Source : Institut Lady Davis (par Tod Hoffman)
Les inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 (DPP-4) sont une classe relativement nouvelle de médicaments contre le diabète qui diminuent les taux élevés de glucose dans le sang. Ils sont habituellement prescrits aux personnes atteintes de diabète de type 2 qui n’ont pas bien répondu à d’autres médicaments. Ils agissent en bloquant l’enzyme DPP-4 qui est impliquée dans la réaction inflammatoire de l’organisme et contrôle les hormones de l’intestin. Certaines données suggèrent que des taux sériques plus faibles de l’enzyme DPP-4 peuvent être associés à un accroissement de l’activité de la maladie chez les patients souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin, mais aucune étude n’a examiné l’impact de l’inhibition de cette enzyme sur l’apparition de cette maladie.
Le docteur Laurent Azoulay, du Centre d’épidémiologie clinique de l’Institut Lady Davis, a dirigé une équipe qui a entrepris d’évaluer si l’utilisation des inhibiteurs de la DPP-4 était associée à l’apparition de la maladie inflammatoire de l’intestin chez les patients atteints de diabète de type 2. Ils ont analysé les données provenant de la base de données de recherche en pratique clinique du Royaume-Uni portant sur 141 170 patients âgés de 18 ans et plus qui avaient commencé à prendre des antidiabétiques entre 2007 et 2016.
Les patients traités au départ à l’insuline et ceux ayant des antécédents de maladie inflammatoire de l’intestin ou de maladies similaires étaient exclus. Les facteurs comme l’âge, le poids (IMC), l’usage de tabac, les troubles liés à l’alcool et les complications du diabète étaient pris en compte.
Les participants ont été suivis pendant une moyenne de trois ans et demi, période au cours de laquelle 208 nouveaux cas de maladie inflammatoire de l’intestin ont été répertoriés (un taux d’incidence de 37,7 pour 100 000 années-personnes).
Dans l’ensemble, l’utilisation des inhibiteurs de la DPP-4 était associée à un risque accru de 75 % d’apparition de la maladie inflammatoire de l’intestin (53,4 cas pour 100 000 années-personnes) par rapport à l’utilisation d’autres antidiabétiques (34,5 cas pour 100 000 années-personnes).
Ce lien augmentait graduellement avec des durées plus longues d’utilisation d’un inhibiteur de la DPP-4, atteignant un pic après trois à quatre ans et diminuant après plus de quatre ans d’utilisation.
Bien qu’aucun inhibiteur de la DPP-4 n’était associé statistiquement à l’apparition de la maladie inflammatoire de l’intestin, ces résultats sont demeurés inchangés après d’autres analyses pour tester la solidité des résultats.
Il s’agit d’une étude d’observation, donc aucune conclusion ferme ne peut être tirée en matière de cause à effet et les chercheurs font ressortir certaines limites comme les possibles erreurs de classification des médicaments ou des cas. Et bien qu’ils aient ajusté les résultats pour tenir compte de plusieurs facteurs de risque, ils ne peuvent pas exclure la possibilité que d’autres facteurs de confusion (non mesurés) puissent avoir influencé les résultats.
Néanmoins, selon les auteurs, dans cette première étude populationnelle, l’utilisation des inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 était associée à un risque accru de maladie inflammatoire de l’intestin.
« Bien que nos conclusions doivent être répliquées, les médecins doivent être conscients de cette possible association et peut-être s’abstenir de prescrire des inhibiteurs de la DPP-4 aux personnes à haut risque, comme celles ayant des antécédents familiaux de maladie auto-immune ou qui en sont atteintes », conclut l’article.
« Dipeptidyl peptidase-4 inhibitors and incidence of inflammatory bowel disease among patients with type 2 diabetes: population based cohort study » (Les inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 et l’incidence de la maladie inflammatoire de l’intestin chez les patients atteints de diabète de type 2 : une étude de cohorte populationnelle), The BMJ
Reach MD | Certain Diabetes Drugs may be Linked to Increased Risk of IBD
Le 27 mars 2018