En dépit de nombreuses études génomiques, il n’existe aucune preuve attestant que la génétique soit à l’origine des disparités entre les Noirs et les Blancs au chapitre des maladies cardiovasculaires
Des chercheurs de l’Université McGill soutiennent qu’il n’existe toujours aucune preuve attestant que des différences génétiques entre les Noirs et les Blancs soient à l’origine des disparités entre ces deux groupes au chapitre des maladies cardiovasculaires. Les auteurs de cette étude, dont les résultats ont été publiés dans l’American Journal of Epidemiology, suggèrent qu’au terme de dix ans d’études sur la génétique , sur des facteurs tels que le mode de vie, l’éducation et la situation socioéconomique – plutôt que sur des facteurs génétiques – constituent des pistes de recherche plus prometteuses pour comprendre les disparités en matière de santé entre les groupes ethniques.
Les chercheurs ont axé leurs travaux sur les maladies cardiovasculaires, lesquelles constituent le principal facteur contribuant à l’écart de mortalité entre les groupes ethniques. Ils ont effectué une revue systématique d’articles publiés au cours d’une période de sept ans et comportant des données génétiques sur des populations africaines et européennes. L’équipe de scientifiques n’a trouvé aucun élément pouvant expliquer les disparités ethniques, et ce, malgré les centaines de variantes génétiques répertoriées.
« Après presque dix ans d’études d’association à l’échelle du génome entier, aucune évaluation n’avait encore porté sur la contribution de ces dernières à la compréhension de la plus importante disparité en matière de santé entre les groupes ethniques », affirme Jay Kaufman, du Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de la Faculté de médecine de l’Université McGill.
Le professeur Kaufman et ses collègues ont évalué les associations recensées à partir d’études génomiques publiées. « Le fait que nos résultats n’apportent que peu de preuves solides étayant le rôle de la génétique dans les disparités ethniques observées au chapitre des maladies cardiovasculaires pourrait être attribuable à l’incapacité des études d’association à l’échelle du génome entier d’expliquer les phénotypes des maladies observées », ajoute le professeur Kaufman.
« En dépit de l’énorme investissement social dans les études génomiques, nous n’en savons guère davantage sur les disparités qui existent à l’égard de la cause la plus répandue de morbidité et de mortalité entre les groupes ethniques », affirme le professeur Kaufman. « Compte tenu de tels résultats, des recherches plus poussées et d’autres investissements seront nécessaires afin d’examiner les effets des inégalités sociales et environnementales telles que la consommation d’aliments malsains et l’exposition aux facteurs de stress psychosociaux. La réponse pourrait résider dans une forme d’interactions entre des facteurs génétiques et ces disparités environnementales et comportementales; toutefois, compte tenu de la technologie actuelle, la détection de ces interactions constitue un défi encore plus grand. »
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Cette étude a été financée par le Programme des chaires de recherche du Canada.