Par Christina Kozakiewicz, École des sciences infirmières Ingram

Notre corps professoral est l’âme de l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII). À l’occasion de la Journée internationale des femmes 2019, Cheryl Armistead, inf., M. Sc. inf., MBA et chargée d’enseignement à l’ÉSII, témoigne de sa passion pour la santé et l’équité des femmes. Elle a eu une carrière bien remplie en soins infirmiers périopératoires, périnatals et de santé communautaire avant sa nomination à l’ÉSII. Cheryl a aussi occupé, pendant plus de dix ans, des postes de direction au sein d’associations communautaires locales et professionnelles nationales. Son récent MBA portait sur la pérennité du secteur pluriel, avec un intérêt particulier pour la pérennité en contextes contemporains d’associations professionnelles en santé.

La Journée internationale des femmes

Tous les ans, la Journée internationale des femmes célèbre le 8 mars les réalisations sociales, économiques, culturelles et politiques des femmes dans le monde entier. La journée demeure un appel à l’action pour que la parité entre les sexes se réalise à l’échelle mondiale.

#BalanceforBetter #JournéeInternationaledesFemmes2019

 

Pourquoi avez-vous choisi de devenir infirmière?

 

Je dirais que c’est la profession d’infirmière qui m’a choisie, plutôt que l’inverse. J’ai su dès l’âge de neuf ans, lors de la première de mes fractures osseuses, que je serais associée d’une manière ou d’une autre à l’univers des soins de santé. Alors que je me dirigeais en sciences de la santé au cégep, une absence scolaire due à la maladie, mon jeune âge, des suppositions genrées et une politique inflexible ont créé des obstacles insurmontables. J’ai abouti en sciences infirmières comme option viable et la suite appartient à l’herstory, ce jeu de mots des féministes anglophones.

 

Qu’est-ce qui vous a menée à la santé et à l’équité des femmes comme domaines de prédilection?

 

J’ai décidé il y a longtemps de faire mon possible pour améliorer le sort des femmes et de leurs enfants. Durant ma vie et ma carrière, j’ai été témoin et j’ai fait l’expérience de structures genrées qui désavantageaient les femmes en général et certaines femmes en particulier. C’était très net dans mon travail communautaire auprès de familles de réfugiés et d’immigrants à Montréal. Or, tout ce qui est fondamentalement et inutilement inéquitable pousse mon sens inhérent et aigu de justice à protester. Ce levier d’action demeure le fil d’Ariane de ma carrière.

 

Qu’est-ce qui vous a motivée à faire partie du corps professoral de l’ÉSII?

 

J’y ai été recrutée en raison de mon engagement en tant que préceptrice clinique en soins infirmiers communautaires. Bien que je n’aie pas vraiment envisagé l’enseignement, j’ai compris que cela me permettrait d’améliorer davantage la pratique infirmière pour le bien de la profession et du public, par comparaison à la pratique clinique dans un cadre. Susan French, professeure à la retraite et ex-directrice de l’ÉSII, a eu des arguments convaincants qui m’ont incitée à accepter.

 

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?

 

Je tire une grande satisfaction d’avoir transformé le programme d’études en soins infirmiers communautaires de ce qu’il était à l’origine, c’est-à-dire des soins de première ligne en milieu ambulatoire institutionnel, à ce qu’il est maintenant, c’est-à-dire d’authentiques soins de première ligne avec un réel intérêt communautaire. En intégrant des principes d’apprentissage axés sur la communauté, nous avons créé un réseau de plus de 30 partenaires communautaires, qui est encore en activité. Nos projets conjoints ont vraiment fait une différence : amener les autorités en matière de logement social à accorder 1,6 million de dollars pour remédier à des problèmes de moisissures dans une résidence logeant des mères monoparentales et leurs enfants; préconiser l’ajout des soins dentaires au régime public d’assurance-maladie; créer les premiers communiqués d’intérêt public au Canada à propos du risque de dépression et de suicide chez les aînés. Cette initiative particulière a reçu le prix Ted Freedman pour l’innovation en éducation, nouvelles pratiques exemplaires en 2013.

 

Plus récemment, j’ai pu englober cette philosophie de l’impact du monde réel, de réseaux de partenaires et de démarches créatives dans les cours à options en sciences de la santé qui portent sur la santé des femmes. Nous abordons des enjeux contemporains en santé des femmes par les sphères interconnectées que sont l’environnement, la politique, la société et les soins de santé. Nous tenons des événements interactifs, comme un panel sur « Les femmes en politique », pour expliquer les processus politiques et encourager les étudiants, surtout les femmes, à donner leur opinion concernant les politiques et la politique. Je suis souvent ravie et remplie d’humilité devant les idées et les réalisations extraordinaires des étudiants pendant et après leur apprentissage à McGill. Tout cela serait impossible sans les nombreuses femmes talentueuses issues de divers secteurs de la politique, des soins de santé, de la recherche et du développement des communautés qui ont partagé leur savoir-faire pour nos étudiants et la santé des femmes.

 

Quels sont vos messages clés à propos des soins infirmiers, et de la santé et de l’équité des femmes?

 

Le personnel infirmier compte des professionnels des sciences de la santé hautement éduqués qui sont aussi des alliés bienveillants et compatissants du public. De plus, lorsque toutes les femmes et leurs enfants vont bien et réussissent, toute la société en profite. L’un des thèmes prévalents dans les cours à options en sciences de la santé est l’insuffisance d’un programme complet en santé des femmes pour l’ensemble des étudiants canadiens au premier cycle, peut-être plus particulièrement pour les futurs professionnels de la santé. S’ajoute à cela l’insuffisance de la recherche sur l’intersectionnalité des sexes englobant l’expérience de diverses personnes. Cela remet en question les données probantes, les politiques et les services en matière de soins de santé. Les universités peuvent et doivent faire mieux, dans le cadre de leurs missions en éducation, en recherche et auprès de la communauté, par l’adoption d’une stratégie en amont pour améliorer la santé et l’équité des femmes.

 

Quelle est la suite?

Je suis adepte du pouvoir des petites avancées, et en voici un exemple et une occasion formidables : le Canada est l’hôte de la conférence Women Deliver 2019 à Vancouver du 3 au 6 juin. Il s’agit de la rencontre internationale la plus importante sur la santé, les droits et le bien-être des filles et des femmes. Bien que le Canada soit un chef de file en matière d’#égalitédessexes, il reste encore beaucoup à accomplir! Mobilisez-vous à nos côtés autour de l’un ou des trois thèmes : des systèmes de santé adaptés aux spécificités des sexes, la violence fondée sur le sexe et l’autonomisation économique des femmes. Agissez par un geste petit ou grand pour la Journée internationale des femmes le 8 mars 2019 et continuez de jouer un rôle catalyseur avant et après juin.

 

Le 7 mars 2019