Un modèle utilisé en fertilisation in vitro pour le dépistage d’anomalies génétiques pourrait guider les décideurs

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Les techniques de modification du génome humain à des fins de recherche et de traitement évoluent, ce qui ne va pas sans soulever des interrogations éthiques chez les scientifiques du monde entier.

D’un côté, les progrès techniques pourraient permettre aux médecins de modifier les gènes des cellules germinales – contenus dans le sperme et les ovules – pour mettre la descendance à l’abri de maladies génétiques dévastatrices. D’un autre côté, la possibilité que pareilles manipulations altèrent le patrimoine génétique humain préoccupe au plus haut point de nombreux scientifiques, certains estimant même que la modification génomique devrait être interdite à tout jamais.

Au moment où, partout dans le monde, les États s’emploient à baliser le recours à ces techniques novatrices et puissantes, les décideurs doivent fixer les « limites de l’acceptabilité », expliquent trois chercheurs du Centre de génomique et politiques de l’Université McGill.

Dans un article de la série « Perspective » du magazine Science, Rosario Isasi, Erika Kleiderman et Bartha Maria Knoppers proposent aux décideurs de s’inspirer du modèle ayant servi à l’édiction des règles régissant le diagnostic génétique préimplantatoire à la suite d’une fertilisation in vitro.

On a recours au diagnostic génétique préimplantatoire (DGP) pour dépister certaines maladies génétiques chez l’embryon et prévenir ainsi leur transmission à l’enfant. D’abord fortement controversée, cette pratique relève aujourd’hui essentiellement des règles régissant la recherche biomédicale, écrivent les chercheurs. De nombreux pays autorisent le DGP sous réserve de certains paramètres médicaux; par exemple, la maladie visée doit être grave et le risque que l’enfant en soit atteint, assez élevé.

Une approche qui a fait ses preuves

Le modèle du DGP est loin d’être parfait et demeure litigieux, conviennent les auteurs, mais c’est une « approche solide en matière de réglementation », qui repose sur des paramètres médicaux bien définis et sur l’existence d’un risque considérable.

En matière de modification génomique, « de nombreuses interrogations demeurent », ajoutent les auteurs. Y a-t-il des circonstances où il serait justifié de recourir à cette technique pour favoriser ou éliminer certains attributs humains? Les interventions non médicales seraient-elles envisageables dans certains cas?

Quoi qu’il en soit, « les possibilités qu’offre la modification génomique en prévention des maladies pourraient faire évoluer favorablement l’opinion publique. Et une politique de facto pourrait se dégager de l’ensemble des décisions prises au fil du passage de la recherche à l’application clinique », concluent les auteurs.

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L’article « Editing Policy to Fit the Genome? », par Rosario Isasi, Erika Kleiderman et Bartha Maria Knoppers, a été publié dans Science, le 22 janvier 2016 : http://science.sciencemag.org/content/351/6271/337

Le 22 janvier 2016