hpvvaccineLa vaccination systématique contre le virus du papillome humain (VPH) ne semble pas avoir modifié les comportements sexuels des adolescentes, selon la plus vaste étude jamais entreprise sur le lien entre la vaccination contre le VPH et des indicateurs indirects du comportement sexuel. Elle est publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ).

« Ces résultats suggèrent que les craintes que les comportements sexuels à risque augmentent après la vaccination contre le VPH ne sont pas fondées et ne devraient pas décourager de vacciner à un jeune âge », affirment Leah Smith, ancienne doctorante au Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill, et la professeure Linda Lévesque, du Département des sciences de la santé publique de l’Université Queen’s.

Depuis 2006, le vaccin contre le VPH, qui assure une protection contre quatre types de virus du papillome humain à l’origine de 70 % des cancers du col de l’utérus et de la majorité des verrues anales et génitales, a été homologué dans près de 100 pays, dont le Canada. La plupart de ces pays ont des programmes nationaux de vaccination contre le VPH qui protègent les jeunes filles contre le virus avant qu’elles ne deviennent actives sexuellement. Toutefois, certains craignent que le vaccin incite les adolescentes à avoir une sexualité plus à risque,  croyant à tort qu’elles ne contracteront pas d’infection transmise sexuellement.

Cette étude a porté sur une cohorte de 260 493 jeunes filles, dont la moitié environ (128 712) étaient admissibles au programme de vaccination des élèves de 8année de l’Ontario en 2007-2008 et 2008-2009 (les deux premières années où il était offert). Les chercheurs ont suivi les jeunes filles jusqu’au 31 mars de leur 12année de scolarité ou jusqu’à leur décès, le cas échéant. L’étude comptait  les grossesses et les infections transmissibles sexuellement non liées au VPH, comme indicateurs indirects du comportement sexuel.

Environ 6 % des jeunes filles sont tombées enceintes ou ont contracté une infection transmissible sexuellement entre le 1er septembre de leur 10année de scolarité et le 31 mars de leur 12année de scolarité, soit 10 187 grossesses et 6 259 infections transmissibles sexuellement non liées au VPH. Un peu plus de la moitié (51 %) des jeunes filles admissibles ont reçu les trois doses du vaccin contre le VPH en 8e et en 9année.

Les filles nées entre janvier et mars étaient invariablement plus susceptibles de tomber enceintes ou de contracter une infection transmissible sexuellement que celles nées plus tard au cours de l’année, d’où « l’importance de tenir compte de la date de naissance dans l’analyse des résultats », affirment les auteurs.

« Ni le vaccin contre le VPH ni l’admissibilité au programme n’ont augmenté le risque de grossesse et d’infections transmissibles sexuellement non liées au VPH chez les jeunes filles âgées de 14 à 17 ans », précisent les auteurs. Les données viennent de bases de données populationnelles de l’Institut des sciences cliniques évaluatives.

La seule autre étude réalisée sur ce sujet, menée aux États-Unis, portait sur 1 398 jeunes filles et montré des résultats similaires.

« Les résultats de cette étude seront utiles aux médecins, aux professionnels en santé publique et aux décideurs pour répondre aux préoccupations du public et des parents sur la vaccination contre le VPH et les comportements sexuels risqués », concluent les auteurs.

L’article intitulé Effect of human papillomavirus (HPV) vaccination on clinical indicators of sexual behaviour among adolescent girls: the Ontario Grade 8 HPV Vaccine Cohort Study, par Leah M. Smith, Jay S. Kaufman, Erin C. Strumpf et Linda E. Lévesque, a été publié dans le CMAJ.

http://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.140900.
Couverture sur le sujet
Toronto Sun
Yahoo News
CBC News
The Times of India

Le 10 décembre 2014