Source : HGJ
La technologie numérique a le potentiel de jouer un rôle important dans le domaine de la gérontopsychiatrie, mais seulement si le traitement tient compte de l’élément humain, a déclaré le Dr Soham Rej, de l’Institut de psychiatrie communautaire et familiale (IPCF) à l’HGJ.
« La technologie est très prometteuse », affirme le Dr Rej, l’un des chefs de file en matière de gérontopsychiatrie, « mais la psychiatrie exige également une démarche très humaine. Par conséquent, nous nous efforçons de trouver cet équilibre optimal ».
L’intérêt envers cette sous-spécialité en psychiatrie continue de croître, en raison de l’augmentation soutenue du nombre de personnes âgées au sein de la population. Ce type de traitement deviendra probablement particulièrement fréquent au sein du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, où réside l’une des plus importantes concentrations de personnes âgées au Canada.
Cette population présente des risques de problèmes comme la dépression, l’anxiété et l’isolement social, tout en devant composer avec la démence, la maladie physiques et différentes comorbidités. Souvent, ces situations sont mieux traitées par des équipes multidisciplinaires comprenant des psychiatres, des travailleurs sociaux, des gériatres, des ergothérapeutes, des infirmières, des médecins de première ligne et d’autres professionnels.
C’est ce qui a incité le Dr Rej à organiser la Journée académique annuelle en psychiatrie gériatrique, à laquelle environ 100 professionnels de la santé ont participé depuis son lancement en 2017. Le colloque le plus récent, qui a eu lieu en septembre, portait sur le rôle de la technologie dans le domaine des soins gériatriques.
La technologie peut avoir une incidence considérable, si elle accroît la capacité du système de soins de santé à faire face à la demande croissante de services, a déclaré la Dre Cheryl Forchuk, de l’Université Western Ontario, lors de la dernière conférence.
« La plupart des Canadiens ayant de problèmes de santé mentale ne chercheront jamais à obtenir des soins », dit-elle, « et s’ils le font, nous sommes loin d’avoir la capacité de les prendre tous en charge ».
Ainsi, la technologie pourrait être une solution, en permettant aux patients d’éviter la plupart des visites aux hôpitaux ou cliniques, sans qu’ils perdent leur lien avec les professionnels de la santé. Skype, par exemple, pourrait être une solution efficace aux rendez-vous en personne, et différents logiciels, permettant de surveiller les symptômes à distance, sont en cours de conception.
Le Dr Ipsit Vahia, conférencier principal, de l’Université Harvard, prédit que la technologie facilitera le suivi des patients et leur adhésion à leur traitement, qui est un problème majeur en psychiatrie.
De plus, ajoute-t-il, la mobilité est étudiée comme un biomarqueur pour diagnostiquer la détresse psychiatrique. Ainsi, un appareil d’entraînement portable pourrait signaler aux professionnels de la santé un problème de dépression majeure, si, par exemple, une personne se lève rarement de son lit.
« Ce genre de mesure passive est utile parce qu’elle peut aviser les médecins sans que le patient ait à faire quoi que ce soit », explique le Dr Vahia.
Le docteur David Benrimoh, résident en psychiatrie à l’Université McGill, étudie les possibilités d’application de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé mentale.
« Puisque l’IA apprend à partir des données qu’elle accumule, nous pouvons créer des algorithmes qui permettront d’analyser une multitude de variables et de prévoir le traitement optimal pour les symptômes d’une personne. Cela signifie que plus de patients s’amélioreront avec le traitement initial plutôt que de devoir subir un long processus d’essais et d’erreurs. »
Le Dr Rej se réjouit des nouvelles collaborations et des projets en cours dans plusieurs établissements du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Notamment la méditation, le yoga, l’éducation sur la santé, les essais cliniques sur la pleine conscience, les programmes cliniques visant à enseigner des compétences essentielles et des exercices, ainsi que la mise en place d’une nouvelle équipe au sein du Département de psychiatrie qui concentrera ses efforts sur les symptômes de comportement et psychologiques liés à la démence.
Le Dr Rej croit profondément que les résultats s’amélioreront pour les patients au fur et à mesure de la hausse de la sensibilisation au sein du système de soins de santé. À cette fin, il sera l’hôte principal de la prochaine réunion scientifique annuelle de l’Académie canadienne de gérontopsychiatrie à Montréal, en octobre.
Le 12 février 2020