Alors que les femmes sont surreprésentées dans de nombreux troubles neurologiques majeurs, la plupart ne savent pas qu’elles sont à risque
Seriez-vous surprise d’apprendre que chaque année les accidents vasculaires cérébraux (AVC) tuent deux fois plus de femmes que le cancer du sein? Pourtant, en général, les AVC se classent au bas sur la liste des problèmes de santé des femmes canadiennes – s’ils réussissent même à s’y classer.
Bien que beaucoup de femmes savent qu’elles sont plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer ou la migraine que les hommes, elles ne réalisent peut-être pas que c’est également le cas pour d’autres troubles neurologiques tels les AVC. Et ce manque d’informations peut faire en sorte que les femmes ne reconnaissent pas un problème de santé grave lorsqu’il se produit.
Relier la santé du cœur et du cerveau
La Fondation Cœur + AVC estime que l’AVC touche une Canadienne sur cinq. Malgré d’énormes progrès en matière de traitement, un accident vasculaire cérébral reste une urgence vitale qui peut être compliqué par des conditions préexistantes.
« Chez les personnes de plus de 60 ans, les femmes sont surreprésentées dans les cas d’AVC parce qu’elles sont plus susceptibles de souffrir de fibrillation auriculaire, une arythmie cardiaque qui est un facteur de risque important », explique la Dre Catherine Legault, neurologue spécialisée en AVC au Neuro (Institut-Hôpital Neurologique de Montréal) qui siège sur un comité national sur la santé des femmes. « Les AVC chez les femmes sont souvent plus sévères que ceux des hommes et leurs déficits sont plus marqués. »
Les patients ayant des antécédents de fibrillation auriculaire peuvent prendre un anticoagulant pour réduire le risque d’AVC provoqué par un caillot. Cependant, s’ils sont également prédisposés à avoir un accident vasculaire cérébral hémorragique (saignement dans le cerveau), ce médicament anticoagulant peut contribuer à augmenter le risque de saignement.
L’Unité de recherche clinique du Neuro (Institut-Hôpital neurologique de Montréal) participe à un essai clinique (ENRICH-AF) auprès de personnes ayant subi un AVC hémorragique et ayant des antécédents de fibrillation auriculaire. L’essai étudiera si l’administration d’un anticoagulant pour réduire le risque d’accident vasculaire cérébral provoqué par un caillot l’emporte sur le faible risque de récidive hémorragique.
« Cette étude devrait nous éclairer sur la meilleure décision à prendre dans cette population potentiellement plus à risque », explique le Dr Aimen Moussady, neurologue spécialisé en neurologie vasculaire au Neuro et chercheur principal de l’essai ENRICH au CRU.
Les hormones et les AVC
Il existe des facteurs de risque uniques chez les femmes, par exemple les moments de grands changements hormonaux comme la période péri-partum et post-partum, ainsi qu’après la ménopause. D’autres facteurs tels que la dépression, l’anxiété et un stress psychologique élevé sont également associés à un risque accru d’AVC, plus souvent chez les femmes que chez les hommes.
« Les femmes ont également moins tendance à reconnaitre leurs symptômes d’AVC ou à se présenter à l’hôpital avec ces symptômes », explique la Dre Legault. Les symptômes d’AVC sont faciles à retenir : faiblesse faciale ou asymétrie faciale ; faiblesse ou changement de sensation dans un membre ou d’un côté ; difficulté à parler ou à comprendre le langage ; changements visuels ou étourdissements. Les femmes peuvent également éprouver des symptômes « non traditionnels » tels que des évanouissements, une faiblesse, un essoufflement, de la confusion et des nausées.
S’il y a un message que la Dre Legault veut faire passer aux femmes, c’est ceci : « Écoutez votre corps; si vous ressentez les symptômes d’un AVC, n’attendez pas que ça passe. Appelez le 911 et venez aux urgences dès que possible. » La rapidité d’intervention à la suite d’un AVC peut faire la différence entre s’en sortir indemne ou avoir de graves complications.
Pour en savoir plus sur les essais sur les AVC à l’URC, visitez cru.mcgill.ca/fr/avc.