Maxime Labelle se souvient de son tout premier cours de médecine à McGill : « Au cours des quatre prochaines années, vous apprendrez 50 000 nouveaux mots et concepts! », avait-on annoncé à la nouvelle cohorte.  

Seize ans plus tard, maintenant interniste et enseignant à la Faculté de médecine et des sciences de la santé au Campus Outaouais, le Dr Labelle revient sur cette remarque pour décrire à quel point l’enseignement l’anime. « En entendant ces paroles, j’ai été intimidé par l’ampleur de la tâche », se souvient-il. « En même temps, je me suis dit qu’il fallait donner un sens à tout ça; pour nous, et pour nos patients! » 

C’était la bougie d’allumage. 

La médecine est reconnue comme une science codée et rigoureuse. Le Dr Labelle est convaincu qu’elle est aussi un art. Il consacre donc beaucoup d’efforts à communiquer l’information significative à ses étudiants et à ses patients. Soudain, ces 50 000 nouveaux concepts deviennent accessibles. 

Le Dr Labelle affirme devoir beaucoup à l’enseignement. « Je suis convaincu que l’enseignement fait de moi un meilleur médecin, avec toutes ces questions des étudiants qui forcent la réflexion et le retour aux apprentissages de base », explique-t-il. « De plus, l’enseignement en région comporte une dimension additionnelle. La polyvalence est requise, car la rareté des ressources nous fait porter plusieurs chapeaux et nous incite à trouver les réponses. » 

L’enseignement lui doit beaucoup aussi. À la veille d’amorcer sa résidence, le jeune médecin en formation ne se sentait pas à l’aise d’affronter les situations où la vie d’un patient était en jeu. Un sondage qu’il a mené auprès de ses collègues a révélé que 95 % de ceux-ci vivaient la même angoisse! C’est alors qu’il s’est tourné vers le Dr Jeffrey Wiseman, son mentor. « Sa façon d’enseigner m’avait tellement touché que je me voyais en lui et voulais devenir le prochain Dr Wiseman », se remémore-t-il. Ensemble, ils ont créé le cours ERRAD (Early Recognition of and Response to Acute Deterioration) pour préparer les futurs résidents à mieux réagir devant les urgences médicales auxquelles ils auront à faire face.  

« Le cours contient 10 simulations de patients en détérioration aiguë, codées sur une clé alphabétique que nous avons développée », explique le Dr Labelle. « Celle-ci guide les étudiants lorsqu’ils sont confrontés à diverses problématiques qui affligent un même patient. » Et les étudiants apprécient. « Chaque année, ERRAD est le cours le mieux noté par les étudiants, et au moins l’un d’eux me signale qu’il lui a permis de sauver un patient ». 

Ce cours s’est maintenant imposé au curriculum de la quatrième année. Il explique en partie que le Dr Labelle ait été l’un des deux premiers lauréats du Prix d’excellence en enseignement Osler de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. « C’est très spécial », s’exclame l’interniste. « D’abord, je ne savais même pas que ce prix existait. En plus, il provient des élèves; ça donne du carburant pour continuer! » 

Pourquoi pense-t-il avoir reçu cette reconnaissance? Le Dr Labelle tente une explication : « Mon approche n’est pas intimidante », ose-t-il. « Aussi, je donne aux étudiants en début de stage un canevas de consultation que j’ai créé pour leurs premières prises de notes de consultation et d’admission. De plus, je leur remets mes « 10 commandements » – des messages clés à retenir, à pratiquer, et à appliquer en début de pratique, en externat, en résidence et pendant toute leur carrière. »  

Le médecin se fait humble face à ses succès en enseignement : « Je leur dis souvent que le médecin que vous allez devenir est formé à 90 % de qui vous êtes. Les 10 % restants proviennent de vos expériences et de vos échanges avec vos professeurs. »   

« Et j’espère toujours récolter un dixième de ces 10 % », avoue-t-il candidement.  

 

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