par Matthew Brett
Lors d’une récente séance de réflexion, des leaders des communautés autochtones et des membres du corps professoral mcgillois se sont réunis pour échanger sur le développement de l’enseignement en santé autochtone pour tous les futurs professionnels de la santé formés à l’Université McGill.
La séance tenue le 27 mars, la première en son genre à McGill, a rassemblé des membres du corps professoral des facultés de médecine et de médecine dentaire, des écoles de service social et de nutrition humaine, et du Bureau du vice-principal exécutif. Des représentants des nations Kanien’kehá:ka, Inuite, Anishinabek, Crie et Métisse étaient présents.
Organisée par le Programme autochtone des professions de la santé (APS), la séance de réflexion avait pour but d’apprendre en compagnie de professionnels de la santé, d’aînés, de détenteurs de savoir traditionnel et d’étudiants autochtones qui peuvent éclairer et guider le Programme APS et l’Université dans le développement de l’enseignement en santé autochtone à McGill.
« À l’origine, le Programme APS visait à augmenter le nombre de médecins autochtones, mais en discutant avec les communautés, nous avons réalisé qu’il faut plus de professionnels autochtones dans toutes les professions de la santé », explique le directeur du Programme APS, le Dr Kent Saylor.
L’aîné mohawk Otsitsaken:ra (Charles Patton) a amorcé la séance avec une ouverture et un chant traditionnels, suivis d’un cercle d’accueil. Les organisateurs ont ensuite présenté un survol du Programme APS et de l’actuel contenu d’enseignement en santé autochtone à l’Université McGill. Les participants ont ensuite discuté des connaissances, habiletés, attitudes et valeurs que les diplômés des professions de la santé devraient posséder pour avoir un impact à long terme sur la santé autochtone.
Après une table ronde d’étudiants autochtones des professions de la santé, tous ont participé à une discussion ouverte sur les forces actuelles de l’éducation en santé. Les participants ont échangé au sujet des changements nécessaires à plusieurs niveaux pour soutenir les apprenants autochtones et non autochtones à McGill, en plus de partager des idées en vue du développement d’une structure et de contenu d’enseignement en santé autochtone.
Il faut favoriser et entretenir des partenariats entre les communautés autochtones et les établissements d’enseignement des professions de la santé, ont convenu les participants. Ces partenariats aident à faire en sorte que les programmes d’enseignement répondent aux besoins et aux modes d’apprentissage au sein des communautés.
« Pourrait-on rapprocher les cours des communautés? », a demandé un membre d’une communauté.
Soulignant la diversité qui existe dans chaque communauté autochtone et entre les différentes communautés, les participants ont insisté sur l’importance d’éviter les généralisations.
Les participants ont abordé les possibilités d’apprentissage traditionnel et ancré sur le territoire, de stages sur le terrain, de soutien culturellement pertinent aux étudiants et d’intégration de la santé autochtone dans le programme d’études obligatoire de toutes les professions de la santé.
L’enseignement doit être critique et doit favoriser activement l’acquisition de connaissances anti-oppressives, ainsi que de valeurs et d’aptitudes comme l’humilité et le rôle d’allié. L’histoire de la colonisation et ses répercussions dans le monde actuel – ainsi que la résilience des communautés autochtones – doivent être comprises par les étudiants et par le corps professoral.
« N’enseignez pas en vous sentant coupables ou honteux », dit Ben Geboe, membre de la Yankton Sioux Tribe du Dakota du Sud et doctorant à l’École de service social, qui a participé à la table ronde étudiante. « Soyez ouverts, accueillants et vulnérables… reconnaissez que nous partons d’un espace de guérison. »
Pour les étudiants autochtones, la présence d’un aîné en résidence, le mentorat, l’accessibilité de l’information et des ressources, et l’offre de divers milieux, stages et projets d’apprentissage autochtone faisaient partie des avenues à explorer pour l’avenir.
Selon Wesley Cote, Anishinabe de la nation Kitigan Zibi Anishinabeg et résident en médecine de famille, le sentiment d’appartenance et de sécurité à McGill signifie notamment d’offrir aux étudiants autochtones un soutien pour « ne pas oublier notre identité et nos traditions ».
Les étudiants ont insisté sur l’importance de la formation professorale sur les cultures et la santé autochtones. Des suggestions concrètes sur le processus d’admission et la formation professorale ont été formulées, ainsi que des propositions de changements administratifs pour engager davantage de fournisseurs autochtones.
Certains défis d’ordre administratif ont été identifiés, notamment le besoin de réviser l’équité du processus d’admission, et l’importance des postes d’enseignants à part entière pour les aînés et les détenteurs de savoir traditionnel.
Plusieurs enjeux ont été relevés, dont l’engagement de l’Université d’intégrer des voix autochtones aux processus décisionnels, l’espace d’apprentissage réservé, l’expérience sur le territoire, la formation professorale et la sécurisation culturelle.
L’aînée Louise McDonald a prononcé le mot de clôture de la séance de réflexion.
« Il est temps de s’éloigner de l’idée de prescription pour miser sur le renforcement du pouvoir d’agir de nos peuples », souligne l’aînée. « C’est un moment pivot de l’histoire, où les voix autochtones doivent se faire entendre, avec la crise climatique, car une conscience supérieure est à l’œuvre. »
Il faut travailler ensemble pour les générations à venir, ajoute l’aîné Charlie Patton, demandant aux participants : « Que pourrons-nous donner à nos enfants? »
Pour la suite, le Programme APS collaborera avec le Bureau du vice-principal exécutif pour lancer la formation d’un Comité consultatif sur le programme d’enseignement autochtone, selon des critères d’équité et de représentativité.
Consultez le résumé de la séance de réflexion. Visitez le site web du Programme APS.
Le 5 juin 2019