Dr Frank Elgar
Dr Frank Elgar

Un article que CBC News publiait récemment sur son site Web révélait que selon la Commission de la santé mentale du Canada, on estime que 1,2 millions d’enfants et de jeunes Canadiens sont atteints de troubles mentaux, et que seulement environ 20 % ont été traités. Cette statistique qui fait réfléchir n’échappe pas au Dr Frank Elgar. «Si nous voulons promouvoir la santé mentale au Canada, nous devons commencer par examiner les inégalités sociales et la santé mentale dès l’enfance,» a révélé le Dr Elgar, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les inégalités sociales en matière de santé des enfants.

Le Dr Elgar a récemment fait les manchettes à propos de son étude qui démontrait les effets positifs qu’ont les soupers en famille pour aborder la cyberintimidation. Ses travaux de recherche portent sur les liens entre les inégalités des revenus, le capital social et la santé des populations et les effets de connaître des difficultés financières et la maladie mentale des parents sur les résultats de santé chez les enfants.

«Nous savons que bon nombre de problèmes de santé chronique des adultes ont pris racine dès les expériences lors de la petite enfance, indique le Dr Elgar, qui est également professeur agrégé avec double nomination à l’Institut des politiques sociales et de la santé de McGill et au Département de psychiatrie, à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. « Ce sont les effets cumulatifs, le problème de faire partie d’un groupe à faible revenu, par exemple, rend tout plus difficile, et a un effet sur l’éducation des enfants et la dynamique de la famille, pour n’en nommer que quelques-uns.»

Une fois son doctorat en psychologie de l’Université Dalhousie en poches, le Dr  Elgar a œuvré dans les milieux de l’enseignement et gouvernemental au Canada et au pays de Galles avant de se joindre à McGill. De son poste à McGill, le Dr Elgar dit qu’il «a la chance de travailler pour des instituts de politiques et de santé mentale et d’étudier autre chose que les traits et les comportements des personnes pour se concentrer sur des facteurs comme les écoles et les milieux socioéconomiques et de voir comment ils se recoupent. Marier le développement de l’enfant à l’épidémiologie sociale est très intéressant pour un chercheur.»

Le Dr Elgar fait remarquer qu’il étudie l’intimidation à l’école depuis quelques années maintenant. Il cite un important projet international auquel il participe, the Health Behaviour in School-aged Children (HBSC). Initiative de l’Organisation mondiale de la Santé, l’HBSC comprend un sondage  transnational émis tous les quatre ans dans 43 pays en Europe et en Amérique du Nord dans le but de mieux comprendre le bien-être des jeunes gens, leur comportement lié à la santé et leur contexte social.

«Un fait intéressant tiré du HBSC sont les effets contextuels des inégalités de revenus sur l’intimidation à l’école,» précise le Dr Elgar. «Ce qui arrive, c’est que les écarts de revenus entre les riches et les pauvres constituent un bon indice de l’écart entre le haut et le bas de l’échelle sociale, et les conséquences des inégalités se retrouvent dans  l’atmosphère à l’école, la santé de l’adolescent et l’intimidation à l’école.»

Malgré tout, même si on a beaucoup appris de ces études, le Dr Elgar indique qu’il y  a encore beaucoup de travail à faire pour progresser dans la compréhension et être capable de combattre les facteurs socioéconomiques et d’autres types qui contribuent aux enjeux en matière de santé mentale chez les jeunes.

«J’ai l’impression que nous ne faisons que gratter la surface dans cette recherche,» lance le Dr Elgar. «La grande question est que feront les leaders en matière de politiques pour promouvoir la santé et réduire les inégalités en santé dès le plus jeune âge.»

Le 9 octobre 2014