En septembre 2019, le premier énoncé de position sur l’exercice chez les candidats à une greffe et les greffés d’organe plein a été publié dans la revue Transplantation. L’énoncé de position est le fruit d’un travail collectif co-dirigé par Tania Janaudis-Ferreira, professeure et chercheuse à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill, et Sunita Mathur, du département de physiothérapie de l’Université de Toronto. Au cours des dix dernières années, les deux chercheuses ont collaboré à plusieurs projets, notamment la création de CAN-RESTORE (Canadian Network for Rehabilitation and Exercise for Solid Organ Transplant Optimal Recovery). Ce réseau s’est donné pour mission d’optimiser le bien-être des personnes greffées par l’exercice et la réadaptation.
Combien de personnes reçoivent un organe plein au Canada chaque année, et dans quelle mesure la réadaptation fait-elle partie du processus de soins?
Nous ne pouvons pas vraiment prédire le nombre de transplantations faites par année au Canada, puisque tout dépend du nombre d’organes disponibles. Toutefois, le rapport 2018 de l’Institut canadien d’information sur la santé nous apprend que 2930 transplantations ont été réalisées au pays en 2017.
La réadaptation peut jouer un rôle clé dans la prise en charge des patients greffés. Je dirais qu’avant la transplantation, le principal objectif de la réadaptation est d’optimiser la condition physique et la préparation psychologique de la personne en vue de l’opération. Les éventuelles améliorations physiques et psychologiques peuvent influencer la récupération après la greffe et d’autres aspects de l’intervention. Après la transplantation, la réadaptation par l’exercice peut aider les personnes greffées à recouvrer leurs capacités fonctionnelles, à reprendre le travail et à réintégrer leurs rôles au sein de la famille et de la société. Notre problème aujourd’hui, c’est l’insuffisance de programmes de réadaptation pour les patients greffés au Canada, en particulier pour les patients qui attendent ou ont reçu un rein ou un foie.
Un énoncé de position est formulé par un groupe représentatif d’experts qui exposent leurs positions sur un aspect donné des connaissances médicales. Le principal objectif d’un énoncé de position est de conseiller les professionnels sur la meilleure façon possible et acceptable d’aborder un élément décisionnel particulier du diagnostic et du traitement.
Notre énoncé de position est une étape clé pour faire prendre conscience aux professionnels de la transplantation du rôle important de l’activité physique pour les patients greffés. En connaissant mieux les bienfaits de l’exercice chez les adultes et les enfants greffés, les professionnels seront mieux placés pour s’assurer que la réadaptation physique fait partie intégrante des soins avant et après la transplantation.
Il y a environ deux ans, ma collègue Sunita Mathur et moi avons été contactées par les coprésidents du Comité des lignes directrices sur les pratiques exemplaires de la Société canadienne de transplantation (SCT). Ils nous ont dit avoir sondé leurs membres sur les sujets d’énoncés de position qu’ils aimeraient voir le SCT élaborer. Il semble que le sujet de l’exercice et de la réadaptation soit ressorti du lot, démontrant l’intérêt des professionnels de la transplantation pour ce type d’information.
Il n’existe pour l’instant aucune directive de pratique relative à l’entraînement physique avant et après une transplantation, ce qui peut limiter l’utilisation de données de recherche en pratique clinique. Ce sujet s’est donc imposé comme une priorité pour le comité.
De plus, des recherches menées dans mon laboratoire ont montré que l’un des obstacles à la pratique d’une activité physique par les patients greffés est l’absence d’information sur la façon de s’entraîner. Nous avons aussi sondé des médecins spécialistes en transplantation qui ont indiqué que le manque de lignes directrices en matière d’exercice était l’un des obstacles rencontrés au moment de conseiller les patients greffés sur ce sujet. Dans le cadre d’une étude qualitative menée récemment, des spécialistes du conditionnement physique ont indiqué qu’ils seraient plus sûrs d’eux pour traiter des patients greffés s’ils disposaient d’outils pédagogiques à ce sujet.
Il était donc évident, d’après le sondage mené par la SCT auprès de ses membres et les données de nos recherches, qu’un énoncé de position était nécessaire.
Oui, mon équipe a déjà commencé à se pencher sur certaines lacunes en recherche. Par exemple, nous étudions présentement les effets de l’exercice physique prétransplantation sur la fragilité et les résultats cliniques préliminaires chez les candidats à une greffe du poumon ou du rein. C’est l’un des domaines de recherche cités dans l’énoncé de position. Nous avons aussi lancé quelques projets axés sur des stratégies novatrices (comme l’utilisation d’applications de cybersanté et le soutien entre pairs) pour améliorer l’observance à long terme de l’activité physique après la transplantation, un autre domaine de recherche important mentionné dans l’énoncé de position.
Lien vers l’article : https://journals.lww.com/transplantjournal/Pages/articleviewer.aspx?year=2019&issue=09000&article=00005&type=Fulltext#pdf-link
Lien vers CAN-RESTORE : https://www.cntrp.ca/canrestore-exercise-rehabilitation
Lien vers la vidéo promotionnelle : https://twitter.com/ResearchInRehab/status/1202983392146599936