Un texte de notre série « À la rencontre de membres de la FMSS venus d’ailleurs » – La Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) est composée de communautés plurielles dont les membres proviennent de partout au Canada et d’ailleurs dans le monde. Cette série souligne le talent et l’expertise de personnes qui ont choisi de venir s’établir au Québec et de se joindre à l’Université McGill. Merci de votre précieuse contribution! 

Heather Purdie navigue entre deux univers avec une aisance remarquable. Si ses fonctions d’administratrice et d’adjointe au vice-décanat exécutif, Affaires professorales à l’Université McGill la définissent professionnellement, c’est par son implication bénévole qu’elle laisse sa marque dans la communauté montréalaise. Son engagement découle d’une volonté profonde d’aider les femmes vulnérables. 

Des horizons interculturels 

Écossaise d’origine et titulaire d’une maîtrise en santé publique et recherche sur les services de santé, Heather a travaillé neuf ans comme musicothérapeute en Grande-Bretagne avant de s’installer en Suisse, puis au Canada, dans des milieux francophones. Ces expériences d’immersion, dit-elle, lui ont fait constater à quel point l’apprentissage de la langue « est la clé de l’intégration dans une nouvelle culture ».  

À Montréal, Heather a travaillé en français pour la première fois, un nouveau défi qu’elle a trouvé des plus motivants. Elle a par la suite décroché son poste actuel à l’Université McGill. Au-delà de l’accomplissement professionnel, Heather a trouvé sa place à Montréal, appréciant la diversité et l’esprit de tolérance qui caractérisent la ville. « Ici, on vous accepte pour qui vous êtes, sans connaître tous les détails de votre passé, explique-t-elle. Les gens vous acceptent, tout simplement, ce qui a été très libérateur pour moi à plusieurs égards. » 

Des voix qui s’élèvent  

Après son arrivée au Québec, Heather s’est inspirée de sa propre expérience pour aider des femmes à surmonter des épreuves qu’elle ne connaît que trop bien. Son empathie et son cheminement personnel de survivante ont guidé son engagement dans l’organisme Logifem, qui aide les femmes en difficulté à sortir du cycle de l’itinérance, et le projet Rapha, une initiative communautaire qui étudie la violence conjugale dans les groupes confessionnels au Québec.  

Ces organismes valorisent la participation des femmes ayant vécu elles-mêmes la violence, une approche à laquelle Heather adhère tout à fait : selon elle, la prise de parole des survivantes est un puissant levier, tant dans la relation d’aide que pour atteindre un consensus social. « C’est très important à mes yeux parce qu’ayant moi-même survécu à la violence, je veux tout faire pour créer des milieux où les femmes et les filles peuvent s’épanouir. Si quelqu’un m’avait parlé de ça il y a 10 ou 15 ans, ma vie aurait été très différente. Je crois que je ne réalisais même pas ce qui m’arrivait. »  

Heather souligne l’importance de la participation des personnes survivantes à l’action communautaire. « Je crois que celles d’entre nous qui ont ce vécu et qui sont capables d’en parler aident à ouvrir la porte à d’autres, pour qu’elles sachent que c’est quelque chose qui arrive, que c’est souvent difficile mais qu’il y a de l’aide, qu’il y a des gens qui comprennent. » 

Un toit pour les femmes 

Heather est vice-présidente du conseil d’administration de Logifem depuis juin 2023. Elle participe aussi aux activités de l’organisme la fin de semaine; elle passe du temps en cuisine, aide à servir les repas et échange avec les clientes et le personnel.  

Rappelant les limites de l’hébergement temporaire en refuge, Heather souligne qu’il est essentiel pour les femmes en situation d’itinérance d’avoir accès à un logement permanent où elles peuvent bâtir une stabilité. Elle mentionne la complexité de l’aide nécessaire, où des facteurs comme l’hygiène, la sécurité, la garde des enfants, et, surtout, la violence, exigent des solutions bien réfléchies. « Il est toujours aussi important dans notre société de parler de violence conjugale et d’itinérance chez les femmes », insiste-t-elle. 

Des épreuves invisibles mises au jour 

Souhaitant remettre en question les normes sociales, Heather met également ses compétences en recherche et analyse qualitative au service du projet Rapha. L’équipe de ce projet de recherche inspiré d’une étude menée en Angleterre en 2018 a jusqu’ici recueilli plus de 500 réponses à son questionnaire et mené 13 entrevues auprès de personnes survivantes. « Je croyais qu’il serait fascinant de reprendre cette étude au Québec, mais je ne voulais pas simplement importer un modèle étranger en présumant que ça allait fonctionner ici, explique Heather. C’est pourquoi nous avons d’abord fait une analyse approfondie, sur deux à trois ans, pour déterminer de quoi aurait l’air l’étude dans le contexte québécois. »  

 

À lire aussi: 

Helping women come in from the cold