Par Christina Kozakiewicz, École des sciences infirmières Ingram
Notre corps professoral est l’âme de l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII). Dans ce troisième portrait de notre série Pleins feux sur le corps professoral en sciences infirmières, Carmen Loiselle relate sa passion, entre autres, pour les enjeux psychosociaux dans un contexte de santé et de maladie. Titulaire d’un doctorat avec double spécialisation en psychologie et sciences infirmières de la University of Wisconsin-Madison, aux États-Unis, Carmen Loiselle est directrice adjointe à la recherche à l’ÉSII, professeure à l’ÉSII et au Département d’oncologie Gerald Bronfman, ainsi que directrice de programme en oncologie psychosociale et soins infirmiers en oncologie à l’Université McGill.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir infirmière?
J’ai su dès l’âge de cinq ans que je voulais être infirmière. J’avais une tendance naturelle à accourir vers les personnes blessées pour les aider, que leur douleur soit physique ou émotionnelle. J’ai travaillé pendant six ans comme infirmière dans une unité médico-chirurgicale, et j’y ai acquis une fascination pour les processus par lesquels passent les patients durant leur hospitalisation. C’est ce qui m’a poussée à m’inscrire à la maîtrise à Madison : je voulais approfondir les enjeux psychosociaux dans l’expérience de la santé et de la maladie.
Mon programme de recherche vise à mettre au point des interventions novatrices de cybersanté/santé mobile et à évaluer leurs effets sur les résultats cliniques (comme la qualité de vie, l’autonomisation et l’utilisation des services de santé) des personnes avec un récent diagnostic de cancer. J’étudie aussi comment les différences individuelles (p. ex. les préférences relatives à l’information sur le cancer) peuvent moduler l’expérience de la maladie et les résultats cliniques. J’espère que ma contribution au domaine fait une différence dans la vie des personnes touchées par le cancer.
Mon intérêt pour la recherche est né lorsque je travaillais comme infirmière de recherche à l’Unité de recherche clinique de l’Hôpital Royal Victoria. À l’époque, j’avais remarqué que les patients avaient des préférences marquées pour les soins et que l’approche « standardisée » habituelle ne répondait pas bien à leurs besoins, ce qui semblait affecter leurs comportements et leurs résultats liés à la santé. Ces observations cliniques m’ont poussée à retourner à l’université et à développer un programme de recherche pour explorer comment mieux soutenir les gens qui vivent des problèmes de santé et améliorer leur expérience grâce aux soins centrés sur la personne.
Étant donné l’intérêt scientifique croissant pour la personnalisation des traitements et des soins du cancer, nos travaux sont d’une grande actualité. Nous comptons continuer d’utiliser les technologies de l’information pour mieux comprendre l’expérience personnelle des soins et de la santé et affiner les interventions psychosociales pour les rendre plus accessibles et vraiment adaptées aux besoins des patients. Nous sommes aussi en train de mettre sur pied un programme et une unité de recherche communautaires pour les survivants du cancer, pour lesquels peu de services sont disponibles, malgré des besoins souvent aigus. Plusieurs autres projets passionnants sont également en cours, dont la création d’une plateforme interactive destinée aux femmes qui présentent un risque génétique de cancer du sein, et la mise à l’essai de la « plus grande plateforme de médias sociaux au monde » pour les personnes atteintes de cancer. Ces initiatives du LoiselleLab sont décrites à www.loisellelab.ca.
Mon programme de recherche a reçu un financement généreux des IRSC, du NCIC, du FRQ-S, du CRSH, du PCCC, du Réseau de cancérologie Rossy, de l’Institut indo-canadien Shastri et du RRIISIQ, ainsi que d’hôpitaux, de donateurs privés et de l’Université McGill. Je suis profondément reconnaissante du soutien que m’a accordé l’Université en me nommant titulaire de la Chaire en oncologie psychosociale Christine et Herschel Victor/L’espoir, c’est la vie (2011-2021) et de l’appui de l’Hôpital général juif, du Centre de recherche en sciences infirmières (HGJ), de l’Institut Lady Davis et de L’espoir, c’est la vie.
Dans mon nouveau rôle de directrice adjointe à la recherche de l’École des sciences infirmières Ingram, je compte continuer de développer les interactions académiques avec mes estimés collègues, dont le talent, la motivation et l’excellence dans de nombreux domaines m’impressionnent continuellement. Ensemble, je crois que nous changeons véritablement les choses dans la vie des personnes qui vivent des problèmes de santé, des étudiants, des cliniciens, des scientifiques et de divers acteurs au sein des systèmes de santé, ici et ailleurs.
Le 28 janvier 2019