Un réseau Canadien sur l’innocuité des médicaments découvre un risque lié à l’usage de puissants médicaments hypocholestérolémiants
Photo: AJ Cann/flickr
Photo: AJ Cann/flickr

Dans le cadre de l’étude du genre la plus complète jamais entreprise, des chercheurs du Réseau canadien pour l’étude observationnelle des médicaments (RCEOM) ont constaté que les patients qui reçoivent de plus fortes doses de statines sont exposés à un risque accru de diabète. Leur article a été publié dans la dernière édition du British Medical Journal (BMJ).

L’étude a révélé une augmentation relative de 15 % du risque de diabète dans les deux ans suivant le début du traitement par statines à forte puissance comparé à l’usage de statines à faible puissance. Les patients inclus dans l’étude ont commencé leur traitement par statines après avoir été victimes d’un événement cardiovasculaire majeur, soit une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral. Des statines à forte puissance ont été prescrites à environ deux tiers de ces patients.
« Bien que l’usage des statines soit recommandé aux patients ayant eu une crise cardiaque ou un accident cardiovasculaire, ces résultats nous indiquent que les médecins doivent maintenant considérer la possibilité que les fortes doses de statines augmentent le risque de diabète chez ces patients », explique le Dr Colin Dormuth, auteur principal de l’article et professeur adjoint d’anesthésiologie, de pharmacologie et de thérapeutiques à l’université de Colombie-Britannique.
En chiffres absolus, l’augmentation relative de 15 % du risque de diabète sur deux ans signifie que l’on observerait un cas additionnel de diabète à chaque 350 patients traités par statines à forte puissance plutôt que par statines à faible puissance.
« Les conséquences d’un diagnostic de diabète sur la santé peuvent être considérables, indique la Dre Lorraine Lipscombe, coauteure de l’étude, spécialiste du diabète et professeure adjointe à l’université de Toronto. Après une crise cardiaque ou un accident cardiovasculaire, les médecins sont plus enclins à prescrire des statines à forte puissance, mais l’administration d’une plus faible dose de ce médicament pourrait s’avérer être un meilleur choix pour de nombreux patients. »
Les statines, qui figurent parmi les médicaments d’ordonnance les plus utilisés, ont démontré leur capacité de sauver la vie de patients atteints d’une maladie cardiaque.
Les statines jugées de forte puissance étaient la rosuvastatin (ex. : Crestor) à des doses de 10 mg ou plus, l’atorvastatine (ex. : Lipitor) à des doses de 20 mg ou plus, et la simvastatine (ex. : Zocor) à des doses de 40 mg ou plus. Toutes les autres statines ont été jugées de puissance inférieure.
Aux fins de l’étude, les chercheurs du RCEOM de toutes les régions du Canada ont examiné les dossiers médicaux de 136 966 patients, âgés de 40 ans et plus, résidant au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Conformément à son mandat, le Réseau peut analyser une vaste quantité de données anonymes sur des patients pour évaluer les questions d’innocuité des médicaments avec plus de fiabilité que cela n’aurait été possible dans le cadre d’études plus modestes.
« Cette étude souligne l’importance de la collaboration pancanadienne du RCEOMqui examine les questions d’innocuité des médicaments d’ordonnance », affirme le Dr Samy Suissa, investigateur principal du RCEOMet directeur du Centre d’épidémiologie clinique de l’Institut Lady Davis à l’Hôpital général juif de Montréal. « Les méthodes de pointe utilisées dans cette étude permettent de mieux protéger la santé des Canadiens contre toute utilisation nocive des médicaments. »
Le RCEOM fait partie du Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments (RIEM), financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

30 mai 2014