Une recherche révèle des régions du cerveau qui reconnaissent des expressions faciales – ou non
C’est la Saint-Valentin, il a oublié d’apporter des fleurs, mais curieusement son esprit ne saisit tout simplement pas l’air très triste de sa compagne. Pourrait-il s’agir d’un problème du cortex préfrontal?
Des chercheurs en neuropsychologie de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro de l’Université McGill, ont découvert que deux zones du cortex préfrontal sont cruciales pour déceler ou distinguer les émotions des expressions du visage. Des lésions à ces zones empêchent les personnes de comprendre la grande variété d’expressions faciales qui communiquent les signaux sociaux, importants pour quiconque désire frayer son chemin en société. Et pas seulement à la Saint-Valentin.
Dre Lesley Fellows, chercheuse principale, et son étudiante Ami Tsuchida, ont examiné un large échantillon de personnes ayant des lésions à diverses régions du cortex préfrontal, à qui elles ont fait passer des tests pour voir où l’impact de l’atteinte était le plus important par rapport à la reconnaissance des émotions. Les résultats de leurs tests ont permis de tirer des conclusions à propos de deux sous-régions du cortex préfrontal peu étudiées jusqu’à maintenant.
« Les patients ayant une atteinte au cortex préfrontal ventromédian avaient du mal à distinguer une expression faciale neutre d’expressions émotionnelles. Les patients ayant une atteinte au cortex préfrontal gauche pouvaient reconnaître la présence d’une émotion dans l’expression, sans pour autant arriver à démêler les différentes émotions », de dire Dre Fellows.
« La capacité de conjuguer recherche et travail clinique permet des avancées cruciales en science et en médecine, et illustre parfaitement les avantages du modèle intégré du Neuro, qui combine hôpital et institut de recherche », ajoute Dre Fellows. La recherche, publiée dans la revue Cerebral Cortex, approfondit les connaissances sur la façon dont notre cerveau décèle des expressions émotionnelles et les interprète. Les résultats de la recherche pourraient permettre de comprendre certaines difficultés du comportement social qu’on observe en cas de maladies neuropsychiatriques, comme certaines formes de démence, d’autisme, ou qui se manifestent après un traumatisme cérébral.
Dre Lesley Fellows, neurologue et chercheuse au Neuro, est spécialiste des troubles cognitifs.
Ami Tsuchida est doctorante au programme intégré en neurosciences de l’Université McGill.
Les travaux ont été soutenus par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de recherche en santé du Québec, ainsi qu’une bourse d’études supérieures du Canada Frederick Banting et Charles Best, bourse au doctorat.
Le Neuro est un centre médical universitaire spécialisé en neurosciences. À la fois institut de recherche et d’enseignement de l’Université McGill, le Neuro constitue l’assise de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill. Fondé en 1934 par l’éminent Dr Wilder Penfield, le Neuro a acquis une renommée internationale pour son intégration de la recherche, de ses soins exceptionnels aux patients et de sa formation spécialisée. Le personnel du Neuro est reconnu mondialement pour son expertise en neurosciences cellulaire et moléculaire, en imagerie cérébrale, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclérose en plaques et de troubles neuromusculaires.
Couverture sur le sujet
Radio-Canada
Le Journal de Montréal
14 février 2012