Après l’organisation réussie de l’Hôpital des nounours par un groupe étudiant en médecine au Campus Montréal de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill, il y a un an, une équipe étudiante du Campus Outaouais a créé sa propre édition de l’initiative célébrée dans le monde entier, appelée l’Hôpital des toutous (HDT). 

Ce projet étudiant en pédiatrie, supervisé par des pédiatres de la région de Gatineau, vise à aider les enfants à surmonter l’anxiété qu’ils peuvent ressentir lors de leurs visites chez des professionnels de la santé. L’initiative trouve son origine à la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (FIAEM), l’une des organisations étudiantes parmi les plus anciennes et les plus importantes au monde, qui a été fondée en 1951.  

Selon Han Zhang Huang, étudiante en deuxième année de médecine au Campus Outaouais et l’une des cofondatrices et coprésidentes de l’HDT, « des études menées de par le monde montrent que ce programme contribue réellement à atténuer les symptômes du syndrome de la blouse blanche, le stress et l’anxiété liés au contexte clinique et hospitalier ». 

En vertu du programme, des enfants de quatre à huit ans sont invités à apporter leurs animaux en peluche préférés, en général des nounours, dans une clinique fictive située dans le gymnase d’une école, afin de faire évaluer l’état de santé de la peluche ou de se voir recommander un plan de traitement.  

Au cas où l’on serait tenté de ne voir dans cet exercice qu’un jeu et un divertissement, une observation plus attentive révèle qu’il est plutôt réaliste et certainement éducatif, comme l’illustre la description de Han. « Nous passons d’abord par un poste de soins infirmiers, pour le triage, nous obtenons ensuite les informations médicales de base (poids, taille et température), puis nous envoyons la peluche au poste d’imagerie. Nous effectuons une radiographie rapide pour déterminer ce qui ne va pas. Si elle ne révèle pas grand-chose, nous envoyons alors la peluche au bloc opératoire. Il se peut que nous devions réparer un bras ou une jambe. Pendant ce temps, les enfants apprennent l’anatomie, comme où se trouvent notamment les poumons ou le cœur. Viennent ensuite l’ergothérapie et la physiothérapie afin que les enfants apprennent à adapter l’environnement pour leur peluche et à lui redonner sa forme d’origine. »  

« Nous les envoyons aussi à la pharmacie où ils apprennent à connaître les médicaments qu’ils sont autorisés à administrer et ceux qu’ils ne peuvent pas administrer. L’exercice se termine à une station sur la nutrition et le mode de vie, où nous leur apprenons à rester en bonne santé pour ne pas avoir à aller aussi souvent à l’hôpital. » 

Pour l’édition initiale, vingt bénévoles étudiants de professions de la santé étaient sur place à l’École l’Oiseau Bleu à Gatineau le 26 mai 2023, pour apprendre aux enfants à utiliser le stéthoscope, à mesurer la taille de leur peluche, à préparer une ordonnance et pour les initier à des exercices de physiothérapie. « Afin de rendre le tout aussi interactif que possible, nous posons des questions et laissons place à l’imagination et à la créativité des enfants. Ils peuvent décider si les battements de cœur du nounours posent problème, si le nounours ne grandit pas, ou s’il a de la fièvre », a dit Han. 

L’événement a attiré plus de 120 enfants, accompagnés de parents. « Nous avons reçu de nombreux commentaires positifs et les enfants ne voulaient pas partir. Nous leur avons demandé s’ils avaient aimé l’événement et ils ont tous dit qu’ils aimeraient revenir et qu’ils voulaient être médecins. Certains d’entre eux sont venus me voir pour me dire qu’ils voulaient être comme moi. J’espère que nous avons planté une graine et que les enfants pourront s’intéresser aux soins de santé », a ajouté Han. 

Le projet a été commandité notamment par Desjardins, Accès Pharma et l’Association des étudiant(e)s en médecine de McGill. L’Hôpital de Gatineau a donné du matériel pour les différents postes médicaux, notamment des gants, des blouses et des lingettes. 

Vu le succès de l’HDT, Han espère étendre le projet à d’autres écoles de Gatineau. « Peut-être deux ou trois écoles de Gatineau et de Hull l’an prochain, afin de reproduire l’initiative, de la perfectionner et de la rendre plus concrète à l’avenir. Nous réfléchissons à élargir notre champ d’action et à d’autres initiatives visant à réduire la peur de la blouse blanche, le stress et l’anxiété. » 

Quant aux patients, Han est heureuse d’indiquer que leur traitement a donné lieu à un taux de réussite de 100 %. « Tous les animaux en peluche sont repartis en meilleure santé, peut-être avec un diachylon sur le bras ou une ordonnance en poche. »