Un neurochirurgien décrit les méthodes novatrices que le Neuro a lancées au Canada


Source : Le Neuro

La chirurgie est l’option de dernier recours du traitement de l’épilepsie réfractaire aux médicaments. Sophie Jodouin a composé exceptionnellement bien avec le stress qu’induisaient les risques en jeu.

Nous avons proposé l’implantation robotique d’électrodes intracrâniennes pour assurer que les zones cernées par l’examen d’IRM étaient bel et bien le foyer de son trouble convulsif. D’autres méthodes d’implantation d’électrodes sont en usage depuis près de 50 ans, mais, en 2011, le Neuro est le premier établissement au Canada à recourir à la chirurgie assistée par robotique de ce genre. Les électrodes intracrâniennes sont beaucoup plus précises que les électrodes de cuir chevelu qui doivent atteindre le foyer épileptique profond pour enregistrer l’activité électrique à partir de la surface en sondant au travers du tissu cérébral, de l’os crânien et du cuir chevelu.

Le Dr Satyakam Baruah, neurochirurgien originaire de l’Inde, est entré au Neuro précisément pour apprendre comment appliquer les procédures de cette nature. Lui et moi avons implanté les électrodes, et Sophie est ensuite passée à l’unité de suivi des patients épileptiques pour cerner le siège actif qui se trouvait près de la zone contrôlant la région sensorimotrice de sa jambe et de son pied.

Une nouvelle technique mise en œuvre exclusivement au Canada, au Neuro, depuis les cinq dernières années, la thermocoagulation, consiste à faire passer un courant électrique dans les contacts actifs d’une électrode pour détruire le foyer épileptique. Le patient demeure éveillé pour éviter toute complication. Cette intervention est de loin plus sûre que la chirurgie effractive. Sophie a accepté cette procédure qu’elle a subie exceptionnellement bien et sans complication.

Elle a pu vivre une période exempte de crises épileptiques pour la première fois depuis très longtemps. Nous étions tous ravis. Malheureusement, la taille des lésions traitées était très faible étant donné que les électrodes n’ont un diamètre que de 0,8 mm. Ses crises d’épilepsie ont réapparu. Cela dit, nous disposions d’une preuve solide selon laquelle nous avions localisé la source si longtemps recherchée de son épilepsie. Je n’aurais jamais proposé d’intervention effractive sans ce renseignement crucial.

Nous avons eu un long entretien à propos d’une craniotomie sous anesthésie générale guidée par image pour que je me puisse me livrer à une extraction plus vaste du foyer des convulsions autour des contacts des électrodes. Nous avons également pu appliquer une technique d’IRM, la tractographie, pour éviter autant que possible les fibres responsables du mouvement moteur de sa jambe et de son pied. Sophie a accepté bravement de courir le risque associé à l’intervention. Par la suite, elle a éprouvé une certaine faiblesse dans sa jambe. Sophie a si bien collaboré avec notre équipe d’ergothérapeutes et de physiothérapeutes affectée aux patients hospitalisés qu’elle n’a pas eu besoin de réadaptation ambulatoire. J’étais très impressionné é de la voir courir sur place lors de sa dernière consultation. Compte tenu de la détermination exceptionnelle de Sophie, je suis persuadé que son état continuera de s’améliorer.

C’est avec un immense plaisir que j’ai pris part à son traitement. C’est grâce à elle et à des patients qui lui ressemblent que nous, de l’équipe de la Clinique de l’épilepsie du Neuro, continuons de repousser les frontières de l’offre aux patients atteints de troubles convulsifs réfractaires.