Judith Soicher, Ph. D., directrice associée de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de McGill

par Monica Slanik
En novembre 2018, les Pres Judith Soicher et Sabrina Figueiredo, de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill, ont assisté à l’inauguration de la Clinique universitaire de physiothérapie de l’UQAC, une étape importante pour le programme de physiothérapie de l’Université McGill offert en extension à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). La Pre Soicher, conférencière invitée à l’événement et l’un des fers de lance du programme, a récemment pris le temps d’exprimer ses réflexions sur ce partenariat novateur et réussi entre les deux établissements. 
Ce partenariat semble avoir donné d’excellents résultats. Pouvez-vous nous expliquer comment ce besoin a été exprimé et quand l’idée du partenariat a germé?

En 2005, l’UQAC, sa communauté régionale et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport ont exprimé un grand intérêt à créer un programme de physiothérapie à l’UQAC pour pallier la pénurie de physiothérapeutes au Saguenay-Lac-St-Jean, au Québec. L’UQAC cherchait à accueillir dans ses locaux un programme de physiothérapie offert en extension par une université détenant un programme établi et reconnu. Ses administrateurs ont amorcé des discussions avec ceux de l’Université McGill et, en 2010, les deux universités ont signé un protocole d’entente officiel. Le programme offert en extension à l’UQAC a admis ses premiers étudiants en septembre 2012. Depuis, McGill offre ses programmes de baccalauréat en sciences de la réadaptation et de maîtrise ès sciences appliquées en physiothérapie en français à l’UQAC, donnés par des professeurs-chercheurs et des professeurs-cliniciens locaux.

Rubens Da Silva, Ph. D., directeur de la Clinique universitaire de physiothérapie de l’UQAC
Nicole Bouchard, Ph. D., rectrice de l’UQAC
Judith Soicher, Ph. D., directrice associée de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de McGill
Julie Labbé, présidente-directrice générale du CIUSSS Saguenay-Lac-Saint-Jean
Sylvie Massé, directrice des soins infirmiers du CIUSSS Saguenay–Lac-Saint-Jean

À quoi a ressemblé le processus d’élaboration du programme, combien de temps a-t-il fallu pour le mettre sur pied et combien de personnes y ont participé?

Dans mes fonctions de directrice du programme de physiothérapie de l’Université McGill entre 2009 et 2017, j’ai fait partie des nombreuses personnes qui ont participé à la mise sur pied du programme offert en extension à l’UQAC. Je dirais que le travail le plus intensif a eu lieu pendant la première mouture du programme entre 2012 et 2017, lorsque la première promotion a été diplômée à la maîtrise. Dès le départ, il était apparent que les complexités opérationnelles, universitaires et humaines nécessaires pour produire un programme en extension dépasseraient largement le protocole d’entente. Nous avons toutefois réussi à composer avec ces complexités grâce à tout un village d’intervenants – trop nombreux pour que je puisse les compter –, fermement décidé à donner vie à ce partenariat. Parmi ces intervenants, les étudiants de l’UQAC ont fait preuve d’un professionnalisme remarquable et donné des commentaires inestimables. Les professeurs et les formateurs cliniques de l’UQAC n’ont ménagé aucun effort pour que le programme du campus de l’UQAC réponde aux normes universitaires les plus élevées. De plus, les professeurs du programme de physiothérapie mcgillois ont prêté leurs compétences, leur matériel pédagogique et leur temps à leurs collègues de l’UQAC. En particulier, la Pre Liliane Asseraf-Pasin, actuelle directrice du programme de physiothérapie à McGill, Mme Linda Labelle, pht, et Mme Martha Visintin, pht, ont joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre du programme d’études à l’UQAC. Enfin, la Faculté de médecine et les services d’inscription de McGill ont apporté un formidable soutien au projet. 

Pouvez-vous parler de certains des effets positifs ou des caractéristiques que vous avez déjà observés?

Les étudiants du Saguenay-Lac-St-Jean qui désirent poursuivre leurs études en physiothérapie dans leur région ont l’avantage de le faire à un coût plus abordable et de pouvoir découvrir les besoins de santé de leur propre communauté. Les étudiants locaux et ceux de l’extérieur qui décident d’étudier ici trouveront probablement leur emploi dans la région et y demeureront après avoir terminé leurs études. Par conséquent, ces cliniciens qui détiennent une maîtrise et les professeurs-chercheurs contribuent aux services de santé locaux et aux recherches scientifiques dans la communauté, ce qui renforce les capacités de réadaptation et de recherche de la région.

Dans la population, grâce aux promotions régulières de physiothérapeutes diplômés qui arrivent sur le marché du travail, les Saguenéens profiteront d’un meilleur accès aux services de physiothérapie. La Clinique universitaire de physiothérapie de l’UQAC en est un parfait exemple. La clinique offre des traitements gratuits, axés sur des services de physiothérapie recherchés, mais moins disponibles en région, tels que la réadaptation pour les personnes atteintes d’une maladie pulmonaire chronique, les interventions auprès des personnes âgées à risque de chute et la perte d’autonomie.

En plus de servir la population, la clinique a comme mission pédagogique de fournir aux étudiants des stages cliniques dans divers domaines d’exercice et comme mission de recherche de favoriser le recrutement de clients qui participeront aux recherches des professeurs. Ainsi, l’ouverture de la clinique est un point saillant indéniable dans l’évolution du programme de l’UQAC, qui intègre désormais les missions de service, d’enseignement clinique et de recherche. Par ailleurs, le programme a récemment obtenu l’agrément national « en conformité totale », ce qui représente une énorme réalisation pour un programme aussi jeune.


Avez-vous des conseils à donner à ceux qui envisageraient une initiative similaire?

Je leur dirais que pour que ce type d’initiative réussisse, la relation entre les établissements et entre les intervenants doit reposer sur une vision commune, le respect et la confiance. Comme dans tout solide partenariat, il est essentiel de régler les problèmes rapidement en privilégiant des communications ouvertes, en se mettant dans la peau de l’autre et en faisant parfois des compromis sur des questions non essentielles. Enfin, je leur conseillerais de se préparer à un cheminement imprévisible, mais qui se révélera très enrichissant à la fois sur le plan professionnel et sociétal.

Liens connexes
Article de Radio-Canada Saguenay sur la nouvelle clinique universitaire
Site Web de la clinique de physiothérapie de l’UQAC
Première promotion de diplômés à la maîtrise au programme de l’UQAM

Le 22 février 2019