un cancer et pour lesquels perdurent des difficultés d’appareillages. Les patients qui ont perdu un membre suite à des conséquences associées au diabète ou à une maladie cardio-vasculaire ne sont pas pour l’instant admissibles.
Réalisée ailleurs dans le monde notamment en Suède et aux Pays-Bas, cette technique a véritablement pris son envol en Australie, il y a moins d’une dizaine d’années. En 2017, le Dr Turcotte, la Dre Habra et leurs équipes ont visité une clinique orthopédique à Sydney pour parfaire leurs connaissances et développer une expertise unique avec l’équipe de spécialistes australiens. Grâce au savoir-faire du CUSM et de l’IRGLM, il est envisagé que cent cinquante patients au cours des trois prochaines années verront leur vie changer pour le mieux.
Le 15 novembre 2019