John Pringle n’a pas de réponse définitive quant à sa décision de devenir infirmier, mais il vous dira avec assurance que c’est la meilleure de sa vie. Il s’est joint à l’équipe de l’École de sciences infirmières Ingram en août 2017 en tant que professeur adjoint

 
Christina Kozakiewicz & Thalia Aubé

John Pringle n’a pas de réponse définitive quant à sa décision de devenir infirmier, mais il vous dira avec assurance que c’est la meilleure de sa vie.

Le professeur adjoint à l’École de sciences infirmières Ingram, qu’il a intégrée en août 2017, a vu son intérêt pour le domaine germer après ses études secondaires, lors de ses voyages, sac au dos, en Europe. À cette période marquée par les décisions à prendre pour son avenir, Pringle savait qu’il désirait une carrière qui l’amènerait à voyager, mais aussi à contribuer de façon constructive aux communautés. De retour d’outre-mer, il effectue un baccalauréat ès sciences infirmières à l’Université McMaster, devient infirmier autorisé et travaille dans un cadre de pratique avancée au sein de communautés des Premières Nations du nord du Manitoba. Il se tourne ensuite vers Médecins Sans Frontières (MSF), la réputée ONG humanitaire et internationale qui est bien connue pour ses projets en zones de conflit et dans des pays aux prises avec des maladies endémiques ou épidémiques.

C’est pendant sa collaboration avec MSF que Pringle mesure l’ampleur de la contribution du personnel infirmier à la prestation des soins de santé à l’échelle mondiale. «Les soins de santé sont en grande partie fournis par du personnel infirmier, dans le monde. Cette constatation m’a poussé à devenir un infirmier et à travailler pour MSF.»

Dans des camps de réfugiés en Érythrée en 2001 durant le conflit entre ce pays et l’Éthiopie, Pringle voit les ravages causés par des maladies à potentiel épidémique. Il obtient ensuite une maîtrise en santé communautaire et en épidémiologie à l’Université Queen’s et, après quelques missions supplémentaires avec MSF, un doctorat en santé publique et en bioéthique de l’École Dalla Lana de santé publique, à l’Université de Toronto.

Diplôme de doctorat en poche depuis peu, Pringle se joint à MSF en Afrique occidentale, alors ravagée par l’épidémie d’Ebola. Au plus fort de la crise, il se trouve en Sierra Leone, où il aide à la mise sur pied d’un nouveau centre de traitement du virus Ebola, au triage des patients venus pour être traités, et à l’administration massive de médicaments antipaludiques dans la grande région de Freetown. Il se souvient du bouleversement ressenti pendant ce séjour, en voyant MSF assurer l’essentiel des interventions. «Je ne comprenais pas qu’au début du 21esiècle, les mesures visant à juguler la pire flambée mondiale du virus Ebola, la première à se propager à de grands centres urbains et au-delà de frontières internationales, soient laissées à une organisation humanitaire comme MSF. La mondialisation soulève des questions préoccupantes sur le plan éthique, alors que les politiques économiques néolibérales suppriment les protections pour la santé publique et l’environnement, tout en laissant tomber les besoins des pauvres», dit-il.

En quête d’une réflexion critique sur ces dilemmes éthiques, Pringle se joint au Humanitarian Health Ethics (HHE) Research Group. «J’ai la chance de faire partie du groupe principal au Canada», dit-il. Ses membres se penchent sur ces épineuses questions et cherchent à proposer des solutions. À l’occasion d’une étude du HHE, Pringle est retourné en Afrique occidentale à l’été 2017 afin d’interviewer des survivants du virus Ebola sur leurs expériences, en tant que participants à la recherche. L’étude vise à identifier les obstacles et éléments facilitateurs à l’application de normes éthiques en recherche clinique durant la flambée du virus Ebola, afin d’informer de futures recherches durant des urgences en santé publique (HHE, 2018). Plus de 100 intervenants des pays les plus touchés, la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria, ont été recrutés pour l’étude; ses conclusions, auxquelles Pringle travaille avec ses collègues, devraient être publiées au cours de la prochaine année.

Pringle s’intéresse avec MSF au rôle de la télémédecine dans des projets humanitaires. Ainsi, il évalue une plateforme de télémédecine installée par MSF au Niger dans un hôpital communautaire éloigné que soutient l’ONG et qui vise à aider des cliniciens locaux à prendre en charge les problèmes de santé complexes de patients en pédiatrie. Outre sa recherche, Pringle est vice-président du comité de révision déontologique de MSF depuis septembre 2015. Constitué d’un groupe multidisciplinaire d’experts en méthodologie de recherche, en santé mondiale et en éthique de la recherche, le comité indépendant est chargé d’examiner et d’approuver la recherche que mène MSF. Pringle envisage de continuer à soutenir l’ONG en tant que professeur adjoint à l’École de sciences infirmières Ingram.

 

Le 19 septembre 2018