La dépression pendant la grossesse et la période postnatale est un problème important. Plutôt que d’utiliser un instrument de dépistage avec score prédéfini pour détecter la dépression chez toutes les personnes enceintes ou en période postnatale, les cliniciens devraient poser des questions sur leur bien-être dans le cadre des soins usuels, selon la nouvelle ligne directrice du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs publiées dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ).

« La dépression chez les personnes enceintes ou en période postnatale est dévastatrice et représente un lourd fardeau pour les familles; il est crucial de la détecter », explique le Dr Eddy Lang, urgentologue, professeur à la faculté de médecine Cumming del’Université de Calgary et président du Groupe de travail sur la dépression pendant la grossesse et la dépression postnatale du Groupe d’étude canadien.

Toutefois, peu de données indiquent que le dépistage universel de la dépression par un questionnaire standardisé avec score prédéfini améliore les résultats à long terme pour cette population, un signe que plus de recherche est nécessaire.

« Nous n’avons malheureusement pas trouvé de données permettant d’appuyer le dépistage universel de la dépression par un questionnaire avec score prédéfini; les prestataires de soins de santé de première ligne devraient plutôt discuter du bien-être chaque visite, ajoute le Dr Lang. Il faut mettre l’accent sur une approche individuelle, et non uniformisée. »

Les taux de dépression sont de 8 % durant la grossesse et de 9 % en période postnatale, contre 8 % chez les personnes non enceintes.

Durant l’élaboration de la ligne directrice, le Groupe d’étude canadien a demandé aux personnes recevant des soins quelles étaient leurs valeurs et préférences relativement au dépistage. Ces personnes ont dit croire fortement qu’il est essentiel de parler de la dépression avec son prestataire de soins de santé lors de la grossesse et de la période postnatale.

La ligne directrice s’adresse aux prestataires de soins de santé du Canada, notamment les médecins, le personnel infirmier, les sages-femmes et autres professionnels qui travaillent avec des personnes enceintes ou en période postnatale. Elle remplace la ligne directrice de 2013 du Groupe d’étude canadien.

La ligne directrice s’applique pendant la grossesse et dans les douze mois suivant l’accouchement. Elle n’est pas destinée aux personnes enceintes ou en période postnatal ayant des antécédents de dépression ou qui sont évaluées ou traitées pour d’autres troubles mentaux.

Conseils aux cliniciens
  • Demandez à la personne comment elle se sent lors des rendez-vous de soins habituels.
  • Évitez de faire un dépistage systématique à l’aide d’un instrument standardisé avec un score prédéfini.
  • Portez attention aux signes de dépression.
  • Utilisez votre jugement clinique pour décider des prochaines étapes.

« Une dépression pendant la grossesse ou la période postnatale peut avoir des répercussions importantes. C’est pourquoi il est essentiel pour les cliniciens de rester à l’affût de signes ou symptômes laissant penser à une dépression. Toutefois, établir un score avec un questionnaire universel spécifique ne démontre pas plus de bénéfices et pourrait même inquiéter des personnes qui vont bien, explique la Dre Guylène Thériault, membre du groupe de travail et médecin de famille en Outaouais qui fait partie du Département de médecine de famille de l’Université McGill. Nous suggérons aux cliniciens d’exercer une vigilance auprès de leur patientèle durant cette période au lieu d’utiliser des questionnaires et de baser leurs suivis sur un score. »

Comme les pratiques de dépistage varient au Canada et que plusieurs provinces et territoires recommandent le dépistage avec un instrument standardisé, il fallait mettre à jour les recommandations.

« Ce qui est important, c’est de rester à l’affût des signes de dépression lors des soins usuels; privilégier des pratiques sans bénéfices démontrés peut détourner l’attention d’autres problèmes de santé, avance la Dre Brenda Wilson, médecin et professeure en santé communautaire à l’Université Memorial de St. John’s), et coprésidente du Groupe d’étude canadien. »

Le Collège des médecins de famille du Canada appuie la ligne directrice.

Consultez la ligne directrice et les outils connexes ici.

Les personnes qui se sentent tristes ou déprimées devraient parler à leur prestataire de soins de santé de première ligne ou s’adresser à une ressource d’aide pour la dépression :

SOURCE Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs

Renseignements: Personne-ressource pour les médias : Kim Barnhardt, CMAJ, kim.barnhardt@cmaj.ca