Mme Lavallée se réjouit de pouvoir contribuer à un changement systémique à l’Université McGill, en collaboration avec le corps professoral et le personnel 

Titulaire d’un baccalauréat en sciences infirmières et d’une maîtrise en sciences de la santé communautaire, en plus d’avoir de l’expérience en soins infirmiers communautaires, Josée Lavallée insufflera également des valeurs autochtones telles que la relationalité et la réciprocité à son mandat en tant que première directrice du Bureau de la responsabilité sociale en sciences infirmières (BRSSI) de l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII). Ces valeurs, qui sont plus que des concepts théoriques, teintent sa façon d’interagir avec le monde, comme ce fut le cas pour ses ancêtres pendant des générations. 

Josée Lavallée (elle) est Michif de la Rivière Rouge. Elle a grandi à Winnipeg, en territoire visé par le Traité no 1. Active au sein de sa communauté, Josée est la représentante jeunesse du local Bison de la Fédération Métisse du Manitoba. Issue d’une famille francophone, elle parlait principalement anglais à la maison tout en faisant partie des programmes d’immersion française du primaire jusqu’à la fin du secondaire. C’est d’ailleurs son désir de mieux maîtriser le français qui l’a amenée à choisir l’Université de Saint-Boniface, où elle a obtenu son baccalauréat en sciences infirmières. 

Ses études en sciences infirmières se sont bien déroulées, surtout en milieu clinique, où elle excellait dans les soins aux patients. « Malheureusement, j’ai aussi connu le racisme qui imprègne les pratiques et les réseaux de santé », se remémore-t-elle. 

Animée d’une vive passion pour la justice sociale et motivée à promouvoir le bien-être des Autochtones, elle s’est fixé comme objectif de faire carrière en soins infirmiers communautaires, accumulant une expérience et des compétences vastes en soins infirmiers d’urgence pour adultes et en unité de soins intensifs néonataux avant de se diriger vers la santé communautaire. 

« La santé est ancrée dans le bien-être communautaire qui, lui, exige la création de liens qui s’appuient sur la confiance », explique Mme Lavallée. Elle se sentait bien dans son travail en milieu communautaire, mais constatait également le besoin d’un changement systémique et voulait jouer un rôle dans l’élaboration de politiques à un échelon plus élevé. Elle a donc suivi son intuition en s’inscrivant à la maîtrise au Collège de médecine Max Rady de l’Université du Manitoba et ne l’a pas regretté. En préparant sa thèse, intitulée Learning From Each Other, Together: Exploring Red River Métis Youth Experiences in Cultural Activities Through Relationality, elle a pu étudier l’interconnexion entre la culture des Métis de la Rivière Rouge et la santé. Ce projet lui a aussi permis de faire un examen critique et une remise en question des normes de rédaction d’une thèse, en autochtonisant son écriture de sorte à refléter la valeur de la relationalité issue du savoir qu’elle a acquis et qui lui a été transmis. 

En tant que directrice du BRSSI, Mme Lavallée se réjouit d’avoir l’occasion de contribuer à un changement systémique en sciences infirmières à l’Université McGill et dit s’être sentie bien accueillie à son entrée en fonction le 1er mai dernier. « L’École démontre une ouverture et un enthousiasme sincères envers ce bureau et ce que nous pouvons accomplir ensemble », confie-t-elle. 

En collaboration étroite avec le corps professoral, Mme Lavallée entend commencer par examiner la place que font les programmes actuels de premier et de deuxième cycle en sciences infirmières à l’antiracisme, à l’anti-oppression, à la décolonisation et à la justice sociale* (voir les définitions ci-dessous). En appliquant les pratiques exemplaires, l’objectif est d’intégrer ces concepts dans les cours théoriques, les simulations en laboratoire et les mises en situation pour l’apprentissage par la recherche avant le début de l’année universitaire 2023-2024. 

Mme Lavallée prévoit de rencontrer individuellement tous les membres du corps professoral et du personnel au cours des prochains mois pour discuter et faire connaissance, dans l’intention d’établir des relations fondées sur la transparence, la responsabilisation et l’ouverture. « Je veux savoir où en sont les gens et où ils se voient plus tard, afin que nous puissions avancer tous ensemble », conclut-elle. 

*Définitions 

Antiracisme : Effort actif pour éliminer toutes les formes de racisme, notamment le racisme individuel, institutionnel, structurel et systémique.
Adaptation à partir du Glossaire des termes IDÉA du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion et du Glossaire de la FCRR de la Fondation canadienne des relations raciales 

Anti-oppression : Actions qui remettent en cause les inégalités et injustices sociales, historiques et actuelles faisant partie des systèmes et institutions et permettent à certains groupes d’en dominer d’autres.
Adaptation à partir du Glossaire des termes IDÉA du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion et du Glossaire de la FCRR de la Fondation canadienne des relations raciales 

Décolonisation : Processus continu qui vise à déconstruire les idéologies coloniales telles que la suprématie blanche, à valoriser le savoir autochtone, à démanteler les déséquilibres de pouvoir et à promouvoir l’indépendance des Autochtones. La décolonisation est le travail actif visant à redonner l’indépendance au territoire colonisé et à réparer les effets du colonialisme sur les aspects sociaux, politiques et économiques de la vie d’un peuple.
Adaptation à partir du Glossaire des termes IDÉA du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion et du guide Pulling Together, Foundations Guide, de Kory Wilson et Colleen Hodgeson. 

Justice sociale : L’opinion selon laquelle chaque individu et chaque groupe doit avoir un accès juste et équitable aux mêmes possibilités d’ordre social, éducatif, économique et institutionnel, ainsi qu’aux mêmes droits, libertés morales et responsabilités.
Adaptation à partir du Glossaire des termes IDÉA du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion et du Glossaire de la FCRR de la Fondation canadienne des relations raciales 

Responsabilité sociale : « L’obligation [des facultés de médecine] d’axer leurs activités d’enseignement, de recherche et de services sur les préoccupations prioritaires en matière de santé de la communauté, de la région et de la nation qu’elles ont le mandat de servir. Ces préoccupations doivent être déterminées conjointement par les gouvernements, les organismes de santé, les professionnels de la santé et le public. » (Organisation mondiale de la santé, 1995) 

Le Bureau de la responsabilité sociale en sciences infirmières (BRSSI) s’engage à valoriser et à incarner l’antiracisme, l’anti-oppression et la décolonisation dans le cadre de l’enseignement, de la recherche et des pratiques en sciences infirmières. Pour être socialement responsable, l’École des sciences infirmières Ingram se doit de collaborer de façon proactive et transparente avec les personnes et les communautés qu’elle sert.