Une étude récente explore un nouveau traitement potentiel

nicole2Les troubles causés par une sollicitation excessive de la voix touchent un adulte sur dix au cours de sa vie et nécessitent généralement un traitement chirurgical qui risque de laisser des cicatrices. Les troubles de la voix constituent un risque avéré chez les professionnels pour qui la voix est un outil de travail, comme les enseignants, les entraîneurs, les vendeurs, les politiciens et les chanteurs. Selon les données du Rapport de la Loi canadienne sur la santé (2012-2013), combinées aux données sur la couverture d’assurance pour les services d’orthophonie, les troubles de la voix coûtent plus de 1,75 milliard de dollars aux Canadiens chaque année.

Dans une étude récemment publiée dans la revue Laryngoscope, des chercheurs de l’Université de Hong Kong, de l’Université McGill et de l’Université de Pittsburgh ont exploré pour la première fois la possibilité de traiter les troubles de la voix au moyen de l’acupuncture, plutôt que de la chirurgie.

« Les résultats de l’étude indiquent que l’acupuncture a des effets anti-inflammatoires de courte durée chez les patients qui présentent des nodules vocaux – une atteinte causée par un phonotraumatisme, c’est-à-dire une lésion des cordes vocales due à la phonation, le processus de production de certains sons par une vibration quasi périodique des cordes vocales », explique Nicole Li-Jessen, professeure adjointe à l’École des sciences de la communication humaine de la Faculté de médecine de l’Université McGill, l’une des coauteures de l’article.

Dans le cadre de l’étude, deux groupes de patients ont subi des traitements d’acupuncture. Le premier a été traité au moyen d’aiguilles standards, l’autre au moyen d’aiguilles émoussées. Neuf points d’acupuncture ont été stimulés pendant 30 minutes et des échantillons de sécrétions ont été recueillis à la surface des cordes vocales avant, immédiatement après et 24 heures après le traitement.

En analysant la présence des marqueurs biochimiques IL-1 bêta et IL-10, les chercheurs ont constaté une augmentation du marqueur pro-inflammatoire (IL-1 bêta) au fil du temps dans le groupe traité au moyen d’aiguilles émoussées, mais pas dans celui ayant reçu le véritable traitement. L’effet inverse a été observé pour le marqueur anti-inflammatoire (IL-10).

« Personne auparavant n’avait réalisé ce genre de recherche sur l’acupuncture en laryngologie », ajoute la Pre Li-Jessen, qui a participé à la conception du volet biologique de l’étude et avancé l’idée d’explorer les effets de l’acupuncture du point de vue de la guérison des lésions, en plus de contribuer à l’interprétation des données.

Les résultats de cette étude originale portent les chercheurs à croire que la stimulation mécanique par les aiguilles peut favoriser la réponse anti-inflammatoire du corps, ce qui faciliterait la guérison des lésions phonotraumatiques. Un suivi prolongé et d’autres études seront toutefois nécessaires pour que l’approche soit largement acceptée comme traitement. Une diminution de l’incidence des troubles de la voix améliorerait la qualité de vie des patients et réduirait le fardeau des soins de santé pour la société.

L’étude a été financée en partie par des subventions du National Center for Complementary and Alternative Medicine des National Institutes of Health, aux États-Unis, et du Research Grants Council de Hong Kong.

Le 11 décembre 2015