Une conférence internationale examinera de nouvelles données scientifiques sur les expositions paternelles à divers facteurs extérieurs
« Pense à ton père. » Cette petite phrase toute simple ne signifie pas uniquement qu’il ne faut pas oublier papa à la fête des Pères. En effet, des chercheurs étudient maintenant le rôle des interactions génétiques et de l’exposition à divers facteurs environnementaux sur la qualité du sperme des hommes et, par conséquent, sur leurs enfants.
Une discussion sur ce sujet animée par d’éminents chercheurs de l’Université McGill est l’un des nombreux symposiums très attendus qui auront lieu dans le cadre de la 55e Assemblée annuelle de la Société de tératologie qui se tiendra à Montréal à la fin du mois.
La Société de tératologie, organisme professionnel international composé de scientifiques réputés et considérée comme la source de référence sur la recherche de pointe et l’information faisant autorité en matière d’anomalies congénitales et de troubles du développement, accueillera des centaines de chercheurs à l’Hôtel Bonaventure Montréal, du 27 juin au 1er juillet 2015.
« Nous sommes très conscients que les comportements de la mère ou les facteurs auxquels elle est exposée pendant la grossesse auront une incidence sur son enfant. Or, nous accordons peu d’importance au père », affirme Barbara Hales, professeure à McGill, ancienne présidente de la Société de tératologie et coprésidente du Symposium sur les expositions paternelles. « Nous disposons maintenant d’un important corpus de données probantes indiquant que le père joue un rôle très important et que la qualité de ses cellules germinales peut être altérée par l’âge et par l’exposition à certains facteurs de risque professionnels, environnementaux ou liés au mode de vie, comme le régime alimentaire et le stress. »
Le symposium intitulé « Les expositions paternelles influent sur la progéniture en altérant le génome du sperme » se tiendra le dimanche 28 juin 2015, à 14 h 30. Il fera le point sur plusieurs études, dont l’une traite du rôle des suppléments et des carences en folate sur l’altération des gamètes mâles (sperme). Sarah Kimmins, Bernard Robaire et Moshe Szyf, professeurs à l’Université McGill, prendront la parole lors du symposium.
« Les données québécoises révèlent que l’incidence des anomalies du tube neural a diminué de moitié après l’ajout de suppléments de folate au régime alimentaire des femmes enceintes ‒ mesure ayant également permis de réduire l’incidence des anomalies cardiaques ‒, mais quelle influence le taux de folate chez le père a-t-il sur la grossesse? », demande la professeure Hales. « On se demande maintenant si les suppléments de folate exercent d’autres effets qui ne sont pas nécessairement tous favorables. La question est peut-être de savoir quelle quantité de folate est bénéfique et pour qui? Il s’agit très certainement d’une question de santé publique. »
L’impact des expositions paternelles sur les hommes et leurs enfants constitue l’élément central des plus récentes lignes directrices sur les risques pour le développement de l’embryon et du fœtus associés à l’utilisation de produits pharmaceutiques par des patients de sexe masculin publiées ce mois-ci par la Food and Drug Administration, aux États-Unis. Ces nouvelles lignes directrices proposent des mesures cohérentes pour l’évaluation des effets exercés par les médicaments sur le sperme. La professeure Hales souhaite que le symposium sur les expositions paternelles présenté dans le cadre de l’Assemblée annuelle de la Société de tératologie permette de susciter un intérêt grandissant pour l’incidence de la santé génésique des hommes.
« En d’autres mots, papa est plus important qu’il le croit, et j’espère qu’il se fera davantage de recherche dans ce domaine », conclut-elle.