Par Caroline Phaneuf, Le Bulletel

C’est un levier efficace pour améliorer la sécurité des patients et les résultats cliniques, en plus de mieux répondre aux besoins de la population vieillissante du Québec. C’est une voie d’accès aux études universitaires en sciences infirmières aux quatre coins du Québec. C’est un tremplin pour former la relève en direction, recherche et enseignement en sciences infirmières, ainsi que dans les postes d’infirmières praticiennes spécialisées. C’est aussi une façon d’assurer à plus d’infirmières le niveau de formation requis si le Québec décide, comme ailleurs au Canada, d’exiger le baccalauréat pour l’admission à la profession infirmière. Cette solution, c’est la création du tout premier baccalauréat en ligne en sciences infirmières offert au Québec, à l’École des sciences infirmières Ingram de l’Université McGill, grâce à la générosité de la Fondation Doggone. Le programme sera de surcroît offert tant en français qu’en anglais.

« Même si la recherche démontre que les programmes en ligne de sciences infirmières peuvent donner des résultats d’apprentissage similaires, sinon supérieurs, aucune université québécoise n’offre actuellement de programme en ligne complet dans le domaine, ni en français ni en anglais », explique la professeure Anita Gagnon, vice-doyenne à la Faculté de médecine et directrice de l’École des sciences infirmières Ingram de l’Université McGill. « Développé en partenariat avec l’équipe de l’apprentissage en ligne des Services de soutien pédagogique de McGill, le baccalauréat en ligne offre une expérience d’apprentissage stimulante et rigoureuse. Le programme est conçu spécifiquement pour les titulaires d’un DEC en soins infirmiers. Nous offrons déjà notre baccalauréat intégré en sciences infirmières depuis 2004, mais ce projet permettra aux infirmières techniciennes en exercice d’approfondir leurs connaissances et d’accéder aux études universitaires en ligne. Cela rendra le baccalauréat plus accessible, non seulement à plus d’infirmières et d’infirmiers à Montréal, mais aussi dans toutes les régions du Québec. »

« Notre système de santé a déjà des besoins criants sur le plan des effectifs infirmiers », poursuit Chantal Souligny, directrice des soins infirmiers au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « Le programme en ligne aidera les infirmières et infirmiers à rester en poste, en conciliant travail et études. Par ailleurs, l’importance de former la relève infirmière aux postes de direction est claire : nous devons encourager davantage d’infirmières à obtenir un diplôme universitaire et à développer leurs aptitudes de leadership pour que le réseau fonctionne de façon optimale. »

Selon l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, seulement 46 % du personnel infirmier au Québec détient un baccalauréat ou un grade supérieur, 54 % étant titulaire d’un DEC. Ailleurs au Canada, 63 à 73 % de l’effectif infirmier a un grade universitaire. Encourager les études universitaires en sciences infirmières offre de nombreux avantages, notamment en matière de sécurité des patients : des études ont révélé qu’une augmentation de 10 % des infirmières bachelières au sein de l’effectif réduisait de 4 à 7 % les taux d’échec des secours ou de décès de patients hospitalisés. Le baccalauréat est aussi la voie d’accès à une carrière en direction, recherche ou enseignement en sciences infirmières, ainsi qu’à la formation d’infirmière praticienne spécialisée.

« Nous sommes fiers de soutenir cette première en éducation au Québec », déclare Paul R. Marchand, BCL 1966, LLM 1985, président et directeur exécutif de la Fondation Doggone, qui a versé 1 million de dollars à l’École des sciences infirmières Ingram et à la Fondation du CUSM pour lancer le programme en ligne. « Quand Elspeth McConnell a créé la Fondation, l’objectif principal était d’aider Montréal à atteindre et maintenir un niveau d’excellence mondial dans la sphère scientifique et médicale. C’est justement ce que vise ce projet de baccalauréat en ligne en sciences infirmières », poursuit M. Marchand. « Il permettra aux infirmières et infirmiers de partout au Québec, anglophones et francophones, de se préparer à évoluer dans un système où les habiletés de recherche et d’innovation sont essentielles pour améliorer les résultats cliniques. Le programme permettra à bon nombre d’infirmières et d’infirmiers, dont beaucoup sont déjà en poste, d’aiguiser leurs compétences et de se préparer à assumer plus de responsabilités en soins critiques et de proximité. Le programme sera l’une des clés pour améliorer les soins de santé au Québec. »

« Nous sommes très reconnaissants envers la Fondation Doggone et son directeur exécutif, Paul Marchand, pour ce don généreux, qui fait suite à plusieurs autres dons importants à l’Université McGill et à la Fondation du CUSM », affirme le docteur David Eidelman, vice-principal (santé et affaires médicales) et doyen de la Faculté de médecine de l’Université McGill. « La philanthropie visionnaire est un levier essentiel pour concrétiser des idées et programmes innovants, surtout lorsque le besoin est immédiat. Ce baccalauréat en sciences infirmières en ligne sera le premier en son genre au Québec et devrait atteindre la rentabilité en quelques années à peine, mais nous avions besoin de fonds de démarrage. Grâce à la Fondation Doggone, c’est chose faite. »

« Avec de tels dons, la Fondation Doggone illustre tout ce que peut faire la philanthropie pour abolir les obstacles à l’amélioration de nos systèmes d’éducation et de santé », ajoute Julie Quenneville, présidente de la Fondation du CUSM. « Par son appui généreux, la Fondation Doggone a aidé le CUSM et l’Université McGill à consolider leur réputation de chefs de file mondiaux en soins centrés sur les besoins du patient, en enseignement et en recherche innovante. »

Le lancement du programme en ligne de baccalauréat intégré en sciences infirmières (BNI) de l’École des sciences infirmières Ingram est prévu pour septembre 2021.

Photos : Owen Egan/Joni Dufour

Le 24 octobre 2019