
Les innovations gagnantes de jeunes pousses soutenues par l’Université McGill visent à redonner à des enfants leurs fonctions motrices et à offrir aux femmes des soins moins douloureux
Pendant sa formation en neurosciences, Roberto Felipe Salamanca-Giron a travaillé avec Emma, jeune fille atteinte d’une infirmité motrice d’origine cérébrale à l’esprit vif qu’il n’oubliera jamais.
« Elle me disait : « Ce que je veux, c’est d’être indépendante », raconte-t-il. La meilleure façon de lui offrir cette indépendance était de la sortir de la prison qu’était son fauteuil roulant. »
C’est à ce moment qu’a commencé à germer l’idée de créer PhantasiAI, outil alimenté par l’IA conçu pour redonner de l’autonomie aux enfants paralysés par une infirmité motrice d’origine cérébrale, un accident vasculaire cérébral ou une lésion de la moelle épinière.
La jeune pousse de Roberto Felipe est l’une des sept entreprises lauréates de l’édition du printemps dernier du Concours d’innovation clinique (CLIC) de l’Université McGill.
Chapeauté par le Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, le concours offre du financement, du mentorat et un accès clinique afin d’aider les membres de cette faculté à transformer en solutions concrètes des idées prometteuses dans le domaine des soins de santé.
Neuroréadaptation pour enfants fondée sur l’IA
Le prototype de PhantasiAI sert à reprogrammer le système nerveux grâce à la neurostimulation, sans chirurgie ni implants.
« Ce qui est vraiment nouveau, c’est l’intégration de l’IA », explique Roberto Felipe, diplômé de l’Université McGill et entrepreneur postdoctoral à Mila – Institut québécois d’intelligence artificielle.
Étant donné que l’état et les objectifs de chaque enfant sont différents, la stimulation doit être adaptée, ajoute-t-il.
« La meilleure analogie est la musique. Certaines personnes préfèrent le hard rock, d’autres la musique classique. Ce sont des genres musicaux complètement différents sur le plan du tempo, de l’intensité et du rythme. C’est la même chose pour la stimulation. Nous utilisons des algorithmes d’IA pour déterminer la stimulation qui convient le mieux à chaque personne en temps réel. »
Lauréat du Prix de l’innovation clinique en pédiatrie, Roberto Felipe a reçu 4 000 $ et la possibilité d’obtenir jusqu’à 16 000 $ en financement de contrepartie. Cet automne, il mènera une étude de faisabilité au CHU Sainte-Justine et établira une collaboration clinique avec Marie-Hélène Boudrias, professeure agrégée à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill.

Vers une réduction de la douleur causée par les soins gynécologiques
Dans le cas de Claire Phan et de Julie Bertucceli, lauréates du Prix de l’innovation Smart & Biggar : l’innovation clinique présentant la meilleure proposition de valeur commerciale, une intervention douloureuse les a motivées à chercher à améliorer les soins prodigués aux femmes.
Cofondatrices de MiniGyn, elles ont voulu repenser l’un des outils gynécologiques les plus anciens et rendre moins douloureuse la pose d’un dispositif intra-utérin (DIU), méthode courante de régulation des naissances à long terme.
« Lorsqu’on pose un stérilet, on utilise une pince pour stabiliser le col de l’utérus, explique Claire. L’outil actuellement employé provoque souvent des saignements et des traumas. Nous voulons créer un dispositif qui permet de stabiliser le col de l’utérus en causant beaucoup moins de traumas ».
Les deux femmes se sont rencontrées alors qu’elles travaillaient à un projet de maîtrise en génie. Claire était inscrite au programme d’innovation chirurgicale, géré conjointement par l’Université McGill, l’École de technologie supérieure et l’Université Concordia, tandis que Julie terminait ses études à l’Université du Québec à Chicoutimi.
« Nous voulons que les femmes soient bien informées pour pouvoir agir, indique Julie. Lorsque nous avons interrogé des femmes sur la pose de leur stérilet, elles n’avaient souvent aucune idée des outils qui avaient été utilisés ou de ce qui avait été fait. Si notre projet suscite la discussion, il peut aider les femmes à mieux comprendre les soins qui leur sont prodigués et à exiger un meilleur traitement. »
Claire et Julie se préparent à déposer une demande de brevet et comptent poursuivre la conception de leur prototype grâce au prix de 5 000 $ qu’elles ont gagné pour MiniGyn.
Pour obtenir la liste complète des lauréates et lauréats de 2025 et un complément d’information sur le concours, consultez le site Web du concours CLIC.