Source : HGJ

Même si le vapotage a été retenu comme moyen d’aider les fumeurs à abandonner le tabac, le cconseiller agréé en sevrage du tabac de l’HGJ recommande de recourir aux produits de vapotage seulement en cas de circonstances extrêmes.

En effet, dans le cadre d’une séance d’information publique tenue à la nouvelle résidence de l’Université McGill le 27 novembre, Joseph Erban, du Centre de prévention du cancer de la famille Stroll de l’HGJ, a reconnu que le vapotage avait aidé certaines personnes à abandonner la cigarette de tabac, mais a souligné du même souffle qu’il n’était pas prêt à promouvoir l’usage de produits n’ayant pas été soumis à des essais cliniques ni à d’autres formes de tests rigoureux.

Joseph Erban

« Il manque l’assurance de la qualité, a-t-il expliqué. Il y a des centaines de produits sur le marché, et nous ne connaissons ni leurs propriétés ni leur composition. Par conséquent, à titre de conseiller en sevrage du tabac, je ne peux pas recommander un produit qui n’a pas été reconnu comme inoffensif. »

Selon M. Erban, le problème avec les produits de vapotage est qu’ils n’ont pas fait l’objet d’études contrôlées, contrairement aux timbres et aux autres produits de remplacement de la nicotine traditionnels, dont les effets secondaires négatifs reconnus par les études cliniques sont minimes ou inexistants.

M. Erban admet que la cigarette électronique est une solution de rechange au tabac pour certaines personnes. Toutefois, il devient de plus en plus évident que certains utilisateurs de produits de vapotage à base de nicotine ont trois chances sur quatre de devenir la nouvelle génération de fumeurs, victimes des effets néfastes connus du tabagisme.

« Sans prévoir de lois ou de traités de nature réglementaire, nous avons lancé sur le marché une nouvelle drogue de masse et un nouveau système d’administration de substances sophistiqués de la prochaine génération qui produiront de nouvelles dépendances et de nouveaux toxicomanes. »

À la fin du mois de novembre, Danielle McCann, ministre de la Santé du Québec, a annoncé que le gouvernement entendait adopter de nouveaux règlements pour encadrer l’usage du tabac et les produits de vapotage. Ainsi, le tabac aromatisé, les produits de vapotage, la quantité de nicotine que ces produits contiennent et leur accessibilité, entre autres facteurs, seront examinés.

Le Dr Michael Pollak, directeur du Centre de prévention du cancer de la famille Stroll, a expliqué que les fabricants de produits de vapotage ont « initialement présenté leurs produits comme des outils pour aider les fumeurs à abandonner le tabac », ce qui semble méritoire.

Dr Michael Pollak, directeur du Centre de prévention du cancer de la famille Stroll de l’HGJ.

« Or, ils ont ensuite lancé une vaste promotion auprès des non-fumeurs, particulièrement les jeunes, et créé une nouvelle génération d’accros à la nicotine. S’ils sont vraiment accros à la nicotine, ils vapoteront ou fumeront pour le reste de leur vie, parce qu’il est difficile d’enrayer la nicotinomanie. »

Pour le Dr Jean Zigby, médecin en médecine familiale et en soins palliatifs à l’HGJ, l’inhalateur électronique de nicotine semblait initialement comme une solution de rechange viable à la cigarette de tabac.

« Toutefois, comme médecin en soins palliatifs et médecin de l’environnement, je suis bien placé pour savoir que la pollution de l’air est l’une des principales causes de maladies dans le monde actuellement. Est-ce une si bonne idée d’encourager les gens à continuellement inhaler des produits, tout comme ils inhalent la fumée du tabac? Peut-être pas. »

Selon Prabhat Jha, professeur en santé et épidémiologie mondiales à l’Université de Toronto, le vapotage semble un peu moins dangereux pour certaines personnes, car « les études de toxicologie ont démontré que les principaux ingrédients pathogènes de la cigarette de tabac se retrouvent en bien moins grande quantité dans la cigarette électronique. Ce fait est bien établi. »

Néanmoins, le professeur Jha soutient qu’il faut mettre en place des mesures pour éviter que les produits de vapotage gagnent les non-fumeurs. « Vu l’efficacité reconnue des mesures de lutte contre le tabagisme adoptées par le passé, il faudrait fortement augmenter la taxe d’accise au niveau fédéral et provincial, particulièrement au Québec et en Ontario, et imposer une légère hausse de taxe sur la cigarette électronique pour dissuader les utilisateurs plus sensibles au prix d’expérimenter les produits de vapotage ».

Flory Doucas, codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, a souligné que la loi fédérale sur les produits de vapotage ne va pas assez loin. Bien que la réglementation bannisse la vente aux mineurs et qu’elle exige des emballages à l’épreuve des enfants, elle n’interdit pas les produits aromatisés aux fruits ni les dispositifs de tabac attrayants.

C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, son organisme exige de restreindre la teneur en nicotine des cigarettes électroniques afin d’aider certains fumeurs à abandonner le tabac. « Si nous avons une leçon à tirer des produits de tabac, c’est qu’il ne suffit pas de les tenir loin de la portée des enfants. Il faut nous assurer que les enfants ne veulent pas du tout du produit ».

Couverture sur le sujet

Montreal Gazette | The draw of nicotine: With rise in youth vaping, history repeats itself

Le 18 decembre 2019