Cet article est paru à l’origine dans FMHS Focus

Un nouveau don de 15,3 M$ de la Fondation familiale Irving Ludmer pour cartographier le cerveau à l’échelle cellulaire et favoriser la collaboration à Montréal 

D’un naturel curieux, M. Irving Ludmer (B.Ing. 1957, LL.D. 2019) a toujours voulu comprendre « comment la matière crée la pensée ».

Lancée en novembre grâce à un don de 15,3 M$ de la Fondation familiale Irving Ludmer à l’Université McGill, l’Initiative de génomique unicellulaire du cerveau du Centre Ludmer trouve son origine dans une conversation que M. Ludmer entretient depuis des décennies avec son alma mater.

Aux yeux de ce diplômé en génie physique, passionné depuis toujours par la psychiatrie et la santé mentale, l’agencement des neurones donnant lieu à la conscience « s’apparentait à un problème majeur de physique ».

Une conversation amorcée il y a 20 ans 

En 2003, celui qui est une figure marquante du monde des affaires de Montréal — ancien cadre chez Steinberg inc., chaîne de supermarchés, et sa filiale immobilière, Ivanhoe inc. — rencontrait le Dr Joel Paris (MDCM 1964, DipPsych 1972), alors directeur du Département de psychiatrie à McGill, pour discuter de possibilités de bénévolat. Deux ans plus tard, il se renseignait des possibilités de dons au Département auprès du Dr Abe Fuks (B. Sc. 1968, MDCM 1970), à l’époque doyen de la Faculté de médecine.

Ces conversations, à l’origine d’un don de la Fondation familiale Irving Ludmer pour une rénovation essentielle d’un pavillon du département, sis avenue des Pins — l’actuel Pavillon Ludmer — se sont poursuivies avec les successeurs du Dr Fuks.

« Nous sommes très reconnaissants envers Irving et son épouse Freema du soutien qu’ils apportent à la Faculté de médecine et des sciences de la santé », a dit le Dr David Eidelman (MDCM 1979), vice-principal (Santé et affaires médicales) et doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. « J’ai beaucoup appris de nos échanges au cours des ans. »

Irving et Freema Ludmer au lancement de l’Initiative de génomique unicellulaire du cerveau du Centre Ludmer, qui favorise l’ouverture et la collaboration en recherche.

Au fil des conversations, M. Ludmer, associé fondateur et président de la société de portefeuille d’investissement Cleman Ludmer Steinberg inc., a formulé le vœu de voir McGill propulser la recherche vers de nouveaux sommets en favorisant une meilleure collaboration avec ses hôpitaux partenaires en recherche.

Place au Centre Ludmer en neuroinformatique et santé mentale!

Établi en 2013 grâce à un don fondateur de 7,5 M$ de la Fondation familiale Irving Ludmer, qui y a réinjecté 10 M$ cinq ans plus tard, le Centre Ludmer associe McGill à trois partenaires : le Neuro (Institut-hôpital neurologique de Montréal), l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et l’Institut Lady Davis de recherches médicales à l’Hôpital général juif.

L’objectif?

Le progrès de la prévention, du diagnostic et du traitement de maladies mentales, de troubles neurodéveloppementaux (comme celui du spectre de l’autisme) et de maladies neurodégénératives (le parkinson et l’alzheimer), par de la recherche novatrice entre disciplines et entre établissements.

« Ce centre d’excellence en neuroinformatique, en génétique et en épigénétique concrétise la vision qu’avait Irving de rallier quatre partenaires autour d’une quête commune », a expliqué le Dr Eidelman.

« Je voulais les voir travailler en équipe », confie M. Ludmer.

Et maintenant, une autre des conversations si typiques de M. Ludmer, cette fois avec le Dr Gustavo Turecki (Ph. D. 1999), directeur du Département de psychiatrie de McGill et directeur scientifique de l’Institut Douglas, a permis de consolider la collaboration entre les quatre partenaires du Centre Ludmer, avec la mise en œuvre de l’Initiative de génomique unicellulaire du cerveau du Centre Ludmer. Chapeautée par ce dernier, l’Initiative vise à cartographier le cerveau à l’échelle de la cellule unique.

Le Dr Gustavo Turecki, directeur du Département de psychiatrie de McGill et directeur scientifique de l’Institut Douglas, jouera un rôle essentiel dans la mise en œuvre de l’Initiative. En tant que clinicien-chercheur, il étudie la neurobiologie de la dépression et du suicide.

Une ère en recherche sur le cerveau à la montréalaise

L’idée de l’Initiative de génomique unicellulaire du cerveau a germé lors d’une conversation entre M. Ludmer et le Dr Turecki, dont le projet était de réunir des collègues de plusieurs établissements de recherche pour sonder le cerveau à l’échelle de la cellule unique grâce à de nouveaux outils de pointe. Une proposition dont M. Ludmer était impatient de voir la réalisation. « Il était très ouvert et enthousiaste à l’idée. Les possibilités de progrès en recherche sur les maladies et les troubles du cerveau à la lumière d’une approche ciblant les cellules uniques sont considérables », dit le Dr Turecki.

Le cerveau abrite plusieurs types de cellules dont la combinaison forme des réseaux complexes à l’origine des nombreuses fonctions importantes de l’organe. En étudiant des cellules uniques, les chercheurs espèrent cerner les problèmes qui surviennent dans ces circuits en cas de maladie ou de trouble.  À l’aide des outils actuels, les chercheurs peuvent étudier des milliers de cellules individuelles en parallèle, ce qui rend gérable la tâche colossale de cartographier le cerveau.

« La perspective de générer toutes ces données m’enthousiasme », confie le Dr Turecki. « À l’aide de la carte détaillée du cerveau humain, visualisé avec une résolution de cellules uniques, et de l’analyse technologique de cellules cérébrales individuelles plus en détail que jamais auparavant, les chercheurs arriveront à mieux comprendre la fonction normale du cerveau et à traiter des psychopathologies, des troubles neurologiques et les cancers du cerveau. »

En tant que clinicien-chercheur, le Dr Turecki étudie la neurobiologie de la dépression et du suicide et jouera un rôle essentiel dans la mise en œuvre de l’Initiative.

Le récent don de la Fondation familiale Irving Ludmer porte son soutien philanthropique au profit de causes importantes pour McGill à plus de 32 M$ et perpétue la tradition du Centre Ludmer de soutenir une culture d’ouverture et de collaboration en recherche. Neuf postes de recherche seront créés, trois par hôpital partenaire : l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, pour l’étude des troubles psychiatriques; l’Institut Lady Davis à l’Hôpital général juif, pour l’élaboration de stratégies d’analyse de données sur des cellules uniques; et le Neuro, pour les troubles neurologiques et la neuroinformatique.

« Le mérite du projet est de mobiliser ces partenaires autour d’un modèle de la pratique de la science qui devrait avoir cours partout », dit le v.p.-doyen Eidelman qui y voit une autre marque distinctive de la philanthropie de la Fondation familiale Ludmer au profit du Centre Ludmer.

À l’avenir, Irving Ludmer espère que les réseaux de recherche établis par le Centre Ludmer essaimeront dans d’autres universités à Montréal et ailleurs. « La conjonction de la science ouverte et de la collaboration est une conception digne d’être propagée », estime-t-il.