Le 29 mars, le Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg de l’Université McGill a lancé un numéro spécial de la revue British Medical Journal (BMJ) Simulation and Technology Enhanced Learning entièrement consacré à Simnovate. Tenu à l’Hôtel Omni, à Montréal, le lancement se doublait d’un symposium universitaire donnant suite au Sommet international Simnovate, qui a réuni 150 « simnovateurs » du monde entier en mai dernier.
« La mission du premier sommet Simnovate était de mettre à profit la simulation, l’innovation et l’éducation pour améliorer les soins cliniques », explique le Dr Raj Aggarwal, directeur du Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg et maître d’œuvre de l’événement. Cette grande initiative internationale visait à faire converger la simulation, l’éducation et l’innovation pour appliquer les idées novatrices issues de divers domaines – médecine, aviation, jeu, génie, politiques publiques – à l’amélioration des soins de santé.
La cohorte initiale de « simnovateurs » s’est montrée très enthousiaste et attend impatiemment la seconde édition du sommet. « Nous semblions tous d’avis que Simnovate n’était pas qu’un sommet ou une conférence, mais plutôt le début d’un mouvement », indique l’ingénieur Matthieu Crepy, qui a participé à la table ronde sur l’innovation des jeunes au sommet Simnovate.
Selon le Dr Kedar Mate, vice-président directeur à l’Institute for Healthcare Improvement et conférencier principal au Sommet Simnovate, l’événement a révélé « une
magnifique communauté d’érudition qui servira sans aucun doute de levier pour de nombreuses découvertes ».
Le Dr Aggarwal voit même l’usage du néologisme « simnovate » se répandre de plus en plus. « Les gens associent ce terme au travail que nous accomplissons à McGill et à la mission générale du mouvement. »
« Une révolution est en cours dans la formation en santé : de plus en plus d’universités dotent leurs laboratoires d’équipement hautement sophistiqué », souligne Marie-Josée Blais, sous-ministre adjointe, Science et innovation au ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, qui a présenté la stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation lors du lancement.
L’un des volets clés de l’initiative est la création de quatre groupes de travail thématiques – sur la sécurité des patients, les technologies médicales, la santé mondiale et l’apprentissage omniprésent (pervasive learning) –, formés à l’origine en mai 2015 et réunissant 48 experts mondiaux dans les disciplines les plus diverses, dont la médecine, l’aviation, le jeu, le génie, les politiques publiques, la santé mondiale et les arts.
Lors du sommet de 2016, les groupes de travail ont présenté des livres blancs rédigés en collaboration à la suite de discussions internationales par téléconférence. « Ces quatre livres blancs ont maintenant été transposés en articles scientifiques et ont été évalués par les pairs », souligne le Dr Aggarwal. « Ils constituent le cœur du supplément de BMJ, avec deux autres articles découlant directement du Sommet Simnovate – l’un sur les coûts de l’innovation et l’autre sur l’innovation des jeunes. »
Le directeur scientifique invité du supplément de BMJ Simulation & Technology Enhanced Learning est le Dr Russell Gruen, directeur du Nanyang Institute of Technology in Health and Medicine de Singapour, médecin
éminent et spécialiste de l’innovation chirurgicale, de la santé mondiale, de la simulation, de la sécurité des patients et des disparités en santé. Le Dr Gruen était l’un des orateurs de marque du symposium de lancement du numéro spécial.
Katrine Kirk, ambassadrice en sécurité des patients de l’Organisation mondiale de la Santé et survivante d’un lymphome, a donné une conférence sur l’équilibre des pouvoirs entre les patients et les professionnels de la santé. « Pour optimiser les résultats des soins cliniques, il est essentiel que les patients aient les outils pour participer très étroitement à leur propre prise en charge », souligne-t-elle. « Trop de patients ignorent le rôle important que leurs proches et eux-mêmes peuvent jouer, et les professionnels de la santé doivent les inviter à participer. Il existe des moyens novateurs de stimuler l’autonomisation du patient, par le jeu sérieux et même par la danse. »
« La science de la simulation offre un potentiel énorme, dans de très nombreuses applications en santé. Le réseau mondial Simnovate représente une nouvelle approche qui maximise l’apprentissage issu de la simulation et le potentiel de celle-ci d’améliorer les processus de soins et les résultats cliniques, tant dans le monde occidental que dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Je suis ravi de diffuser les résultats de ces travaux dans BMJ STEL », déclare le Pr Nick Sevdalis, rédacteur en chef de la revue, qui était à Montréal pour l’événement.
La série d’articles constitue une « ressource durable » pour les chercheurs en simulation, selon le Dr Aggarwal, qui a dédié le supplément à la mémoire d’Arnold et Blema Steinberg, dont la fondation a généreusement financé le projet. « Nous sommes infiniment reconnaissants envers la Fondation Steinberg pour sa générosité, sa vision et son appui, qui contribuent au progrès de la simulation. »
Le Dr Aggarwal s’attend à ce qu’une autre édition du Sommet international Simnovate ait lieu au printemps 2018, à la demande générale. « Le but, selon moi – sans vouloir paraître pompeux – est de nous réunir pour déterminer comment améliorer la société pour nous-mêmes, pour nos patients, pour notre communauté et pour notre avenir à tous. »
Cliquez ici pour consulter le supplément Simnovate de la revue BMJ Simulation & Technology Enhanced Learning.
Le groupe de travail sur la sécurité des patients a analysé pourquoi la simulation, dont la grande efficacité a pourtant été démontrée pour le perfectionnement des habiletés cliniques, n’a
toujours pas été bien intégrée aux solutions de sécurité des patients. Le groupe a exploré des moyens de le faire, en se concentrant sur le rôle de la simulation in situ.
La simulation employée pour réduire les risques et les coûts associés à l’adoption de nouvelles technologies était le point de mire du groupe de travail sur les technologies médicales. Les membres se sont penchés plus précisément sur les moyens de mieux orienter les innovateurs et les ressources vers les technologies présentant le meilleur potentiel de réussite.
Le groupe de travail sur la santé mondiale a dressé un état des lieux de la simulation dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Leur analyse a révélé une prédominance du recours aux mannequins simples et aux patients simulés pour mesurer la qualité des soins prodigués.
Le groupe de travail sur l’apprentissage omniprésent a exploré l’utilisation de jeux sérieux en ligne comme méthode d’apprentissage actif visant à mettre ses connaissances, habiletés et aptitudes en application pour atteindre la compétence clinique.
Le 30 mars 2017