En lui remettant son prestigieux prix dans la catégorie Promotion de la santé, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec salue l’apport remarquable de Françoise Filion à la santé communautaire du Québec.
La passion de Françoise Filion pour l’amélioration de la qualité de vie des communautés marginalisées et mal desservies date de ses jeunes années, à La Tuque, où ses parents ont fondé une soupe populaire. « Depuis ce moment-là, l’aide aux personnes en situation d’itinérance m’a toujours attirée », raconte-t-elle. Devenue infirmière et professeure, elle s’est orientée tout naturellement vers les soins infirmiers communautaires, une spécialité qui lui permet de changer les choses, une communauté à la fois. Le 15 juin 2022, en lui remettant son prestigieux prix Florence dans la catégorie Promotion de la santé, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a salué l’apport remarquable de Françoise Filion à la santé communautaire du Québec.
Elle reçoit ces honneurs pour avoir piloté la création de la première clinique infirmière au Québec, la clinique McGill-Bonneau, qui a ouvert ses portes en 2017. Grâce à un généreux don, le concept a par la suite été appliqué dans cinq autres organismes pour former, avec la clinique pionnière, le Réseau de cliniques infirmières communautaires (RCIC) de l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII). L’une des clés du succès du RCIC est l’intégration des cliniques à même les locaux d’organismes communautaires qui servent des populations marginalisées. « On établit ainsi une relation de confiance, ce qui est particulièrement important pour des gens qui ont perdu contact avec le système de santé, explique Françoise Filion. Ils viennent nous voir parce qu’ils se sentent en sécurité. » Le RCIC joue aussi un rôle pédagogique important, en permettant aux étudiantes et étudiants de se familiariser avec les réalités et les défis des soins infirmiers communautaires.
À la fois ravie d’avoir reçu ce prix et animée d’une grande humilité, la Pre Filion souligne que l’innovation est au cœur des sciences infirmières à McGill. « Notre École a toujours fait œuvre de pionnière en misant sur les forces, pour les reconnaître et les potentialiser. » Parmi ces innovations figurent le modèle des soins infirmiers et de santé fondés sur les forces, créé par la professeure Laurie Gottlieb, ainsi que le modèle McGill des soins infirmiers, développé sous la gouverne de feue F. Moyra Allen, une éminente professeure ayant contribué de manière exceptionnelle à la formation, à la recherche et à la pratique infirmière, notamment en établissant une clinique de soins des pieds pour les personnes marginalisées atteintes de diabète.
« Mon idée est arrivée au bon moment. Je me vois comme faisant partie de toute une chaîne de personnes qui m’ont aidée à réaliser ce rêve », explique la Pre Filion. Le premier maillon de la chaîne a été forgé grâce au leadership et au soutien de la vice-doyenne et directrice de l’ÉSII, Anita Gagnon, qui a chargé la Pre Filion d’entreprendre un projet de clinique infirmière communautaire administrée par l’École, en 2016. Françoise Filion salue également le travail du professeur Hugo Marchand, directeur de projet du RCIC, qui a offert une expertise logistique essentielle pour concrétiser le projet. La chaîne passe en outre par Nicolas Pagot, à l’époque l’un des directeurs de l’Accueil Bonneau, qui a accueilli avec grand enthousiasme l’idée de la Pre Filion d’ouvrir une clinique infirmière dans les locaux de son organisme.
Selon Françoise Filion, l’époque actuelle est très prometteuse pour la profession infirmière et pour l’ÉSII. Les infirmières et infirmiers réclament davantage d’autonomie pour innover, ce qui est de bon augure pour le système de santé. « Ce prix fait connaître notre École comme chef de file en soins infirmiers communautaires au Québec », conclut-elle.