Les résultats d’une étude pourraient donner lieu à de nouveaux traitements pour l’hypertension
Les avancées de notre compréhension concernant les cibles des médicaments ces dernières années compliquent le développement de nouveaux médicaments.
Une nouvelle étude effectuée par des chercheurs des laboratoires de Terry Hébert et Stéphane Laporte de l’Université McGill à Montréal remet en question notre notion des effets de certains médicaments, grâce à l’examen des interactions entre des médicaments ciblant deux différentes molécules réceptrices du muscle lisse vasculaire – toutes deux importantes dans le contrôle de la pression artérielle et le développement de l’hypertension, un problème qui affecte nombre de Canadiens. Les résultats de l’étude sont rapportés dans le Journal of Biological Chemistry du 30 janvier.
Selon Statistique Canada, 22 % des adultes canadiens âgés de 20 à 79 ans souffrent d’hypertension. Or, 17 % n’en sont pas conscients. Le taux augmente avec l’âge, 52 % des Canadiens âgés de 60 à 79 ans ayant reçu un diagnostic d’hypertension d’un professionnel de la santé, prenant des antihypertenseurs ou ayant une tension artérielle élevée. L’hypertension peut provoquer une crise cardiaque ou un AVC, qui figurent parmi les principales causes d’hospitalisation et de décès au Canada et qui sont responsables d’un décès sur trois à l’échelle mondiale, selon les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis.
Dans l’étude, les co-premiers auteurs Eugénie Goupil et Dany Fillion ont identifié une nouvelle interaction entre les récepteurs de la prostaglandine F et de l’angiotensine qui modifie la réaction de chacune aux molécules les activant ou les inhibant. « Les résultats sont étonnants, car ils ébranlent notre conception des effets précis de ces médicaments », explique Eugénie Goupil. « Fait intéressant, en raison de l’interaction des deux récepteurs, l’impact d’un médicament spécifique sur un récepteur ciblé entraîne aussi des changements dans la réaction de l’autre récepteur. »
« Nous avons aussi montré que les résultats de la combinaison de médicaments changent lorsque nous étudions différentes cellules, voire différentes activités de transmission de signaux dans les mêmes cellules », souligne le Pr Hébert. « Cela pourrait modifier le traitement de maladies comme l’hypertension ou l’insuffisance cardiaque, car les effets de la combinaison de médicaments pourraient se traduire par de nouvelles approches thérapeutiques à mesure que nous apprenons à cibler les complexes de “deux récepteurs” ou “hétérodimères” plutôt que chaque récepteur séparément. »
Les chercheurs étudient maintenant une plus grande variété d’activateurs et d’inhibiteurs pour chaque récepteur, afin de voir comment différentes combinaisons de médicaments pourraient contrôler plus efficacement la manière dont les récepteurs agissent dans la santé et la maladie, un aspect en général ignoré par les sociétés pharmaceutiques.
Les travaux de recherche étaient soutenus financièrement par les Instituts de recherche en santé du Canada.
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