Par Christina Kozakiewicz, École des sciences infirmières Ingram

Notre corps professoral est l’âme de l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII). Dans ce portrait de notre série Pleins feux sur le corps professoral en sciences infirmières, Annie Chevrier partage sa passion, entre autres, pour les sciences infirmières et l’enseignement. Avant d’accepter un poste d’enseignement à temps plein à l’Université McGill, en 2013, Annie a occupé diverses fonctions dans des établissements de soins aigus. Elle a exercé comme infirmière en pratique avancée dans plusieurs spécialités, dont les soins infirmiers en médecine-chirurgie aux patients hospitalisés et externes, en médecine interne, et en soins aigus et intensifs.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir infirmière?

Je crois que c’est plutôt la profession infirmière qui m’a choisie. Au début de la vingtaine, j’avais une tout autre vision de mon avenir professionnel. J’avais commencé un diplôme en communications, journalisme et marketing à l’Université Concordia parce que je suis curieuse et passionnée de nature, tout et tout le monde m’intéresse. J’adore découvrir et apprendre à connaître les gens et leur histoire. Au cours de mes études dans ce domaine, je me sentais privilégiée que les gens partagent avec moi leurs merveilleuses histoires d’amour, de force, de luttes, d’humanité, de vulnérabilité et de générosité.

Ce faisant, je me suis aussi découvert un immense désir d’aider, de soutenir et d’accompagner les autres. La profession infirmière est alors apparue dans mon champ de vision comme l’incarnation de tout ce qui me tenait à cœur sur le plan des valeurs, des objectifs, de la science, des connaissances et du savoir-faire, que je vois comme des leviers pour aider les autres à développer, améliorer et maintenir leur santé et leur bien-être.

Je me suis donc lancée à fond dans l’aventure, avec toute mon énergie, ma volonté, ma passion, ma curiosité et ma détermination, pour essayer de faire une différence – un patient, une famille, une collègue, une étudiante à la fois. Au fil du temps, j’ai eu énormément de chance de pouvoir explorer plusieurs de mes passions dans le domaine des sciences infirmières. J’ai pu collaborer avec d’extraordinaires infirmières et infirmiers spécialistes en recherche, en enseignement, en gestion et en soins cliniques, ainsi que d’autres professionnels de la santé, des patients, des familles et des étudiants.

Cette aventure ne cesse de m’émerveiller. Pour moi, c’est un parcours de toute une vie, qui me donne l’énergie d’approfondir mes connaissances et de contribuer aux innovations et au développement des sciences infirmières, une discipline qui joue un rôle crucial dans notre société.

Mon cheminement n’a pas du tout été traditionnel. Je suis devenue infirmière à la fin trentaine : la profession m’appelait de plus en plus fortement et intensément, et j’ai finalement décidé de retourner aux études en sciences infirmières, avec les précieux encouragements de ma famille.

Dans les cours, j’étais la « vieille », mes plus jeunes camarades de classe ayant moins de 20 ans. Même si l’expérience était une leçon d’humilité, elle m’a aussi donné le privilège rare de soutenir et d’aider ces jeunes adultes dans leur propre cheminement vers la profession infirmière. Nous formions un groupe tissé serré. Mes pairs m’ont appris que ça pouvait être bien de laisser aller les choses, et ont modéré mes tendances à vouloir tout contrôler. De mon côté, je crois leur avoir montré qu’il ne faut pas nécessairement avoir toutes les réponses, mais que pour apprendre, il faut plutôt s’ouvrir à diverses possibilités et faire preuve de curiosité. Nous avons beaucoup ri, beaucoup pleuré, et compris le pouvoir et le potentiel de guérison de l’amitié et de la générosité.

Quel est votre domaine d’expertise, et pourquoi l’avez-vous choisi?

Après mes études en sciences infirmières, j’ai trouvé mon élan, en quelque sorte, en devenant infirmière aux soins intensifs. C’est dans ce domaine de soins spécialisés que j’ai finalement pu définir ce qui constitue pour moi l’essence de la profession infirmière.

