Mars, mois de sensibilisation à l’endométriosela—bonne nouvelle : il existe des traitements
Lena Dunham, réalisatrice et comédienne dans la populaire série télévisée Girls, a récemment informé ses admirateurs qu’elle prenait une pause en raison de son endométriose. Elle a ainsi mis en lumière cette maladie plutôt mal connue.
Pourtant, l’endométriose touche au moins un million de femmes et de filles au Canada, et des millions d’autres de par le monde. « C’est une affection qui se manifeste lorsque les tissus de l’endomètre, qui se forment normalement à l’intérieur de l’utérus, se développent aussi à l’extérieur de l’utérus », explique le docteur Togas Tulandi. Ce chef intérimaire au département d’obstétrique et gynécologie du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), directeur intérimaire au département d’obstétrique et gynécologie et détenteur de la Chaire Milton Leong en médecine reproductive de l’Université McGill a rédigé un livre sur le sujet qui a beaucoup retenu l’attention. « En général, les tissus se forment sur les ovaires dans l’abdomen, dans la zone située entre le vagin et le rectum et sur la paroi de la cavité pelvienne. »
Chez certaines femmes, cette croissance des tissus se produit sans même qu’elles s’en rendent compte. D’autres souffrent plutôt d’une affection douloureuse et chronique. Puisque les tissus excédentaires qui seraient normalement expulsés pendant les règles ne peuvent pas quitter l’organisme (d’ordinaire, la paroi utérine s’évacue par le vagin pendant les règles), ils s’accumulent et restent bloqués, provoquent des douleurs et, dans certains cas, entraînent une infertilité.
« L’endométriose est souvent difficile à diagnostiquer, mais c’est la coupable chez 25 % à 30 % des femmes qui éprouvent des problèmes de fertilité ou des douleurs pelviennes, déclare le docteur Tulandi. La plupart du temps, les symptômes comprennent des règles et des relations sexuelles douloureuses, et des douleurs s’ajoutent parfois pendant les selles. L’infertilité en est un effet secondaire. »
Nouvelle mariée, Sarah∗ n’avait aucune idée qu’elle souffrait d’endométriose avant d’arrêter de prendre la pilule pour devenir enceinte. « J’étais au travail quand je me suis mise à avoir d’horribles maux de ventre. Je ne comprenais pas ce qui se passait, se rappelle-t-elle. J’ai dû quitter le travail tant les douleurs étaient intenses. En fin de compte, j’ai subi une échographie le lendemain, et ils ont décelé un kyste d’endométriose. »
Sarah a été orientée vers le docteur Tulandi, qui l’a informée qu’en raison d’une endométriose très étendue, elle devrait se faire opérer pour retirer les tissus, ce qui accroîtrait ses chances de devenir enceinte.
« L’imagerie diagnostique ne nous permet pas de poser un diagnostic d’endométriose de stade 1 ou 2 », explique le docteur Tulandi. Sarah avait une endométriose de stade 4. « Il faut plutôt utiliser un télescope par voie laparoscopique. Si on craint une endométriose, on administre des médicaments. En général, on privilégie la pilule contraceptive, un médicament du nom de Visanne ou un dispositif intra-utérin qui contient de la progestérone. Ces médicaments suppriment la croissance cellulaire, et c’est ce qui est arrivé à Sarah, sans qu’elle le sache, lorsqu’elle prenait la pilule. »
« Si on peut contrôler les symptômes par la médication, je préfère cette méthode à la chirurgie, précise le docteur Tulandi. Toutefois, si la patiente qui a une endométriose est infertile à cause des tissus excédentaires, nous l’opérons. C’est une intervention à effraction minimale, et la patiente peut rentrer chez elle le jour même. Il est préférable de tenter de concevoir immédiatement après l’opération, parce que les cellules se forment de nouveau. Il faut attendre après la ménopause pour qu’elles arrêtent de proliférer. »
Le docteur Tulandi est toujours à la recherche de nouveaux traitements pour les patientes atteintes d’endométriose. Il fait actuellement partie du comité organisateur du congrès mondial 2017 sur l’endométriose, qui aura lieu à Vancouver. « Nous nous réunissons pour partager nos connaissances, affirme le docteur Tulandi, qui est également professeur titulaire à l’Université McGill. Si elles sont pertinentes, je peux ensuite les transmettre à mes étudiants qui viennent des quatre coins du monde. En fait, j’ai récemment été invité en Israël, où j’ai rencontré une dizaine de personnes que j’ai formées. »
L’opération a bien fonctionné pour Sarah, qui est devenue enceinte au bout de quatre mois, a accouché de son premier enfant en avril 2012 et a donné naissance à un deuxième enfant deux ans et demi plus tard.
« Entre les grossesses, j’ai allaité le plus longtemps possible et j’ai pris un contraceptif à faible dose pour empêcher la formation de nouvelles cellules, raconte Sarah. J’ai maintenant recommencé à prendre un contraceptif ordinaire, car nous ne voulons pas d’autres enfants. Je suis très reconnaissante au docteur Tulandi pour ses soins, qui ont été exceptionnels du début à la fin. »