Le ciblage du nocicepteur intranucléaire diminue la transmission de la douleur

Pain

C’est bien connu : l’emplacement est le critère no 1 en immobilier. Or, il semble que ce soit le cas aussi pour le soulagement de la douleur. Selon une nouvelle étude publiée dans Nature Communications, l’emplacement des récepteurs qui transmettent les signaux de la douleur, appelés nocicepteurs, a de l’importance. Il déterminerait l’intensité de ces signaux et l’efficacité de leur blocage par des médicaments.

Le blocage des nocicepteurs se trouvant dans le noyau des neurones de la moelle épinière (neurones médullaires) pourrait apporter un plus grand soulagement que l’inhibition de ces mêmes récepteurs situés à la surface des cellules. De plus, les scientifiques ont constaté qu’en présence d’un stimulus douloureux, une partie des nocicepteurs migraient de la surface vers le noyau des neurones médullaires.

Cette étude a été dirigée par Terence Coderre, directeur de l’Unité de recherche en anesthésie de l’Université McGill, et Karen O’Malley, de l’Université Washington, à Saint‑Louis. L’équipe s’est rendu compte que peu de temps après avoir reçu des médicaments expérimentaux bloquant l’activité des récepteurs nucléaires, les rats semblaient soulagés, du moins à en juger par leur comportement. « Les médicaments qui pénètrent dans les neurones médullaires et bloquent les récepteurs situés dans le noyau ont soulagé efficacement la douleur neuropathique, contrairement à ceux qui n’agissent qu’à la surface des neurones. Après le blocage des récepteurs nucléaires, la douleur spontanée et l’hypersensibilité à la douleur étaient moindres chez les rats porteurs de lésions nerveuses, alors que la sensibilité à la douleur est demeurée intacte chez les rats sains », explique le Pr Coderre.

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L’emplacement, critère no 1

On étudie depuis des dizaines d’années le rôle des récepteurs du glutamate dans la transmission de la douleur. Ce qu’il y a de nouveau, explique le Pr Coderre, c’est que ces travaux récents réalisés sur des cellules en culture et chez le rat nous ont permis de démontrer que l’emplacement du récepteur dans la cellule influait notablement sur la capacité de la cellule de transmettre les signaux de la douleur.

Les chercheurs se sont surtout intéressés aux neurones de la moelle épinière, courroie de transmission des signaux de douleur en provenance de l’organisme entier.

« Maintenant, nous nous pencherons sur les facteurs qui déclenchent la migration des récepteurs glutamatergiques vers le noyau et sur la mise au point de médicaments qui bloquent spécifiquement les récepteurs glutamatergiques du noyau », précise le Pr Coderre.

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Ces travaux ont été financés par l’Institut national de recherche sur les troubles neurologiques et les accidents vasculaires cérébraux des Instituts nationaux de la santé (subvention no NS081454). Les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, une bourse versée au titre du programme de formation stratégique Pain: Molecules to Community des Instituts de recherche en santé du Canada ainsi que la Fondation Louise et Alan Edwards ont complété le financement. Enfin, Eli Lilly and Co a fourni gracieusement LY393053, médicament utilisé lors des travaux.

L’article « Intracellular mGluR5 plays a critical role in neuropathic pain», par Vincent K, Cornea VM, Jong YI, Laferriere A, Kumar N, Mickeviciute A, Fung JST, Bandegi P, Ribeiro-da-Silva A, O’Malley KL et Coderre TJ, a été publié dans Nature Communications, 10.1038/NCOMMS10604

Le 3 février 2016