L’expérience de santé des patients et des familles m’a toujours fascinée, et j’essaie donc, dans tout ce que je fais, d’acquérir les connaissances, le savoir-faire et les compétences nécessaires pour optimiser les soins et les résultats cliniques. La sécurité des patients et la qualité des soins sont au cœur de ma pratique professionnelle, et j’ai eu le privilège de développer et de participer à des initiatives cliniques en matière de soins aux patients, notamment en diabète et en soins des plaies, obtenant la certification d’infirmière en médecine-chirurgie (ICMCC) de l’AIIC en 2011.

Ma trajectoire professionnelle a pris un nouveau tournant passionnant après l’obtention de ma maîtrise en sciences infirmières à McGill, en 2010. En acceptant un poste en pratique infirmière avancée (PIA), j’ai pu contribuer encore davantage à d’importantes initiatives d’amélioration de la sécurité et des soins des patients, à la formation continue du personnel infirmier en poste, et à l’enseignement aux étudiantes et étudiants au premier cycle et aux cycles supérieurs.

Qu’est-ce qui vous a motivée à vous joindre au corps professoral de l’ÉSII?

Là encore, j’ai l’impression que c’est l’enseignement et l’ÉSII qui m’ont trouvée!

Même si j’étais comblée par mon rôle en PIA et comme chargée d’enseignement à temps partiel à l’ÉSII, un tout nouveau défi s’est pointé à l’horizon et j’ai senti le besoin de le relever.

C’était une période où la profession infirmière dans son ensemble faisait face à des défis sociétaux de plus en plus complexes, devant lesquels on ne présentait que des solutions faciles et temporaires, appliquées de façon réactive. Nous devions examiner la profession globalement et déterminer la marche à suivre pour relever ces défis. La conversation et la réflexion se tournaient de plus en plus vers la façon dont les établissements d’enseignement formaient les prochaines générations d’infirmières et d’infirmiers pour ces réalités. C’est à la même époque, en 2010, que Patricia Benner a publié son livre Educating Nurses: A Call for Radical Transformation, qui a eu une influence déterminante sur la profession infirmière. Ses idées inspiraient beaucoup mes réflexions et mes échanges à titre personnel et professionnel dans mon enseignement à l’ÉSII. Nos étudiantes et les étudiants démontraient, et démontrent encore aujourd’hui, un talent, une intelligence, une motivation et une curiosité remarquables, au moment de se lancer dans la profession infirmière. Je savais que nous faisions d’excellentes choses en enseignement, mais en tant qu’établissement et corps professoral, nous avions la responsabilité de nous assurer que nous faisions tout en notre pouvoir pour les préparer à la complexité du monde de la santé et des soins infirmiers.

En 2013, j’ai donc fait un autre saut, cette fois vers l’enseignement à temps plein! J’avais l’objectif simple – et très ambitieux – de contribuer de toutes les manières possibles à ce que nos programmes d’études soient conçus et mis en œuvre de façon à procurer à nos diplômés l’excellent niveau de connaissances, de savoir-faire et d’expertise nécessaire pour exercer la profession infirmière dans le respect du contrat social.

J’ai fait le saut en sachant que je travaillerais avec des collègues au talent et à l’esprit d’innovation exceptionnels, dont la contribution collective aux sciences infirmières a eu un impact profond sur la santé et le bien-être des patients, des familles et des communautés partout dans le monde. C’est un honneur et un privilège et j’en suis reconnaissante chaque jour.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?

J’adore la créativité et la passion que je vois tous les jours chez mes collègues! L’ÉSII est grouillante d’activité; c’est une sorte de laboratoire où notre imagination, nos idées et notre créativité nous aident à créer et à développer des innovations en pédagogie, en recherche et en soins cliniques qui contribuent à faire avancer la discipline.

Quel aspect de la profession infirmière aimeriez-vous faire connaître au grand public?

La profession infirmière profite d’une position unique en santé. Nous sommes les seuls professionnels de la santé qui accompagnent le patient 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dans tout le continuum de soins. Les infirmières ont une perspective holistique de la santé, de la maladie et de la guérison. Les piliers de la profession sont les soins centrés sur le patient/la famille – pour renforcer leur pouvoir d’agir –, les capacités internes de santé et de guérison, et les soins relationnels.

Avez-vous un mot de la fin à ajouter?

Être infirmière est un privilège unique, qui s’accompagne d’importantes responsabilités. Les soins infirmiers sont une science et une discipline qui exigent un savoir-faire, des connaissances et des compétences pour optimiser la santé des patients, des familles et des communautés.

Le 4 avril 2019