Chers membres de la communauté mcgilloise,

À titre de principale de notre université, mon premier rôle est de m’assurer que sont protégés et défendus les principes au cœur de la Mission de l’Université McGill, soit la liberté académique, l’intégrité, la responsabilité, l’équité et l’inclusion. La valeur de chacun de ces principes pris individuellement est évidente. Cela dit, ces derniers peuvent parfois sembler s’opposer les uns aux autres. Récemment, des situations de cette nature se sont produites au sein d’établissements d’enseignement postsecondaire canadiens; des situations révélatrices d’une tension entre, d’une part, la liberté académique et, d’autre part, l’équité et l’inclusion. Dans de tels cas, renoncer à un principe pour se prévaloir d’un autre ne m’apparaît pas être la solution. Il vaut alors mieux préconiser une approche axée autour de l’écoute active et du dialogue pour comprendre la cause du conflit et en tirer des leçons.

L’engagement mcgillois à l’égard de l’excellence universitaire exige que nous préservions un environnement ouvert où de multiples perspectives et idées sont exprimées et débattues dans le respect mutuel, en l’absence de toute crainte. Cette liberté est le fondement de la mission mcgilloise; celle de faire progresser le monde grâce à l’enseignement, à la recherche et aux services à la société.

L’Université maintient par ailleurs une volonté inébranlable et résolue d’offrir à sa communauté un environnement de travail et d’apprentissage où chacun se sent inclus, valorisé et respecté. Le Plan stratégique en matière d’équité, de diversité et d’inclusion et le Plan de lutte contre le racisme anti-noir sont deux exemples récents des efforts continus menés par l’Université afin de réaliser des progrès importants à cet égard.

Par moments, il peut sembler difficile de parvenir à concilier ces engagements simultanément. Pourtant, les universités se doivent de relever ce défi. Comme il est souligné avec justesse dans le Rapport du Groupe de travail de la principale sur le respect et l’inclusion dans la vie de campus paru en 2018, les universités s’articulent autour d’un noyau de pensée critique et originale et sont dotées de la capacité de naviguer sur ces eaux tumultueuses. Elles sont donc en mesure de nouer un dialogue constructif duquel découleront des moyens d’assurer la coexistence — en théorie et en pratique — de nos principes fondamentaux, et ce, même lorsqu’ils semblent s’opposer.

J’ai la ferme conviction que notre corps professoral, qui s’emploie chaque jour à mener à bien la mission de l’Université, exerce sa liberté académique dans le plein respect de cette mission et des principes qui gouvernent notre institution. Je témoigne également ma pleine confiance à nos étudiants quant à leur capacité à échanger, entre eux et avec le personnel enseignant, d’une manière qui reflète les principes en vertu desquels McGill exerce ses activités. Il peut arriver que nous commettions, malgré nous, une maladresse qui puisse heurter les autres. De telles situations sont l’occasion de faire montre d’empathie et de confiance mutuelle et de réitérer notre engagement à nous ouvrir à l’autre, à apprendre, et à grandir.

À titre de membres d’une même communauté, nous avons la responsabilité de traiter nos pairs avec respect et empathie et nous avons tous le devoir d’apprendre, de réfléchir et de faire mieux, ensemble, aujourd’hui et demain.

Salutations cordiales,

Suzanne Fortier

Principale et vice-chancelière