Par Frédérique Mazerolle

L’appel à inclure les perspectives autochtones dans les milieux d’enseignement universitaire s’impose de plus en plus dans les universités à travers l’Amérique du Nord. Récemment, lors d’un cours tenu sur cinq semaines, un groupe d’étudiants aux cycles supérieurs et de chercheurs du Département de médecine de famille de l’Université McGill a pu se familiariser avec les points de vue autochtones sur la santé et le mieux-être, et échanger sur le développement de partenariats collaboratifs avec les peuples autochtones grâce à une recherche axée sur le patient.

Maintenant à sa deuxième édition, le cours portait sur l’exploration des perspectives des communautés autochtones sur la santé et le mieux-être, particulièrement les divergences entre les connaissances et pratiques occidentales et autochtones et l’impact des processus d’assimilation et d’ethnostress sur celles-ci.

« Ce cours a été conçu pour aborder l’expérience de la santé et du mieux-être des peuples autochtones avant le contact avec les colons européens, en poursuivant avec la période qui a mené à la colonisation et à l’oppression de ces communautés », explique Alex McComber, professeur adjoint en médecine de famille et enseignant principal du cours. « Cela nous permet d’évaluer les effets à court et à long terme sur la santé et le mieux-être des peuples autochtones, tout en nous amenant à l’époque contemporaine où les peuples et les chercheurs autochtones collaborent avec les chercheurs et professionnels de la santé occidentale de façon plus respectueuse pour comprendre l’impact de l’expérience et utiliser les connaissances et pratiques traditionnelles pour améliorer la santé des gens. »

Les étudiants aux cycles supérieurs et les chercheurs qui ont participé au cours d’été se sont familiarisés avec les travaux de recherche occidentaux et autochtones sur des concepts tels que la santé holistique, le génocide culturel et le processus de décolonisation des approches et des processus. Chaque séance s’est terminée par un cercle de réflexion pour donner aux participants l’occasion de partager leurs pensées et leurs idées dans un espace sûr et inclusif.

« D’un point de vue professionnel, ce cours m’a ouvert les yeux sur la souffrance des peuples autochtones, ainsi que sur la résilience des communautés et sur la façon dont cette résilience peut être mise en évidence dans les partenariats de recherche collaborative », affirme Geneviève Arsenault-Lapierre, associée de recherche au sein du Département de médecine de famille. « Je comprenais cognitivement cette souffrance, mais cette expérience m’a permis de me mettre dans une meilleure position d’empathie et, je l’espère, de mieux me situer comme alliée et chercheuse. »

Sous sa forme actuelle, le cours d’un crédit est intitulé FMED506: Indigenous perspectives: Decolonizing the approach to health. D’ici l’année universitaire 2020-2021, le cours vaudra trois crédits et pourrait éventuellement faire partie des programmes d’études supérieures du Département de médecine de famille.

« La recherche et l’érudition autochtones constituent une priorité pour le Département depuis notre premier partenariat entre la communauté autochtone de Kahnawake et la Dre Ann Macaulay [directrice inaugurale de la recherche participative à McGill et ancienne directrice scientifique du Kahnawake Schools Diabetes Prevention Project], il y a plus de 25 ans », ajoute la Pre Gillian Bartlett-Esquilant, directrice de la recherche au Département de médecine de famille. « J’espère que nous pourrons vraiment faire place à l’approche autochtone de l’apprentissage et du savoir en évitant de nous accrocher à tout prix à l’approche que nous avons apprise par le passé. »

Le 3 septembre 2019