Khandideh Williams, étudiante à la maîtrise au Département de médecine de famille, est née à Montréal de parents qui ont immigré des Caraïbes. Peu après le secondaire, son intérêt pour les sciences s’est développé et elle a commencé à s’impliquer dans la recherche et le leadership étudiant au Collège Dawson, avant d’obtenir son baccalauréat en microbiologie et immunologie à l’Université McGill. Pendant cette période, elle a approfondi sa connaissance des mécanismes de la santé et des maladies tout en participant à plusieurs projets de recherche. Forte de cette formation en sciences fondamentales et en recherche en laboratoire, Khandideh cherchait à poursuivre sa passion pour la santé et l’équité en soins de santé, de même que son intérêt pour les facteurs sociaux liés à la prestation des soins de santé et à leurs résultats. C’est dans cette optique qu’elle a entamé sa maîtrise au Département de médecine de famille de McGill à l’automne 2020. Son objectif : mener des recherches qui pourront orienter des politiques visant à améliorer la prestation de soins dans les populations vulnérables.

Un bref portrait de Khandideh

« Je m’identifie fortement à mon héritage multiculturel », déclare Khandideh. « Bien que mes parents n’aient pas eu la possibilité de poursuivre des études supérieures dans leur jeunesse, ils m’ont toujours inculqué l’importance et la valeur de l’éducation. Leur soutien et leurs encouragements constants m’ont motivée à explorer de nouvelles activités et à prendre plaisir à l’apprentissage. » Khandideh relate qu’elle n’a pas côtoyé beaucoup de professionnels noirs pendant sa jeunesse. « Je me suis parfois interrogée sur ma capacité à réussir en sciences et en recherche, et dans d’autres disciplines qui sont plus souvent dominées par des personnes non-racisées. Malgré ce manque de représentation, je suis restée concentrée et motivée, sachant l’importance de pouvoir se projeter dans des postes inspirants. Pour cette raison, je veux être un modèle pour les jeunes enfants noirs qui aspirent à obtenir une éducation supérieure et à intégrer le milieu universitaire ou de la recherche. »

Le mémoire de Khandideh, qu’elle rédige sous la supervision de la Pre Alayne Adams et la Pre Jeannie Haggerty, porte sur l’équité des soins de santé. Son projet de recherche comprend une étude qualitative qui explore l’influence de la race sur l’accessibilité des soins de santé primaires pendant la pandémie de COVID-19. Dans une optique intersectionnelle, Khandideh étudiera les expériences que des personnes de différentes catégories raciales ont vécues lorsqu’elles ont cherché à obtenir des soins de santé primaires. Avec ces données, Khandideh veut déterminer les obstacles et les facteurs qui influencent l’accès. « Le Département de médecine de famille s’est distingué à mes yeux par l’attention particulière qu’il porte à l’engagement communautaire. Sa mission consiste à former des étudiants et des professionnels afin qu’ils puissent apporter une contribution précieuse au développement et à la durabilité du système de santé canadien », note-t-elle.

Au printemps 2020, Khandideh a été élue vice-présidente aux études de l’Association étudiante des deuxième et troisième cycles en médecine de famille. « Je suis très heureuse et honorée que les étudiants du Département m’aient fait confiance pour m’élire à ce poste en tant qu’étudiante de première année de maîtrise », dit-elle. En plus des recherches liées à son mémoire, Khandideh a également participé à une analyse contextuelle des initiatives de santé mentale et de bien-être menées par les jeunes. Cette étude est menée dans le cadre du projet « Listen Up » dirigé par l’École de santé des populations et de santé mondiale de McGill et vise à identifier les lacunes dans les données probantes utilisées pour développer des programmes de santé mentale pour les jeunes. « Je crois qu’il est important d’entendre, d’inclure et d’amplifier les voix des jeunes lorsqu’on élabore des initiatives pour leur santé mentale, afin qu’elles soient appropriées », explique-t-elle.

Mois de l’histoire des Noirs

En ce Mois de l’histoire des Noirs, Khandideh célèbre le mérite des scientifiques et professionnels noirs de la relève qui continuent à trouver la motivation nécessaire pour briser le plafond de verre, traditionnellement hors d’atteinte. Parmi les personnes qu’elle admire, elle cite Kamala Harris, la première femme noire et la première Américaine d’origine asiatique à devenir vice-présidente des États-Unis. « Je crois qu’il est important pour McGill, et pour d’autres institutions, de participer aux activités du Mois de l’histoire des Noirs et d’impliquer leurs communautés, car l’histoire des Noirs est l’histoire de tout le monde. L’histoire des Noirs et les contributions des Noirs devraient être discutées, partagées et célébrées tout au long de l’année », note-t-elle. « Puisque les contributions des Noirs à l’histoire du Canada ne sont pas suffisamment représentées, tous les efforts devraient être faits dans toutes les institutions pour mettre en valeur les héritages et les voix des Noirs pendant le Mois de l’histoire des Noirs. C’est un moment de réflexion, une occasion de remercier ceux et celles qui ont contribué à nous ouvrir la voie aujourd’hui. »

Les récents événements ont secoué le monde et rappelé à tous que le racisme systémique est toujours en place et que la discrimination est présente dans le domaine de la santé. Khandideh estime que le manque de politiques de sécurité culturelle dans de nombreuses pratiques cliniques est l’un des défis à relever. « Nous devons également nous pencher sur la question de l’avancement professionnel dans le secteur de la santé et dans le milieu universitaire, où les femmes et les personnes de couleur sont moins susceptibles d’être publiées, citées et promues », ajoute-t-elle. « Pour améliorer la prestation des soins de santé dans l’ensemble du Québec et du Canada, il faudrait savoir si cette pratique est le résultat d’une discrimination cachée ou si elle est le résultat d’autres facteurs latents. »

Pour aller de l’avant, Khandideh encourage les personnes en position de pouvoir à reconnaître qu’un changement est nécessaire. Elle considère aussi que les personnes qui sont conscientes des changements à apporter devraient participer au processus décisionnel et obtenir des postes de pouvoir. « La diversité au sein du personnel favorisera l’introduction de nouvelles perspectives, opinions et stratégies qui pourraient être plus bénéfiques et plus équitables », explique-t-elle. « Cela dit, je pense qu’il est important de mentionner les nombreux citoyens de tous âges et de disciplines et professions diverses qui continuent à plaider pour le changement à différents niveaux de la société. Ces voix sont cruciales pour déclencher les mouvements qui accéléreront la prise de conscience et le changement. L’union fait la force, après tout. »

 

25 février 2021