Des chercheurs de l’IR-CUSM dirigent une analyse en « environnement réel » des formes de traitement ayant recours aux inhibiteurs du point de contrôle immunitaire

 

Source : IR-CUSM.

Le mélanome est le type de cancer de la peau le moins répandu, mais le plus grave. Au Canada, l’incidence du mélanome est de plus en plus importante; en effet, en 2020, 8 000 Canadiens recevront un diagnostic de mélanome, et 1 300 d’entre eux mourront de cette maladie. Lorsqu’un mélanome se propage à d’autres parties du corps, comme un poumon, le foie ou le cerveau, les chances de survie sont considérablement réduites. Toutefois, pour les patients dont le cancer est rendu à ce stade (on parle alors de mélanome métastatique), il existe de nouveaux médicaments, appelés inhibiteurs du point de contrôle immunitaire; ces médicaments ont transformé le monde des traitements, améliorant du fait même la réponse thérapeutique et les taux de survie. Cependant, il est possible que certains patients soient contraints d’interrompre cette forme de traitement lorsqu’il devient inefficace ou lorsque le médicament s’avère toxique.

Dans une nouvelle étude, publiée dans le journal Scientific Reports, un groupe de chercheurs a décrit, en environnement réel, les formes de traitements possibles avec les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire chez les patients présentant un mélanome métastatique. Sous la direction de Sasha Bernatsky, M.D., Ph. D., professeure James McGill à la Faculté de médecine de l’Université McGill et scientifique senior à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), l’équipe de chercheurs a sélectionné aux États-Unis huit cents patients présentant un mélanome métastatique; ces patients avaient commencé à recevoir le traitement aux inhibiteurs du point de contrôle immunitaire entre 2015 et 2017. L’objectif principal de ces travaux de recherche était d’évaluer le nombre de patients qui allaient abandonner le traitement aux inhibiteurs du point de contrôle immunitaire, tout en comparant trois régimes thérapeutiques, soit le pembrolizumab, le nivolumab ainsi que le nivolumab et l’ipilimumab pris en association (bithérapie).

Marina Machado, Ph. D., boursière postdoctorale et auteure principale de l’étude, et la Dre Sasha Bernatsky, scientifique senior à l’Institut de recherche du CUSM

« Les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire sont depuis quelque temps utilisés comme traitement de première ligne contre le mélanome métastatique, mais on ignore encore la durée optimale du traitement, déclare la Dre Bernatsky, qui fait partie de l’équipe du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale et qui dirige le Centre de recherche évaluative en santé de l’IR-CUSM. La Dre Bernatsky dirige également l’équipe du Canadian Network for Advanced Interdisciplinary Method (CAN-AIM), financé par le Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments des Instituts de recherche en santé du Canada.

Les résultats de l’étude dont il est ici question démontrent que, pendant la première année du suivi, de 50 à 60 pour cent des patients ont abandonné le traitement aux inhibiteurs du point de contrôle immunitaire. Pour ce qui est du taux d’abandon du traitement, bien que l’écart ait été très léger ou non perceptible entre les différentes formes de traitement aux inhibiteurs du point de contrôle immunitaire, les tendances qui se dégageaient étaient que le traitement au pembrolizumab affichait un taux d’abandon plus faible. Les patients traités au nivolumab/ipilimumab étaient plus enclins à cesser le traitement et à recevoir un corticostéroïde général, ce qui laisse entendre qu’il y avait davantage de toxicités aiguës (à court terme) en lien avec une hyperactivité du système immunitaire. Les patients traités au nivolumab avaient eu tendance à entreprendre auparavant un autre traitement contre le cancer, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que des signes de progression du mélanome se seraient manifestés. Dans les travaux de recherche dont il est ici question, le pembrolizumab était plus fréquemment utilisé (44 pour cent) que le nivolumab (25 pour cent). Ces résultats peuvent laisser entendre qu’il y a eu une légère préférence pour le pembrolizumab par rapport au nivolumab, possiblement en raison des différents schémas posologiques (une injection toutes les trois semaines dans le cas du pembrolizumab, comparativement à une injection toutes les deux semaines pour ce qui est du nivolumab).

« Notre objectif est de mieux comprendre les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire et, au bout du compte, leur capacité à accroître les taux de survie chez les patients présentant un mélanome, explique Marina Machado, Ph. D., boursière postdoctorale à l’IR-CUSM et auteure principale de l’étude. Il s’avère encore nécessaire de poursuivre les recherches pour confirmer les résultats commentés dans le présent communiqué et pour évaluer d’autres aspects du traitement. »

À propos de l’étude

Machado, M.A.d., de Moura, C.S., Chan, K. et al. Real-world analyses of therapy discontinuation of checkpoint inhibitors in metastatic melanoma patients. Sci Rep 10, 14607 (2020). https://doi.org/10.1038/s41598-020-71788-z

Le 21 septembre 2020