Photo: Lindsay Flood

Par Gillian Woodford

La docteure Lesley Fellows énumère quelques-uns des sujets abordés jusqu’à maintenant dans le cadre des rencontres de groupe du nouveau programme de mentorat Télémaque de la Faculté de médecine :

« Concilier travail et vie de famille lorsqu’on est candidat à la permanence »
« Passer du postdoctorat à la direction d’une équipe de recherche »
« Savoir quand refuser une nouvelle responsabilité »

La plupart des membres du corps professoral se sont retrouvés dans ces situations à un moment ou à un autre, mais ils n’ont pas tous eu la chance d’avoir un mentor pour les guider.

C’est ce manque d’accès au mentorat – une lacune décelée au sein de la Faculté – qui a poussé la Dre Fellows, professeure au Département de neurologie et de neurochirurgie et neurologiste à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, à faire de cet enjeu sa priorité, en 2016, lorsqu’elle a été nommée au nouveau poste de vice-doyenne adjointe aux affaires universitaires.

« C’est bien connu : le mentorat informel est idéal, mais pas toujours facile d’accès », dit la Dre Fellows. « En fait, ce sont les gens qui en ont le plus besoin qui trouvent le plus difficilement un mentor. C’est particulièrement vrai pour les femmes et les autres groupes sous-représentés dans les rangs professoraux supérieurs. » Ayant mené un groupe de consultation et une revue de la littérature, elle a conclu que pour la Faculté, le mentorat formel était la meilleure approche. Elle précise que le programme Télémaque ne vise pas à remplacer le mentorat traditionnel qui a lieu au sein de chaque département, une ressource qui demeure essentielle, mais plutôt à bonifier l’accompagnement offert aux professeurs.

Cinq groupes ont été créés, chacun regroupant des membres novices et plus chevronnés du corps professoral de différents départements ou écoles de la Faculté. « Les membres de chaque groupe ont en commun une certaine ressemblance dans leur description de tâche », explique la Dre Fellows. « Par exemple, un groupe est constitué surtout de spécialistes de la recherche fondamentale, un autre de cliniciens enseignants, et ainsi de suite. Nous voulons que les membres de chaque petit groupe puissent discuter des sujets qui les touchent. Si vous n’êtes pas clinicien, par exemple, vous ne tirerez pas grand-chose d’une longue conversation sur les défis en milieu clinique. »

Élaboré avec l’aide des Dres Miriam Boillat et Michelle Elizov, respectivement vice-doyenne et vice-doyenne adjointe à la formation professorale, le programme propose quatre séances en petit groupe assorties de matériel pédagogique en ligne pour orienter les discussions, ainsi que cinq ateliers d’une demi-journée rassemblant tous les groupes. Le tout s’échelonne sur une période de 18 mois.

Le choix des discussions de groupe au lieu du mentorat individuel s’est imposé en partie parce que les mentors qualifiés sont trop peu nombreux, mais aussi parce que, comme l’explique la Dre Fellows, « la combinaison de mentorat par les pairs et de mentorat « vertical » offre une approche plus collégiale ». Elle ajoute que c’est ce qui a inspiré le nom du programme, une référence au fils d’Ulysse, Télémaque, que son père laisse sous la protection de son ami Mentor à son départ pour la guerre de Troie. Le programme actuel reconnaît la contribution importante de tous les participants, novices comme chevronnés, à l’expérience de mentorat.

Le professeur John Orlowski, du Département de physiologie, participant et membre du comité directeur du programme Télémaque, peut en témoigner. Il cite une séance sur la transition vers la retraite qui lui a été particulièrement utile, ainsi qu’à d’autres professeurs chevronnés : « je connais beaucoup de gens qui envisagent difficilement la retraite parce que toute leur identité repose sur le professorat ».

« Tout le programme ressemble en quelque sorte à un groupe d’entraide », ajoute le POrlowski. « Les gens ne se sentent pas toujours à l’aise d’aborder ces sujets avec leurs collègues parce qu’ils se sentent vulnérables; c’est donc bien d’avoir d’accès à cet environnement sans jugement, où l’on est entouré de quasi-étrangers. Le programme Télémaque a permis à tout le monde de s’exprimer et de constater tout ce que nous avons en commun. »

La docteure Madeleine Sharp, professeure adjointe au Département de neurologie et de neurochirurgie arrivée à McGill en 2016, a elle aussi profité du programme Télémaque, qui l’a aidée à normaliser certains des défis auxquels elle faisait face – et à trouver des solutions. Une séance au sujet des collaborations l’a ainsi aidée à résoudre un problème concret avec une université dans une autre ville, grâce aux conseils de participants qui avaient déjà vécu la même situation. La Dre Sharp apprécie aussi les discussions de groupe du programme Télémaque en raison de la diversité des opinions qui y sont exprimées. « Les gens proposent des approches différentes pour résoudre le problème, et on peut choisir celle qui nous convient le mieux. »

Le docteur Sero Andonian, professeur agrégé de chirurgie à la Division d’urologie et participant au programme Télémaque, ajoute pour sa part que sa participation au programme lui a donné le temps de prendre du recul et de réfléchir à son travail. « En début de carrière professorale, il est facile de voir le poste comme l’objectif à atteindre », a-t-il avancé lors d’un atelier Télémaque en mars. « J’essaie de me voir davantage comme un défenseur de la sécurité des patients, et moins comme le titulaire d’un poste qui me définit. »

La première cohorte de participants terminera le programme Télémaque en juin. Cet été, la Dre Fellows entend passer en revue les commentaires des participants pour continuer de peaufiner le programme. Le recrutement pour la prochaine cohorte commencera probablement à l’automne.

Photo: Lindsay Flood

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Le 2 mai 2018