Cette série d’entretiens s’inscrit dans le cadre de l’initiative Le Mois de l’histoire des Noirs et au-delà, lancée par le comité organisateur du Mois de l’histoire des Noirs et dirigée par des membres noirs de la communauté étudiante et enseignante de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, en collaboration avec le Comité sur l’équité, la diversité, l’inclusion et l’antiracisme (ÉDIAR) de l’École de santé des populations et de santé mondiale.

 

  1. Pouvez-vous nous parler un peu de vous?

Je suis étudiante en 5e année de doctorat au Département de physiologie. Née de parents caribéens originaires de la Jamaïque et de Trinité-et-Tobago, j’ai passé toute ma vie à Montréal. Je joue de la clarinette, je suis une grande amatrice d’animes et j’adore la littérature fantastique. Je suis passionnée par l’équité, la diversité et l’inclusion dans les sciences, et j’espère continuer à travailler sur ces sujets une fois mon doctorat terminé.

  1. Pouvez-vous décrire votre programme d’études et votre projet de recherche?

J’étudie en neurosciences. Mon projet vise à comprendre comment les tanycytes, des cellules spécialisées présentes dans les régions du cerveau où la barrière hémato-encéphalique est incomplète, peuvent servir de pont entre le cerveau et la circulation périphérique. Je cherche à savoir comment ces cellules peuvent détecter les changements dans le sang pour envoyer un signal aux neurones du cerveau qui régulent la tension artérielle et l’équilibre hydrique.

  1. Qu’est-ce qui vous a incitée à aller vers ce domaine de recherche? Qu’espérez-vous accomplir?

Après avoir suivi deux cours d’endocrinologie pendant ma dernière année de baccalauréat, j’ai commencé à me demander comment le cerveau régule les nombreuses fonctions de l’organisme. Faire des recherches sur les tanycytes sous la direction de la professeure Masha Prager-Khoutorsky (laboratoire Prager-Khoutorsky) est l’occasion idéale d’étudier cette question, parce que ça me permet de faire de nouvelles découvertes sur la contribution de ces cellules spéciales à la communication entre le cerveau et le corps. Le fait d’être à l’avant-plan d’un projet de recherche m’a montré à quel point il est passionnant de mener un projet tout en interagissant et en collaborant avec des chercheurs du monde entier.

  1. Pourquoi avez-vous choisi McGill?

Depuis que je suis toute jeune, j’ai toujours rêvé d’étudier à McGill. Ayant entendu parler des chercheurs et chercheuses de grand renom qui sont diplômés de McGill, je voulais faire partie de cette communauté. Le fait d’être près de ma famille pendant mes études a également été un facteur clé.

  1. Pouvez-vous décrire votre implication au sein de la communauté et expliquer pourquoi vous pensez que c’est important, surtout en tant que membre de la communauté noire?

Je suis secrétaire et responsable du blogue de Black In Neuro, un organisme international à but non lucratif dont la mission est d’accroître la diversité en neurosciences en créant une communauté qui valorise les universitaires et spécialistes noirs dans les domaines liés aux neurosciences. Pendant mon séjour à McGill, tant au premier qu’au deuxième cycle, je me suis sentie très isolée parce que le nombre d’étudiantes et d’étudiants noirs de mon programme diminuait considérablement à mesure que j’avançais dans mes études. Il n’y avait pas non plus de membres noirs du corps professoral. J’ai décidé de rallier Black In Neuro parce que je veux montrer au monde que les universitaires noirs existent et que nous sommes PARTOUT. Mon travail avec Black In Neuro a été très enrichissant et gratifiant, et j’espère continuer dans cette voie après mon doctorat.

  1. Comment votre identité en tant que membre de la communauté noire a-t-elle influencé vos préférences de recherche ou votre engagement communautaire?

Comme membre de la communauté noire, j’ai constaté que même si j’aime mes recherches, il est important de rappeler que les scientifiques sont aussi des êtres humains aux identités et aux expériences complexes. En interagissant avec mes collègues de laboratoire et mes collègues en recherche, j’essaie toujours d’incarner cet idéal en encourageant les gens à essayer de changer la société, même si c’est à petite échelle.

  1. Quel conseil donneriez-vous à la toute jeune fille que vous étiez, en sachant ce que vous savez aujourd’hui?

Avec le recul, je me dirais de toujours défendre ce en quoi je crois. Même si cela peut prendre du temps, une fois qu’on a trouvé une communauté de gens qui partagent nos croyances et nos idéaux, on s’épanouit. Je tiens aussi à souligner combien il est important de faire valoir ses droits quand il semble que personne ne croit en vous.